Les cheveux de Jungkook avaient eu le temps de sécher, mais les larmes bordaient toujours ses yeux. Il avait cet air abattu. Un peu de compagnie et de chaleur n'allaient sans doute pas lui faire de mal même s'il se trouvait désormais séparé de ses proches.
— Tu as dîné ? m'enquis-je. Tu veux manger quelque chose ?
— C'est gentil, déclina-t-il, mais toutes ces histoires m'ont coupé l'appétit.
— Tu ne tiendras pas longtemps avec l'estomac vide.
— C'est le cadet de mes soucis.
— Dis pas ça, soufflai-je. Je suis sûr qu'un bon repas chaud te ferait le plus grand bien.
Avant même qu'il ne pût me dire quoi que ce soit, je me levai, bien décidé à lui faire retrouver ses forces. Je m'étais mis derrière les fourneaux. En attendant, j'avais indiqué à Jungkook la salle de bain où il se permit une douche.
Il avait enfilé mes vêtements. Un pyjama qui avec le temps m'était devenu trop petit. Mis à part ses chevilles qui dépassaient du pantalon, il lui seyait plutôt bien. Quelque peu revigoré par la chaleur qui avait redonné vie à son visage, il fut ensuite attiré par les effluves du repas que je venais de préparer.
— Je n'aurais jamais cru que tu savais cuisiner, me lança-t-il.
— Tu dois certainement être habitué à mieux, m'excusai-je. J'ai à peine quelques connaissances en la matière pour m'éviter de mourir de faim.
— Crois-le ou non, mais je suis bien plus habitué aux sandwichs ou aux salades à emporter plutôt qu'aux repas de ma femme ou ceux de grands restaurants. Ce que tu nous as fait là fera amplement l'affaire.
— Ravi de l'entendre.
Nous avions dîné en silence. Ce fut un peu lourd, un peu étrange. Jungkook avait l'estomac noué. C'était à peine s'il avait touché son assiette. Au moins, il dormirait au chaud cette nuit.
Après le dîner, j'étais allé chercher des draps propres et j'avais déplié le canapé. J'avais préparé son couchage. Il était allé s'allonger tandis que j'étais parti prendre une douche.
J'avais enfilé un jogging et un t-shirt noirs. Dans le miroir, ma mine était fatiguée. Mes cheveux blonds étaient en train de se décolorer. Mes préoccupations avaient eu raison de moi.
En sortant de la salle de bain, j'aperçus la lumière toujours allumée dans le séjour. Jungkook veillait, assis au bord du canapé. Je m'étais avancé discrètement et j'avais zieuté par-dessus son épaule. Il tenait son téléphone entre les mains et regardait des photos de sa fille.
— Tu ne dors pas ? demandai-je à voix basse.
Jungkook s'effraya. Semblait-il ne pas m'avoir entendu m'approcher.
— Désolé, prononçai-je doucement. Je ne pensais pas te surprendre.
— Ça ne fait rien, se reprit-il. Je ne t'ai pas entendu arriver.
Jungkook rangea son téléphone portable dans sa poche, puis il se tourna pour s'adresser à moi, yeux dans les yeux.
— Je n'ai pas sommeil, m'avoua-t-il. S'il ne pleuvait pas des cordes, je serais certainement en train de boire un verre dans un bar à l'heure qu'il est.
— Ça peut s'arranger.
— Je ne voudrais pas abuser de ton hospitalité.
— À vrai dire, un petit remontant ne me ferait pas de mal. Tu te joins à moi ?
Jungkook haussa les épaules.
— Pourquoi pas.
Ainsi, je me dirigeai au minibar qui se trouvait dans un coin du salon. J'y dénichai une bouteille entamée et nous servis deux verres que je vins finalement déposer sur la table basse. Nous nous étions resservis plus d'une fois.
Poussé par l'alcool, Jungkook m'avait fait part de ses craintes. Il m'avait dit avoir peur de perdre ses proches, en dépit de ses choix et d'un bonheur qu'il n'avait su que désirer depuis la naissance de sa fille. Ses souhaits les plus chers n'avaient jamais réellement été exaucés. L'accablement hantait ses pensées les plus profondes.
