Lycéenne, adolescente en crise, Amanda Blasco cherche par-dessus tout l'attention. Elle envie profondément la vie de ses idoles hollywoodiennes. Populaire, véritable "amie à se faire" dans sa petite ville, fantasme de tous les garçons, la belle Aman...
J'imagine l'intérêt que vous pouvez porter au plafond... Moi non plus, je ne vous cache pas que je me fichais un peu qu'il y ait une tâche ou même une mygale sur ce putain de plafond, et que la seule chose qui suscitait mon intérêt c'était l'attitude de Driss.
Je devais me laisser faire et m'offrir à lui pour qu'un froid ne s'instaure pas entre nous ? Avouez que presque un siècle de combats féministes pour en arriver là, y avait pas de quoi se réjouir... Peut-être qu'il avait simplement oublié que je pouvais aussi parler et penser.
Je partais peut-être un peu loin sachant qu'il était sans doute juste introverti et qu'il ne se livrait pas facilement. Mais bon, sa main qui s'est posée sur mes fesses, elle est pas introvertie elle quand même !
Fidèle à moi-même, je décidai de repasser à l'attaque. Allongé à ma droite, regardant le plafond aussi, il me semblait prêt à parer.
- Te voilà libéré, on va pouvoir écouter de la musique pour célébrer ça, dis-je d'un ton faussement enjoué.
Il me parut plus sérieux tout à coup, comme si je touchais un point sensible. Il ne prit pas la peine de rester sur le ton comique que nous prenions.
-Tu sais, Amanda, tu m'attires et tu m'intéresses beaucoup, vraiment, mais si tu veux qu'il se passe un truc entre nous, il y a des trucs sur moi que tu pourra jamais comprendre et qu'il faudra que t'acceptes, on est pas du même monde et ...
-T'es devenu sociologue depuis qu'on regarde le plafond ?
J'étais passablement irritée. En fait, j'avais horreur des non-dits et des secrets, et par-dessus tout des personnes qui utilisent leur vécu et leur souffrance pour s'élever au-dessus des autres. En plus, on parlait bien d'un rap sur YouTube, pas du génocide de toute sa famille.
-Tu sais très bien ce que je veux dire. Tu vois bien que ça peut difficilement marcher toi et moi...
Ha oui, donc ça y ait, c'est bien un râteau là ? se questionna ma conscience, qui reprenait le dessus sur mes désirs.
Je me mis à voir rouge. Je me levai d'un coup et saisit mon sac dans la volée. Je crois que Driss parlait encore quand je sortis de la chambre, et dans les escaliers je l'ai entendu crier mon nom. Non mais attend, vu l'humiliation que je me suis prise dans la gueule, tu crois pas que je vais revenir juste parce que tu m'appelles ?
J'enrageais, et je fis claquer la porte d'entrée bruyamment en sortant.
Le trajet pour retourner au lycée me parut durer une éternité, et, comble de bonheur, j'arrivai en retard à mon cour de 10 heures. Allez expliquer le mot de retard sur le carnet à vos parents sans vous faire gagner des sermons pendant 3 jours vous...
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