Blue (Suite)

Chapitre 17

- Je..Quoi? Comment...Quand?

- Blue..Tu es resté dans le coma pendant près de 8 mois...

Je n'en reviens pas. Je vais être père! Je suis à la fois terrifié, et excité. Mais maintenant que mon père n'est plus, il ne devrait plus rien nous arriver...

- C'est...

Lisant dans mes pensées, elle répond avant même que j'ai finis de parler.

- C'est un petit garçon. Je n'ai pas choisi de prénom encore, je voulais attendre que tu te réveilles, dit-elle dans un sanglot. J'avais tellement peur Blue!

Elle se jette dans mes bras en pleurant. Je la serre contre moi, lui chuchotant des mots doux à l'oreille. Je la berce jusqu'à ce que ses sanglots cessent.

- Dis, Groen et Jessica le savent? , je lui demande.

- Oui, je l'ai annoncé à Jessica en premier, me dit Sarka. Elle a fait un suivi et le bébé se porte bien, il risque même de pointer son nez plus tôt que prévu.

Je n'arrive plus à parler. L'émotion prend le dessus, remplissant mes yeux de larmes de joie. Je place mes mains sur le ventre rebondi de Sarka et je lui souris. Je l'aime tellement! Qui eu crû qu'un amour de jeunesse durerait aussi longtemps? Elle me prend dans ses bras et me serre contre elle. Un toussotement met fin à ce trop court moment de tendresse.

- Blue, on peut te parler? Il y a certaines choses que l'on aimerait savoir, me dit Groen.

- Ouais, ouais, j'arrive, dis-je en fronçant les sourcils.

Je suis mon frère dans le salon. Il n'a pas changé depuis la dernière fois. Jessica est assise sur un canapé, Cléo sur ses genoux. En me voyant, cette dernière me tend les bras en souriant. Je la prends dans mes bras, puis m'asseoie aux côtés de Jessica. Groen s'asseoie en face de nous, puis plante son regard dans le mien.

- Blue...Qu'est-il arrivé avec Maxime?

- Je..euh...

Les regards de tout le monde se braquent sur moi. Ma bouche s'ouvre et se referme plusieurs fois. Des dizaines d'images se bousculent dans ma tête.

- Je l'ai suivi dans le bois, puis dans le village...À un moment je l'ai rattrapé et j'ai commencé à le frapper. J'étais hors de moi, dis-je avec une boule dans la gorge. Puis il a abattu sa hache sur mon épaule. Il m'a dit que..que j'étais pareil que mon père. Il a dit de ne plus jamais se mettre au travers de leur route, à Athéo et lui...Il avait l'air fou, ce n'était pas du tout celui qu'on a connu...Athéo doit l'avoir brisé mentalement ou je ne sais pas...ce n'était pas mon meilleur ami qui m'a fait ça...

Des larmes coulent le long de mes joues. Je ne veux pas l'avouer, mais cette situation me détruit plus que je ne le laisse paraître. Jessica reprend Cléo dans ses bras, et c'est à ce moment que j'éclate en sanglots. Je ne veux pas croire que Maxime soit devenu comme ça. Qu'il soit devenu un acolyte de mon père..devenu si fou..

Je ne l'ai connu que quelques temps, mais il était pour moi l'ami que je n'ai jamais eu auparavant. Je regrette tellement ce qui s'est passé. Depuis l'orphelinat, ma vie n'a été qu'un ramassis de douleur, de colère et de pertes humaines. Je ne veux pas me l'avouer, encore moins l'avouer aux autres, mais tout ça commence à me peser lourd sur les épaules. Je veux paraître fort, pour Sarka, pour Cléo...

Une main se pose sur mon épaule, je sursaute, étant perdu aux tréfonds de mon esprit.

- Blue, calme-toi..., me dit doucement Sarka. Tu trembles..

Je relève la tête et regarde mes mains tremblante. Je prends de grandes respirations afin de me calmer, puis sèche mes larmes. Tout le monde me regarde, leurs yeux brillants d'inquiétude.

- Ça va, ça va, dis-je, la voix encore tremblotante. J'ai seulement peir de ce qui pourrait nous arriver, si jamais...

Jessica, qui n'avait pas dit un mot jusque-là, me coupe la parole, me regardant droit dans les yeux.

