DARK LOVERS : un amour interdit

CHAPITRE 8

Ceux qui tombent entraînent souvent dans leur chute ceux qui se portent à leur secours.

Stefan Zweig (auteur autrichien, 1881-1942)

Chiara

— Va-t'en, Nathan ! Tu es pitoyable.

Ce disant, je plaque mes mains sur son torse et j'essaie sans succès de le repousser. Il lâche alors mes avant-bras pour me saisir les poignets. Et il les serre avec une force surprenante pour quelqu'un d'aussi éméché que lui. Ses yeux sombres lancent des flammes sinistres. Malgré la peur qu'il m'inspire, je m'oblige à soutenir son regard. Je sens bien qu'il aura le dessus sur moi. Sa colère est trop vive pour ne pas l'entraîner dans la spirale de la violence.

— Tu l'aimais ? ricane-t-il méchamment. Moins de trois jours avant que Liam annonce vos fiançailles, tu étais encore en train d'allumer tous les mecs de ton entourage. Moi compris !

— Tu prends tes rêves pour des réalités, mon pauvre Nathan !

— Tu me traites de menteur, maintenant ? gronde-t-il, tout en me pressant un peu plus fortement contre le mur.

Il accompagne ses paroles menaçantes d'un puissant coup de reins, de sorte que je comprends immédiatement quel sort il me réserve. Je ne le laisserai pas agir avec moi comme il l'a fait avec Marie. Sans mon intervention, il l'aurait violée. Ils ont beau être amants, elle n'était pas consentante. Quoique terrifiée à l'idée de finir comme elle, je trouve le courage de lui cracher au visage. Car contrairement à Marie, personne ne viendra me sauver. Je ne peux compter que sur moi.

La réaction de Nathan ne se fait pas attendre. Réunissant mes poignets dans une seule de ses mains, il me gifle. Pour ce faire, il est contraint de se reculer légèrement. Ignorant la brûlure sur ma joue, je lui enfonce mon genou dans l'entrejambe, ce qui le force à desserrer son étreinte. Il émet une sorte de grognement sauvage, qui m'incite à me rebeller. Sans lui laisser le temps de la réflexion, je pivote d'un quart de tour et lui envoie mon coude dans le nez. Il me relâche pour plaquer ses mains sur son visage. Je ne fais ni une ni deux. Avant qu'il ait pu se ressaisir, je le repousse de toutes mes forces et lui donne un autre coup de genou dans l'entrejambe. Profitant de ce qu'il s'est recroquevillé à terre, je sors de la chambre.

— Salope ! me crie-t-il, fou de rage.

Rien à foutre de ses insultes ! Une fois dans le couloir, je me mets à courir, courir. Mon cœur bat à tout rompre. Mes jambes flageolent. Néanmoins, je tiens bon. Va-t-il me prendre en chasse ? J'obtiens ma réponse lorsque après avoir tourné l'angle d'un mur, j'entends des claquements saccadés résonner sur le parquet. Il me poursuit. Mais je connais ce manoir comme ma poche. Il est truffé de passages secrets. Si je réussis à rejoindre l'un d'eux, je serai sauvée. Il me suffira de m'y introduire subrepticement. Je pense posséder assez d'avance sur Nathan pour y arriver. Ensuite, je gagnerai les anciennes écuries où est garée ma voiture. Et j'irai me réfugier chez Sandro.

— Reviens ! me crie encore mon beau-frère, toujours à mes trousses. Je ne te ferai aucun mal.

S'il s'imagine que je vais le croire ! Je jette un regard en arrière et je l'aperçois, le poing levé. Il boîte. C'est pour cette raison que je parviens à le maintenir à distance. Ses yeux brillent d'une lueur diabolique. La peur au ventre, je tourne à gauche dans une nouvelle portion de couloir et repère un peu plus loin une tenture rouge qui habille le mur. La voilà, mon issue de secours !

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