Chapitre 8

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Je ne me souvenais plus vraiment des minutes qui avaient suivi. Je savais que Harry m'avait aidée à marcher jusqu'à ma maison, car sans sa présence, je craignais de m'effondrer. Nous étions rentrés chez moi, et comme un robot, je m'étais réfugiée dans ma chambre.

J'avais passé des heures à crier, à pleurer, à tirer sur mes coussins, à fracasser les murs. Harry était resté en bas, et je savais qu'il montait la garde tandis que je vivais mes émotions.

Je me retrouvais maintenant dans mon lit, allongée en train de contempler le plafond. J'avais cessé de pleurer. Je ne pensais pas qu'il puisse rester des larmes dans mon corps. Mon bureau était renversé sur le sol, j'avais balancé ma lampe contre le mur et ça avait créé un gros trou. Mais c'était le moindre de mes soucis.

Elle était partie. Elle était réellement partie. Elle n'allait pas revenir, tout sourire. Elle était mourante, et des infectés ou des humains, qu'importe, avaient profité de mon absence pour me prendre ce qui comptait le plus à mes yeux. J'avais promis de la protéger et j'avais failli à ma tâche. Une seule erreur et ça m'avait couté tout.

J'avais de la difficulté à m'imaginer ne plus jamais la revoir. J'avais passé toute ma vie avec elle, nous nous étions serré les coudes dans les pires moments. Elle était ma meilleure amie, ma confidente. Ma mère. Je me sentais seule, désormais. J'imagine que je l'étais, aussi.

Le soleil commençait à monter dans le ciel quand je me décidais à descendre les marches pour me retrouver au rez-de-chaussée. Harry était assis sur ma chaise dans le salon, en train de regarder l'extérieur, et il tourna sa tête en m'entendant arriver. Il me regarda comme si j'étais un animal sauvage qu'on essayait d'apprivoiser.

Mes yeux étaient secs et certainement rougis, tandis que je croisai faiblement mes bras sur ma poitrine. Je baissai le regard quelques instants avant de le remonter sur Harry.

- Tu devrais partir, chuchotai-je.

Harry se leva de son siège, s'avança lentement vers moi. Ses yeux verts me contemplaient avec une émotion sans pareil à l'intérieur.

- Je... te suis reconnaissante d'être venue avec moi et d'être resté hier tandis que j'étais émotionnellement instable. Merci beaucoup, dis-je de ma voix rauque pour cause d'avoir tant pleuré.

Harry ne disait toujours pas un mot, il ne faisait que me contempler. Ça aurait pu me rendre inconfortable, mais je n'avais pas la force de ressentir d'autres émotions que la tristesse accablante dans mon cœur désormais réduit en miettes.

- Mais je ne peux pas te retenir plus longtemps. Ton groupe a besoin de toi.

Harry ne répondit rien pendant quelques secondes. L'émotion était perceptible dans l'air tandis que j'étais incapable de soutenir son regard. Ses yeux verts me contemplaient avec pitié, et je me rappelais en voyant son regard pourquoi il me contemplait ainsi. Pas que je l'eus oublié. Je ne pourrai oublier sa disparition. Mais ça ne faisait que remuer le couteau dans la plaie fraîchement faite.

- Viens avec moi, chuchota-t-il tout doucement.

Je relâchai l'air que je ne savais pas que je retenais dans mes poumons. Les larmes remontèrent dans mes yeux tandis que je secouai ma tête, essayant de m'en départir. Je ne pensais pas du tout qu'il allait me faire cette requête. J'étais surprise, émue, et partagée.

- Aby, dit-il, et je relevai le regard pour voir que le sien commençait à s'embrumer de larmes aussi.

- Je t'en prie, Aby, je... je ne peux pas te laisser ici. Viens.

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