Chapitre 1

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Je contemplais le coucher du soleil. La couleur orangée du ciel mélangée avec une once de rose et de violet coupa mon souffle. Les couleurs semblaient être faites pour aller ensemble. Elles se mélangeaient tout en étant distinctes. C'était magnifique.

Pour une fois, le ciel n'était pas nuageux, me permettant de voir les couleurs vives prendre possession du ciel. J'étais assise sur la chaise en bois, regardant par la fenêtre du rez-de-chaussée, mon long fusil dans mes mains fermes. Je faisais le guet, mais j'étais aussi là pour regarder le spectacle que le ciel donnait. Je n'étais pas capable de rester avec elle, de la voir dépérir. Mon cœur ne pouvait plus supporter cela. Alors, je me réfugiais ici, prétendant devoir surveiller, ce qui était aussi la vérité. Il fallait surveiller, mais ce n'était pas une nécessité.

Nous étions en sécurité dans la maison familiale, là où j'avais grandi. Toutes les entrées étaient barricadées, impossible d'accès à ceux dont nous ne voulions pas voir.

Une fois que les couleurs eurent désertées le ciel, que les étoiles avaient faites leur apparition dans le ciel noir, je me levai sur mes pieds. Ces derniers chaussés de bottes de combat me portèrent jusque dans notre cuisine. Je jetai au coup d'œil au garde mangé. Il était presque vide. Demain, une visite en ville s'imposait.

J'entendis un fracas à l'étage, et je levai aussitôt le regard sur le plafond. Je me dirigeai en courant vers l'escalier, montai les marches quatre à quatre, et me dirigeai dans la chambre principale. Une silhouette était allongée sur le lit, tournée sur son flanc, son bras allongé vers le sol, là où un verre en mille morceaux reposait.

Ma mère leva un regard rempli de honte sur moi, et je m'approchais avec précaution d'elle.

- Ma chérie, dit-elle de sa voix rauque, se raclant la gorge pour essayant de la rendre plus clair, mais c'était sans succès. J'ai-J'ai simplement voulu prendre le verre d'eau.

Je m'approchais du lit là où elle était allongée, me mis en position accroupie et passai une main dans sa chevelure. Ses cheveux étaient humides, je posai donc ma main sur son front et remarquais qu'il était encore chaud. Sa température n'était pas baissée.

- Je suis désolée, continua-t-elle.

- Ce n'est rien, maman, je vais nettoyer, dis-je avec un faible sourire prenant possession de mes lèvres.

Ça me peinait de la voir dépérir ainsi. Je ne pouvais rien y faire, malheureusement. C'était ainsi. J'avais déjà tout tenté. Il n'y avait pas de remède.

J'eus presque envie de rire. Bien sûr qu'il n'y avait pas de remède. Cette question de remède était d'ailleurs la raison pourquoi nous étions dans cette merde. Pourquoi le monde n'était que chaos. Que sang, douleur, et mort étaient les trois mots d'ordre de notre univers glauque.

- Je reviens avec le balai, dis-je, lui lançant un dernier sourire avant de quitter la chambre.

Par réflexe, mes yeux eurent envies de se remplir de larmes, mais je les ravalai. Il était hors de question que je pleure. Cela ne me servirait à rien.

J'allai dans le placard prendre notre petit balai, et retournais dans la chambre de ma mère. Je me mis à quatre pattes, et je la sentis monter sa main pour me toucher.

- Ne te coupe pas, dit-elle, et j'eus envie de sourire.

Malgré tout, elle agissait toujours comme une mère.

- Je suis une grande fille, maman, lui répondis-je.

Elle sourit faiblement, le plus dont elle était capable, et je ramassai les morceaux de verres. Je les mis dans notre sac nous servant de déchet, puis je descendis au rez-de-chaussée pour lui prendre un autre verre d'eau fraiche. Je remontai la voir, et l'aidai à boire l'eau. Une fois qu'elle eut terminée, je mis le verre sur sa table de chevet, puis repassai une main sur son visage rougi. Elle ferma ses yeux, et je me penchai pour lui embrasser le front.

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