La journée s'écoula ensuite avec une lenteur mortelle, la contrariété me rongeait. Mon esprit ressassait le moment où Driss m'a dit que ça ne pouvait pas marcher entre nous. J'ai décidé de n'en parler à personne, de garder ça pour moi, j'avais le sentiment d'être la seule à vraiment pouvoir saisir la situation. Et puis j'avais pas spécialement envie de ramasser des conseils bateaux du style "fuis avant de t'attacher", "fais-le ramer et vois s'il tient à toi".
D'autant plus que les plus mal lotis étaient souvent ceux qui se permettaient le plus de te faire une dissertation sur le comportement que tu devrais avoir.
Moi, pour ma dernière rupture, c'était Léa, néant amoureux depuis maintenant un an, et Sam, relation à adultère régulier, qui m'avaient dit ce que je devais faire. Crédibles ou pas, je les avais écouté, et mon statut de célibataire répondait de lui-même sur l'efficacité de leurs recommandations.
Pour une fois, j'avais envie de rentrer chez moi. A 16h30, je me ruais presque pour entrer dans mon bus. J'avais envie d'être dans ma chambre, dans mon cocon, pour pouvoir m'allonger et réfléchir sur la situation.
Je regardais le paysage défiler jusqu'à chez moi, Ain't My Fault à fond dans les oreilles, avec une petite touche de mélancolie. Mon cœur semblait me rappeler l'époque où j'étais folle amoureuse d'un homme et qu'il me le rendait, où j'avais une relation saine et réciproque. C'est vrai, je t'ai malmené ces derniers temps mon vieux.
J'eus l'impression que j'allais jamais descendre de ce bus. Alrick, à côté de moi, voyait qu'il se passait quelque chose, nous qui d'habitude nous racontions toujours notre journée. Mais il avait l'immense décence, contrairement à la plupart des gens que j'avais vu durant l'après-midi, de fermer son clapet et d'attendre que je veuille en parler. Il se leva pour me laisser sortir à mon arrêt, je lui fis une bise et utilisai mes dernières ressources pour lui adresser un sourire.
- A demain mon Alrick.
Je ressentais le besoin de me faire pardonner, j'avais horreur des personnes qui faisaient payer à tout le monde leurs déboires personnels. Je trouvais ça égoïste de s'énerver sur les autres ou de faire la gueule toute la journée devant des personnes qui n'ont rien à voir avec notre mal être.
Personne n'était encore à la maison, dieu merci. Alors je sortis mes clés et courut jusque dans ma chambre. Je fermai la porte derrière moi et sautai sur mon lit. Enfin du réconfort ! Une consolation d'environ 15 secondes, puisque quand je sortis mon portable de ma poche je vis que Driss m'avait envoyé un message dans le bus. Je tremblais presque. Je pris une grande respiration avant de l'ouvrir.
"Coucou Amanda je voulais te dire que tout à l'heure j'ai été maladroit et je m'en excuse. Ce que je voulais te dire c'est que j'ai peur qu'on soit pas du tout pareils, qu'on ait pas les mêmes centres d'intérêt et surtout que tu puisses pas me comprendre, personne le peut".
Il suffisait d'une trentaine de mots pour détruire toutes les forteresses que j'avais bâti cet après-midi. Mes préceptes "oublie-le" et "tu n'as pas besoin de lui" venaient de se faire renverser.
Je savais exactement quoi répondre, mais je pris le temps de réfléchir, stressée. Après avoir perdu 5 minutes, je décidai de laisser parler, comme toujours, mon for intérieur, mon vrai ressenti. Mes doigts écrivaient presque sans aide neuronale.
"Si tu supportes pas les gens différents ça ne sert à rien de venir leur parler. Si par contre tu veux essayer et lui laisser une chance de te comprendre, la fille sans problème et en pleine crise d'ado la saisira".
Pas mal, mes nerfs étaient parfois de bons inspirants. J'avais besoin de me détendre et de me vider la tête, alors je posais mon portable et me mis à regarder des clips sur mon pc, même si mes pensées continuaient d'aller ailleurs.

VOUS LISEZ
Dans la peau d'une diva
RomanceLycéenne, adolescente en crise, Amanda Blasco cherche par-dessus tout l'attention. Elle envie profondément la vie de ses idoles hollywoodiennes. Populaire, véritable "amie à se faire" dans sa petite ville, fantasme de tous les garçons, la belle Aman...