Lycéenne, adolescente en crise, Amanda Blasco cherche par-dessus tout l'attention. Elle envie profondément la vie de ses idoles hollywoodiennes. Populaire, véritable "amie à se faire" dans sa petite ville, fantasme de tous les garçons, la belle Aman...
L'image cruellement satisfaisante de Driss bouche bée trottait encore dans ma tête quand j'avais le téléphone collé à l'oreille, chez moi. Mon rythme cardiaque s'accélérait.
Et si cette histoire de producteur était une blague ? Heureusement que je maîtrisais parfaitement l'anglais, c'était déjà un atout non négligeable pour une française. Et si cet appel allait déjà constituer un test ? Oh mon dieu, au téléphone j'ai l'air d'être une gamine de 5 ans, il va croire à un canular, m'imaginais-je.
- Monsieur Blawin de Cash Records à l'appareil, j'écoute.
Le son de sa voix mit fin à toutes mes hésitations.
- Bonjour, je suis Amanda Blasco, enchantée, vous aviez...
-Oh, Amanda ! C'est un honneur, vous avez donc réfléchi à notre proposition, me coupa-t-il. Je ne vais pas vous mentir, nous aimerions au plus vite créer un clip et publier votre chanson sur notre plateforme, et dans un cadre de protection des intérêts de nos clients, nous couvons bien sûr nos nouveaux talents... Enfin, nous verrons nos propositions financières et votre prospection en tant qu'artiste sur place. Vous êtes libre de vendredi à dimanche ?
Cet homme était un vrai bout d'entrain. On sentait qu'il n'en était pas à sa première démarche avec un artiste. Son accent typiquement anglais avait un côté raffiné.
- Euh oui, mais... balbutiai-je, avant de me faire à nouveau couper la parole.
-Eh bien, c'est excellent ! Pouvez-vous simplement me donner le prénom et le nom de votre accompagnateur pour le billet d'avion, ainsi que votre adresse pour le taxi et votre e-mail pour que la secrétaire vous recontacte je vous prie ?
Je perdais tous mes moyens, sa prestance m'écrasait littéralement, même dans une conversation téléphonique. Je lui donnais une réponse totalement désordonnée avec un ton monocorde ponctué de "euh" qui devait être tout à fait inaudible.
- Parfait, c'est noté ! Nous nous voyons à Londres vendredi soir dans ce cas.
Je n'eus même pas le temps de le saluer que j'étais déjà seule au bout de la ligne. C'est pas comme si j'avais préparé tout un speech pendant une heure ! Il me restait plus qu'à faire mes bagages pour mon romance trip et je n'avais pas bougé le petit doigt.
Enfin, "plus qu'à" était une bien grande expression. Ce soir, j'allais devoir affronter le conseil parental et la réprobation de ma satanée sœur pour leur demander d'aller passer un week-end chez Driss. Et puis merde, je suis majeure à la fin.
D'autant plus que l'accord de mes parents était le cadet de mes soucis, Driss allait partir avec moi ! Nous allions passer 3 jours à Londres ensemble ! Mais n'était-ce pas un peu trop précipité ? Et comment allait-on expliquer à tout le monde le fait que Driss prenne ses affaires et parte avec moi en sortant du lycée ? Allait-on mettre en place un plan ? Je dois avouer que j'étais follement excitée, ma vie prenait un tournant croustillant. Le reste de la semaine passa avec une vitesse sidérante.
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