- Il ne nous arrivera rien, Blue. Ton père est mort, enfin, il est en toi. Maxime n'arrivera à rien sans son aide. De plus, Athéo te protégera, j'en suis convaincue.

À ce moment précis, une voix que je reconnaîtrais entre mille résonne dans ma tête.

- Mon fils, peu importe où tu seras, he serai là aussi, à tes côtés. Je te prêterai ma force s'il le faut. Je t'ai laissé seul pendant trop d'années, et je le regrette amèrement. À partir d'aujourd'hui, tu ne seras plus jamais seul, je te le promets. Tu es fort Blue, n'oublies pas qui tu es réellement. Je t'aime, fiston.

La voix de mon père disparaît soudainement. Je me remets à pleurer. Cet échange m'a fait le plus grand bien. Une boule de fierté a pris naissance dans mon abdomen. Moi qui rejetait sans cesse cet héritage, cette famille...Je sèche à nouveau mes larmes et souris.

- Oui, il est là, il l'a toujours été.

Quelques heures plus tard, nous sommes réunis dans la salle à manger. Jessica et Sarka cuisinent des pâtes en rigolant, tandis que Groen et moi jouons avec la petite Cléo. En la regardant, je me surprends à imaginer mon enfant au même âge. J'espère qu'il aura les yeux bleus. À cette pensée, je souris et me tourne vers Sarka. Elle est si belle avec son ventre rebondi. Ses cheveux remontés en chignon dégagent son visage d'ange et la rajeunissent. Elle croise mon regard et rougis. Elle me sourit en retour, sourire qui disparaît quelques instants plus tard. Elle se tient le ventre à deux mains en grimaçant de douleur. Je comprends instantanément ce qui se passe.

- Je..Je viens de perdre mes eaux..., souffle-t-elle.

Jessica réagit au quart de tour, bondissant sur ses pieds. Sans un mot, elle se dirige vers l'espèce de chambre d'hôpital qu'elle et Groen ont installée. Je prends alors Sarka dans mes bras, poussé et aidé par l'adrénaline. Je suis de près Jessica. Cette dernière me pointe le lit, je pose Sarka dessus. Ma belle grogne de douleur, ses mèches rebelles collées à son front.

- On va avoir notre bébé Sarka, dis-je en lui serrant la main.

Silencieuse, Jessica s'affaire à nos côtés préparant gants et autres outils dont je préfère ignorer l'utilité. Elle relève son regard vers moi et me dirige la porte du menton.

- Sors, Blue, dit-elle calmement.

- Mais, je...

- Sors.

Groen me prend par les épaules et m'entraîne au salon. Il me force à m'asseoir et me donne un verre d'eau.

- Calme-toi, petit frère. Tout va bien aller. Vous allez l'avoir, votre bébé.

Je ris nerveusement.

- Cette scène me rappelle quelque chose, pas toi?

- Oh oui, dit-il en ricanant. Je ne te remercierai jamais assez.

- C'est rien...on se soutient entre frères non?, dis-je en souriant.

- Oh oui petit frère!, dit-il en m'ébouriffant les cheveux.

Je souris doucement, sourire qui disparaît immédiatement. L'anxiété reprend le dessus et envahit mon esprit. Je me remets à pleurer et à trembler. Et si Sarka ne s'en remettait pas? Et si mon petit garçon ne survit pas? Et si...et si..!!

Des pleurs me font sortir de mes sombres de mes pensées. Je me lève d'un bond, si rapidement que je perds l'équilibre. Groen s'approche de moi pour m'aider à me relever, je le repousse en grognant.

Je débarque dans la pièce comme un boulet de canon. Sarka y est, tout sourire, tenant un petit paquet dans ses bras. De petites flammes blanches illuminent son visage. Je m'approche, le coeur rempli d'appréhension. Un petit garçon aux yeux bleus gigote et pleure dans les bras de ma douce.

Je prends mon fils dans mes bras et toutes mes appréhensions disparaissent pour faire place à une fierté sans borne. Je n'arrive pas à parler, je relève la tête pour regarder Sarka.

Un seul même mot traverse nos lèvres au même moment:

- Athéo..., souffrons-nous ensemble.