Samedi 15 décembre.
On se voit cet après-midi. Chez lui. Avertir ma mère fut très gênant. Je suis transparent. Autrement dit, cacher mes émotions relève de l'exploit pour moi. Tout comme garder mon sérieux dans les situations le nécessitant... Tout simplement hors de mes cordes. Et ce n'est pas faute d'essayer. Mais à force, s'arracher les lèvres par en dedans, ou même les joues, n'est pas un moyen très agréable.
Du coup, essayer de cacher mon sourire très peu subtil à ma mère fut au-dessus de mes forces. Heureusement pour moi, elle n'était pas très concentrée sur ce que j'avais à dire.
Je passe quinze minutes devant mon armoire à fixer mes vêtements. Vraiment ? J'en suis à ce point ? Eh bah ouais. J'attrape un jeans et un chandail à manches longues de style baseball : blanc au corps et bleu marin au niveau des manches. Ça fera l'affaire. Et puis, ce n'est qu'un rendez-vous d'étude, pas vrai ? Bien sûr.
Je mange calmement, ne voulant pas me retrouver avec un malaise chez un mec que je connais à peine et chez qui je vais pour la première fois. Je me brosse ensuite les dents, passe une main dans mes cheveux, essayant de les placer du mieux possible - alors que dans trente secondes j'aurai un bonnet sur la tête - puis attrape mon sac contenant le plus important : mon ordinateur. Je démarre ma voiture et me mets en route vers l'adresse que Chris m'a indiquée. Je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation et je stresse à mort. Mes mains sont crispées autour du volant, ma mâchoire me supplie d'arrêter de serrer les dents si fort et ma tête me crie de me calmer alors que mon corps fait tout son possible pour me faire croire le contraire.
J'arrive devant la maison après dix minutes seulement. Je me stationne dans son entrée, essayant d'être le moins nuisible possible. J'attrape mon sac que je passe en bandoulière sur mon épaule et me dirige vers la porte. Je prends une grande inspiration. Je n'ai point le temps de toquer que la porte s'ouvre au-devant de moi. Chris, sourire au visage, me salue et m'incite à entrer, refermant la porte derrière moi, laissant ce froid polaire dehors. Bordel qu'il fait froid dans ce pays !
Je sens des yeux curieux se tourner vers moi alors que je pose mon sac par terre pour me défaire de mon manteau, de mon bonnet et de mes souliers. Je vais devoir penser à m'acheter des bottillons ou du moins des souliers plus chauds ! Je ne sens plus mes orteils ! Je lève mon regard et aperçois une femme dans la cuisine. Ça doit être sa mère. Elle vient à moi. Je me présente, elle fait de même, m'indiquant qu'elle sait bien qui je suis. Je lance un regard vers Chris, qui s'attarde à trouver un endroit où placer mon manteau. Le petit malin.
Sa mère nous laisse, Chris m'entraîne au salon. La maison semble vide, en dehors de sa mère qui vient de monter à l'étage. Chris m'explique que son père a amené son frère voir un match afin que nous puissions être tranquilles pour réviser. Astucieux. Je lui en fais part, il sourit.
J'allume mon ordinateur que je pose sur mes genoux. Je suis installé dans un fauteuil des plus confortables et Chris se trouve à ma droite, sur le canapé. Que l'étude commence !
En enlevant les deux chapitres non importants pour l'examen, il en reste huit. Entre chaque chapitre, nous prenons une pause. Pause qui consiste à se rendre à la cuisine pour boire un peu, se dégourdir les jambes, rigoler un peu pour des trucs complètement insignifiants et retourner au salon. À la fin de l'après-midi, le père de Chris et son frère rentrent. Ils nous trouvent affalés sur le divan, complètement découragés de la vie. J'ai effectivement changé de place à un moment afin de pouvoir partager mes notes avec Chris. La position « côte à côte » était donc plus pratique.
Sa mère nous rejoint et me propose de rester à dîner. J'accepte. J'envoie un message à mon frère pour qu'il avertisse ma mère de ce changement de plan. Et surtout pour qu'elle ne panique pas en s'imaginant que j'ai eu un accident ou que j'ai été kidnappé. Je souris à Chris, il me sourit. Nous sommes contents.
Au dîner, je suis servi en roi. On me propose de la nourriture à n'en plus finir, nourriture que je me dois de refuser sous peine d'exploser. Les parents de Chris s'intéressent brièvement à mes études, sans entrer dans les détails, ce qui me va amplement. De toute façon, je n'aurais pas vraiment su quoi leur répondre. Je suis déjà assez perdu comme ça concernant mon avenir.
Ils se font toutefois une joie d'étaler la vie de leur cher aîné sur la table, ce qui me fait bien rigoler. L'air indigné et gêné de celui-ci s'ajoute au tableau. Je ne l'avais jamais vu dans cet état, et je dois dire que j'aime beaucoup.
Le dessert terminé - un gâteau aux cerises de la confection même de la mère de Chris - celui-ci me propose de monter à sa chambre, histoire de relaxer un peu après un après-midi aussi intense. J'accepte.
Nous nous affalons tous les deux sur son lit simple beaucoup trop petit et rions à cette constatation. Cependant, aucun des deux ne bouge. C'est une situation très étrange. Personne ne parle. C'est comme si le temps s'était arrêté. Seules nos respirations emplissent le silence. Puis, quelques mots.
- Je suis content que tu aies proposé qu'on étudie ensemble.
Sourire de ma part.
- Moi aussi.
Sourire de sa part.
Puis, plus rien. Que deux sourires flottants dans l'air, des regards lancés à la dérobée. Puis l'heure de rentrer. Chris me souhaite bonne chance pour la suite de mon étude. Je fais de même. Et je rentre, un sourire débile aux lèvres. Pauvre de moi.
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Faux Copain [BxB]
RomanceC'est le temps des réjouissances, et pourtant, je ne me sens pas plus réjoui pour autant. La fin du semestre, les rencontres de famille habituelles, la solitude alors que tout le monde est rassemblé... Notification de mon téléphone. Et si cette anné...