J'aurais aimé l'aider, pour sûr. Seulement, j'avais déjà fait suffisamment de mal comme ça. Je n'étais peut-être pas de si bon conseil. Je n'étais pas certain non plus de parvenir à lui remonter le moral comme il se doit.
La folie nous avait noyés. Nous n'étions plus bien sûrs de nos gestes, ni de nos paroles. Pire encore, les lèvres brûlantes de Jungkook s'étaient hasardées dangereusement, portant le désir de frôler les miennes. C'est alors que je le stoppai.
— Ne fais pas ça.
— J'ai envie de toi, chuchota-t-il. J'ai tellement envie de toi.
Sa voix était presque plaintive. Ses pensées bouleversées. La déraison seule maître de ses idées troublées par les remous des épreuves qu'il avait tant peur d'affronter.
— Tu es marié, Jungkook, contestai-je.
— Je l'étais aussi les premières fois qu'on l'a fait.
— Je n'étais pas au courant.
— Et qu'est-ce que cela change fondamentalement ?
— Tu étais le seul responsable de ta ruine. Plus maintenant. Alors, n'aggravons pas les choses, tu veux.
Jungkook laissa retomber ses paupières et soupira en se léchant amèrement les lèvres pour en balayer toute sa frustration.
— Je te demanderais de ne pas m'impliquer là-dedans, poursuivis-je.
Malgré mes protestations, Jungkook s'entêta. Sa posture se fit plus droite, plus imposante. Il me dépassait de plusieurs centimètres. Il cherchait à avoir l'avantage sur moi. L'une de ses mains se posa sur ma cuisse. Son regard était foudroyant.
— S'il te plaît, m'implora-t-il. Rien qu'une fois.
Ses lèvres se déposèrent sur les miennes avant même que je ne donnasse ma réponse. Ses baisers furent atrocement chauds, suffocants. Dans mon cou, ils nouèrent ma gorge de regrets. Mon cœur battait douloureusement dans ma poitrine, mais ma raison s'était déjà enfuie, abandonnée dans le salon tandis que nos jambes s'étaient animées jusque dans ma chambre. Jungkook était pressé, brute, animal.
— Jungkook, l'avertis-je fermement.
Rien n'y fit. Jungkook était devenu sans limite. Il ne pensait plus qu'à sa satisfaction propre. Mon corps croulait sous le brasier de sa lascivité.
— Jungkook, arrête ! grondai-je. Tu me fais mal !
Mes geignements demeuraient crispés. Ma voix se brisait sous ses halètements bestiaux, mais cela n'avait pas eu l'air de l'alerter. Jungkook avait rencontré ses démons les plus malveillants, ce soir-là. J'avais demeuré le seul à pouvoir l'en libérer.
— Jungkook, s'il te plaît ! Arrête !
Soudain, de par mes cris, il revint à lui. Il cessa tout, s'excusa, les larmes aux yeux. Il avait trop bu. Il me l'avait dit. Il se l'était reproché. Il avait eu honte.
J'avais ressenti une grande peine, mais aussi du soulagement. Il était revenu à lui. Je le reconnaissais, ce bel inconnu. Cet inconnu qui fondait à la moindre de mes caresses.
Il m'avait laissé l'embrasser, être tendre. Tous tremblants, confus, abrupts, maladroits. Je l'avais pris dans les bras et je lui avais fait l'amour selon mon entendement. Il avait fondu de plaisir. Il avait même pleuré. J'en fus d'abord effrayé, mais il s'était endormi dans mes bras parfaitement détendu, comme si plus rien ne pouvait le préoccuper.
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𝐥𝐨𝐬𝐭 𝑠𝑢𝑘𝑜𝑜𝑘
Fanfic« Donc, si je résume la situation, à seulement vingt-sept ans, tu vis avec la femme avec qui tu as eu une fille, tu es bientôt le directeur d'une grande entreprise, et malgré tout, tu ne penses pas avoir mieux à faire que de te laisser entraîner dan...