Chapitre 7

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Le lendemain, à la même heure, j'étais encore chez le petit Guillaume, tout content de me montrer son instrumentale et je lui donnai mes 2 derniers couplets, plus centrés sur mon histoire avec Driss. Nous avons passé plusieurs heures à peaufiner quelques petites choses au niveau musical, des paroles que je pouvais contracter. 

Vers 23 heures, nous écoutions la version définitive de mon rap. Je fus étonnée du rythme et de son côté terriblement entraînant. Je vous l'avoue, j'étais vraiment fière. 

Il nous restait à parler de la publication de la vidéo, j'avais un peu peur que tout le lycée écoute ce que j'ai fait, mon but c'était piquer Driss, pas me prendre la honte ! Alors nous avons conclu d'un commun accord que je publierai le son depuis une plateforme YouTube nommée "Whiteness" que j'allais créer et que Guillaume le partagerai et le revendiquerai sur sa propre chaîne YouTube comme l'une de ses instrumentales. Avec une centaine d'abonnés, je me disais que c'était l'idéal pour toucher Driss sans trop de dommages collatéraux. Mais je ne devais surtout pas fuiter ! Jade, t'as pas intérêt à le découvrir ou je t'arrache la langue et je te la fais bouffer. 

Alors me voilà, Dimanche, à 20 heures, depuis mon petit pc rose à cliquer sur publier. Guillaume, à peine 5 minutes plus tard, partageai la vidéo. 

J'étais littéralement plantée devant mon ordinateur, à l'affut du moindre commentaire ou de la moindre vue de ma vidéo (avec une simple image d'un loup blanc d'ailleurs),  et je me rendis compte qu'il valait mieux que je m'intéresse à autre chose durant la soirée. A quoi ça servait de se stresser en attendant que Driss voit ça ? C'est quand même sacrément addictif YouTube ! Heureusement, les marseillais avaient préparé de nouvelles vacances à la télé spécialement pour me changer les idées.

Lundi matin, j'étais de nouveau avec mon groupe de copains à flâner une clope au bec devant le portail, rien ne semblait avoir changé. Driss était toujours en retard et j'avais toujours autant envie de tuer ma sœur. Tout allait bien. Et une demie portion nommée Guillaume me sauta dessus sous le regard moqueur de mon groupe.

- Camille, tout le monde veut te contacter ! Tu as déjà fait 20000 vues tu te rends compte ?

Je sentais que mes amis réagissaient bizarrement et chuchotaient. Alors ça non, je vais pas devenir votre risée. Je pris Guillaume par l'épaule et nous nous écartâmes. J'eus l'impression une seconde d'être sa mère.

- Dis-moi tout maintenant, c'est quoi cette histoire ? m'inquiétai-je.

- Tu vas percer Amanda, 20000 vues en 12 heures alors que tu avais aucun abonné ! Plusieurs producteurs anglophones veulent t'avoir au téléphone. J'ai donné ton numéro au plus gros, basé à Londres. 

- Mais c'est une blague ! Je m'en fous de ton producteur...

Je rigolais nerveusement quand Guillaume m'attrapa à son tour le bras et reprit calmement. Il ne m'avait jamais paru aussi mignon et attirant.

- Je pense pas que tu réalises Amanda. Avec un producteur comme Cash Records, on parle d'un contrat à plusieurs milliers d'euros. Ils veulent se faire de l'argent et gagner du prestige sur le succès qu'ils te prévoient, c'est sérieux. Il y a de nombreuses personnes chargées de repérer des talents sur YouTube, ne loupe pas le coche. 

- Mais t'es barjot ! rétorquai-je, un peu perdue, chancelant entre amusement et doute. J'en ai rien à foutre de ton producteur de je sais pas quoi.

- Alors t'es pas seulement complètement superficielle, mais aussi débile, je pensais pas. 

Guillaume me laissa là, juste devant le portail, alors que mes copains m'espionnaient. 

J'hésitais entre la fureur et la tristesse... Alors il avait remarqué que je n'aimais pas me montrer en sa compagnie. Mais il avait osé m'abandonner comme un vieux sac ? 

En retournant au sein de ma petite bande, Marc, la plus grande gueule du groupe, ne me loupa pas.

-Alors la youtubeuse ?

Leurs rires moqueurs et leur regard supérieur traduisaient un terrible mauvais esprit. Déjà blessée par l'attitude de la petite crotte, un nouveau spasme me prit. Comme une crise d'asthme gagne l'asthmatique. Une claque à renverser un arbre vint s'écraser sur la sale gueule de Marc. Je partis juste après. Un silence gagna le groupe.

Un peu plus loin, j'entendis un "elle veut quoi cette salope" qui venait de Marc, encore une main sur la joue. Ce que ça détend !

Dans le parc où nous étions allés avec Driss, je sortis mon portable pour voir ce qu'il en était

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Dans le parc où nous étions allés avec Driss, je sortis mon portable pour voir ce qu'il en était. Un message reçu à 7:15, écrit en anglais. 

"Bonjour,

Vous avez été repérée par l'un de nos agents sur la plateforme YouTube. Notre maison de production, Cash records, se plaît à repérer toujours plus de nouveaux talents de tout milieu. Si vous êtes intéressée, je recevrai avec plaisir votre appel pour convenir d'une date de voyage à Londres. Tous frais payés pour vous ainsi que l'un de vos proches, il va de soi.

Avec toute ma considération,

James Blawin,

Prospecteur de Cash Records".

Alors que je me remettais de ma stupéfaction lentement, un bruit de pas derrière moi vint briser mon intimité.

- Alors comme ça, t'es un puit à fric ?

Sa voix semblait amusée, mais j'eus un pincement au cœur. 






Dans la peau d'une divaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant