Rafaëlla avançait le regard sombre de désespoir en marchant sur l'accotement gauche de la route face aux automobilistes. Elle était encore et toujours plongée dans ses pensées. Elle pensait à ce qui allait lui arriver aujourd'hui.
"-Encore des galères se disait-t-elle."
Elle pensait très fort à sa mère. D'ailleurs,elle gardait toujours sur elle, le pendentif en forme d'ancre que sa mère portait jusqu' à ce qu'elle décède. Il était très fin, en argent. Le mettre lui donnait de la force. Son père n'avait même pas pensé à lui envoyer un message pour lui souhaiter une bonne rentrée. Elle était désemparée depuis la disparition de sa mère, son père s'était considérablement éloignée d'elle. C'était à peine si il lui adressait la parole, un " bonjour " ou " qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui tu as passé une mauvaise journée ?". Elle se demandait pourquoi le ciel lui tombait sur la tête. Qu'avait-t-elle fait pour mériter ceci ?
Ce lundi de septembre, il faisait beau, et Rafaëlla portait sa sacoche beige foncée sur l'épaule, la tête dans les nuages. Elle essayait de comparer les nuages à des objets ... Ca la rassurait et lui permettait d'oublier ce qui allait se passer dans quelques minutes ... Elle arriva enfin face au lycée, ses mains tremblaient, elle ne semblait même plus les maitriser. L'entrée était noire de monde... Elle ne savait pas où se mettre. Les personnes semblaient déjà froides. Les regards étaient durs et dévisageants. La musique qui sortait de ses écouteurs l'apaisait. Elle s'appuya finalement contre les grilles du lycée, loin des fumeurs. Elle détestait l'odeur de la cigarette, ça lui brulait l'estomac, et c'était surtout cette foutue merde qui avait tué sa mère. Elle ne fumait pas mais son mari énormément, il ne passait pas une heure sans fumer. Cela lui permettait disait-t-il à sa mère :
" De se libérer du stress du boulot, de sa foutue de maladie qui l'étouffait de plus en plus, de ses parents qu'ils l'avaient mis en famille d'accueil dès son plus jeune âge et de sa fille qui n'était pas assez bonne élève à ses yeux".
Assez de raisons à l'entendre parler, mais s'il avait moins fumé, sa femme aurait pu tenir quelques mois de plus, voire peut-être quelques années. Rafaëlla lui en voulait terriblement de s'être comporté ainsi avec elle. Etre lâche comme ça. Mais toute fois elle lui était reconnaissante de lui avoir trouvé un chien, pour combattre ses insomnies à répétition. Elle aimait profondément son père, lui qui avait su trouver les mots pour apaiser la douleur de la perte de sa mère. Même s'ils étaient moins fusionnels qu'avant ça ne l'empêchait pas de lui dire ce qu'elle avait sur le cœur quand elle en avait besoin.
Quand la sonnerie du lycée retentit, elle s'avança vers l'épaisse et grande grille qui servait de portail au lycée. Elle avait l'impression d'entrer en prison. Elle regarda le tableau disposé dans la cour du lycée, elle chercha son nom sur les feuilles, parcourut les lignes, et tomba enfin sur son nom. Elle était rassurée d'avoir trouvé son nom parmi toutes ces feuilles.Elle était en seconde C. Elle ne connaissait personne.Un professeur fit l'appel de sa classe, elle s'avança vers lui, et une vingtaine de personnes formèrent un groupe. C'était la seconde C. Leur professeur principal était un professeur d'histoire géographie.
Le groupe s'avança dans le lycée, parcourant les murs grisâtres. Et sales. Ils finirent par prendre un long escalier en colimaçon de couleur rouge. Tout ce monde lui faisait peur. Elle se demandait si elle arriverait à se faire une place parmi tous ces lycéens. Si sociables et si bien habillés.Elle entra dans la classe, se plaça à droite contre le mur, tout devant. Une fille demanda si elle pouvait prendre place à côté d'elle, elle lui répondit d'une voix discrète:
" Oui, vas-y."
Le professeur, Mr Fress, leur demanda de s'asseoir, leur distribua les cahiers de liaison bleu clair, avec écrit dessus le nom du célèbre poète "Victor Hugo". Cette jeune fille assise à côté d'elle était brune, les cheveux très lisses. Elle semblait avoir le look d'une gothique. Son maquillage était très prononcé. Son trait fait à l'eye liner la laissait bouche-bée. Elle portait de lourds bracelets aux extrémités de chacun de ses poignets. Elle avait en guise de collier une chaine en argent épaisse avec au bout une énorme tête de mort. Sur son avant-bras était tatoué " to be free". Rafaëlla était attentive à tous ses moindres faits et gestes. Lorsqu'elle prit le stylo pour écrire son nom et son prénom sur le cahier de liaison elle put lire " Legrand Maëlle".
Le professeur écrit au tableau l'emploi du temps, afin que personne ne se trompe. Rafaëlla fit de même et resta attentive à cette jeune fille, qui semblait l'intriguer de plus en plus.Lorsque la fin de journée approcha, elle prit le chemin du retour, un air de pop sur dans la tête, elle pensait à Maëlle, elle avait envie d'en apprendre plus sur elle. Elle alla promener Jacob comme promis au parc.
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A MEME LE SOL
RomanceRafaëlla, une jeune file de 15 ans, fait sa rentrée au lycée, elle rêve de devenir championne de boxe anglaise , cependant quelque chose la tracasse profondément. Perdue entre rêve et réalité elle doit toutefois retrouver la force d'avancer. Vivant...