𝐥𝐨𝐬𝐭 𝑠𝑢𝑘𝑜𝑜𝑘

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓

Jungkook avait réservé un restaurant. Il y avait tenu, dur comme fer, et m'avait promis de ne pas rentrer trop tard ce soir-là. Seulement, j'étais conscient que ce n'était pas quelque chose qui fît partie de son vocabulaire, et à l'heure où nous avions prévu de nous retrouver, Jungkook n'était pas encore rentré.

J'avais eu le temps de me doucher, de m'habiller, de me coiffer, de me parfumer, puis je m'étais installé au mini bar de la cuisine et y dégustais un thé en patientant.

Jungkook était arrivé avec une heure de retard. Il devait en être profondément conscient. En vue de son allure piteuse, il avait dû courir sous la pluie et avait monté les escaliers quatre à quatre. Il était tout essoufflé et déçu de lui-même de ne pas avoir su faire l'effort qu'il m'avait pourtant promis.

— Je suis désolé, Yoongi. Je suis en retard.

Devant sa figure inquiète, je m'étais levé, et son visage fut éclairé par une étincelle de surprise, quand il me vit ainsi vêtu d'une chemise noire et d'un pantalon foncé cintré à la taille. Je m'étais avancé jusqu'à lui, lui fis un petit sourire et lui caressai sa joue qui était toute humide.

— Ce n'est pas grave, chuchotai-je.

— Tu, hésita-t-il. Tu es très élégant, ce soir.

— Merci.

— On n'avait pas dit que l'on ferait simple ?

— Tu préfères que j'aille enfiler l'un de mes vieux joggings ?

— Non, rit-il. Tu es très beau comme ça.

Attendri, je pris son visage en coupe et l'embrassai.

— Pars vite te changer, lui murmurai-je.

— Je crains que l'on nous refuse l'entrée en vue de l'heure qu'il est.

— Je les ai déjà prévenus. Ne t'en fais pas. Tu as encore le temps, mais ne traînes pas trop.

— Tu es le meilleur, Yoongi.

— Je sais.

Jungkook fronça le nez et étouffa un rire en raison d'un faux manque de modestie venant de ma part. Et dans la précipitation, il m'accorda un baiser et courut jusqu'à la salle de bain où il se sécha et se prépara à toute vitesse.

Finalement, il se présenta devant moi accoutré de l'un de ses nombreux costards légers et d'une veste à carreaux beige qui pendait à son avant-bras.

Sans plus tarder, nous avions quitté l'appartement et avions pris la route vers le restaurant. Une fois sur place, une serveuse nous prit en charge et nous fit nous asseoir à une table pour deux personnes, ornée d'une nappe blanche et d'une vaisselle flambant neuve.

— Je crois qu'il était moins une avant que l'on ne se fasse refuser l'entrée, commenta Jungkook.

— Tu crois ?

Jungkook soupira longuement.

— Je suis désolé. Vraiment, j'aurais voulu quitter le travail plus tôt, mais j'étais avec des clients qui m'ont tenu la jambe pendant...

— Ça ne fait rien, Jungkook, le coupai-je. Je comprends. Sincèrement.

— Excuse-moi, je...

— Arrête de te fondre en excuses. Et profite.

Jungkook hocha la tête. Il avait compris le message.

— Alors ? enchaînai-je. Que veux-tu savoir ?

— Qu'est-ce que...

— Eh bien quoi ? Tu voulais en apprendre plus sur moi, non ? C'est pour ça que l'on est ici il me semble.