Loin des soirées de beuveries et des lendemains où il m'arrivait de me réveiller aux côtés d'un bellâtre rencontré par hasard, la réalité était parfois bien plus morne, voire même, abrutissante.
Tous les matins se ressemblaient. Je me préparais pour aller au travail, je me rendais à l'usine après avoir pris le métro en pleine heure de pointe, je remplissais quelques tâches avant d'aller en pause déjeuner, je reprenais mon travail pendant plusieurs heures, une pause, et je pouvais finalement rentrer chez moi.
Comme beaucoup, je n'avais pas un travail qui me plaisait. Il me permettait uniquement de me nourrir et payer les factures. Quant à mes collègues, certains étaient plutôt agréables tandis que d'autres étaient de vraies ordures. Il n'y avait pas de quoi s'extasier. Pas même le quartier où je résidais n'avait quoi que ce soit d'exceptionnel, si ce n'est un cadre bucolique et une sérénité des plus appréciables.
J'habitais un petit appartement qui avait un charme d'un autre temps. Un léger rafraîchissement serait à considérer, il est vrai, notamment en vue des murs noircis par la pollution et du revêtement des fenêtres qui craquelait de toute part. La porte d'entrée grinçait aussi, à en réveiller les morts. Certains carreaux de carrelage posés au sol du hall d'entrée étaient brisés. Le vieil escalier en bois était gondolant. Malgré tout, je m'y sentais chez moi.
C'était certes très modeste et je connaissais à peine mes voisins, mais je m'y sentais bien. Il y faisait bon vivre. Et quand l'envie de me laisser aller aux folies qu'offraient les bars à la tombée de la nuit ne me prenait pas, j'aimais me réfugier dans une petite pièce, pas plus grande qu'un cagibi, qui regorgeait de livres en tous genres.
Je pouvais y passer des heures à parcourir des ouvrages qui s'entassaient en piles derrière un vieux fauteuil qui avait dû appartenir à l'une de mes tantes. Tout moyen était bon pour m'enfuir de cette routine dans laquelle je me sentais parfois prisonnier.
Vivre seul, en revanche, ne me dérangeait pas plus que cela. Mes parents s'en préoccupaient bien plus que moi. Mon homosexualité ne posait plus tant problème. Ils avaient fini par se faire à l'idée que je n'aurais pas d'enfant. Ils craignaient seulement que j'eusse à finir mes jours sans avoir quelqu'un à mes côtés. Moi, ça m'était égal.
Toutefois, valait mieux éviter le sujet lors des repas de famille si nous ne voulions pas tomber dans un débat sans fin. De toute évidence, je finissais toujours par avoir le dernier mot : je menais ma vie comme je l'entendais, que cela plût ou non. Les discussions se faisaient donc plutôt autour de l'actualité, la politique ou encore la religion, quand certains ne déblatéraient pas sur les ragots de voisinage, et c'était très bien comme ça.
Vendredi soir. J'étais épuisé. La semaine avait été éprouvante. Cela dit, il n'en fut pas une raison suffisante pour ne pas me réjouir du week-end en allant prendre un verre au bar. Je comptais rentrer seul, ce soir. J'avais pensé bon de me contenter d'un simple moment, à échanger quelques mots avec les barmen, mais ces derniers étaient occupés à servir de nombreux clients.
Le regard tourné vers la foule, je zieutais les plus audacieux se trémousser sur la piste alors que je buvais une bière au goulot. C'est alors que je remarquai un phénomène étrange : un attroupement, autour d'un seul homme. Un homme qui ne devait plus avoir toute sa tête. Cela ne me disait rien qui vaille. Je n'aimais pas me mêler à ce qui ne me regardait pas, mais c'était avant de me rendre compte que celui qui se trouvait au centre de l'attention générale n'était autre que celui que j'avais rencontré l'autre soir.
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𝐥𝐨𝐬𝐭 𝑠𝑢𝑘𝑜𝑜𝑘
Fanfiction« Donc, si je résume la situation, à seulement vingt-sept ans, tu vis avec la femme avec qui tu as eu une fille, tu es bientôt le directeur d'une grande entreprise, et malgré tout, tu ne penses pas avoir mieux à faire que de te laisser entraîner dan...