Faux Copain [BxB]

XII

Dimanche 30 décembre.

Je me réveille le nez contre une nuque. Je sursaute, puis me détends. Je n'ai pas l'habitude de dormir avec des gens. Surtout pas des gens avec qui je fais semblant de sortir. Je prends une grande inspiration et me replace sur mon côté de lit. Apparemment, je roule la nuit.

Le beau au bois dormant semble se réveiller doucement à côté de moi, secoué légèrement par mes mouvements. Il se retourne vers moi, un air endormi sur le visage.

- Salut, marmonne-t-il en passant son bras sous sa tête.

- Salut, dis-je en lui accordant un sourire. Tu as bien dormi ?

- Je n'ai pas dormi aussi bien depuis des semaines, répond-il en s'étirant.

- Je suis content alors.

- Et toi ?

- Moi aussi. Désolé pour les mouvements, je ne croyais pas bouger autant dans mon sommeil.

- T'inquiète pas, dit-il dans le plus beau des sourires.

Ne sait-il pas qu'il est dangereux d'être aussi sexy le matin ?

Je me lève donc, enfile un jean, et change de t-shirt.

- T'aurais des vêtements à me prêter ? entendai-je dans mon dos. Je n'ai pas vraiment envie de remettre mes vêtements chics d'hier.

- Oui, pas de problème, fais comme chez toi, choisis ce que tu veux. Je vais t'attendre en bas.

Je lui lance un dernier sourire et sors de ma chambre en refermant la porte derrière moi. Je ne rêve pas, il y a bien un mec dans mon lit.

En fait, Chris n'avait pas vraiment envie de rentrer chez lui hier soir après la dispute avec son père. Du coup, je lui ai proposé de venir chez moi. Un large sourire lui avait fendu le visage et ce fut la seule réponse de sa part. Et la seule dont j'avais besoin. Mes parents n'avaient pas dit un mot et nous n'avions pas fait de vague. Il venait tout simplement dormir à la maison. Et c'était la vérité, étant donné qu'il n'est que mon faux copain.

Après quelques minutes, Chris me rejoint à la cuisine. Ma famille dort encore puisqu'il est assez tôt. Nous nous faisons un petit-déjeuner, puis prenons place au salon. Un silence quelque peu dérangeant règne, et je n'ai aucune idée de comment le briser. Après de nombreuses minutes encore, je parviens à trouver un truc à dire.

- Quand prévois-tu de rentrer chez toi ?

Chris lève les yeux de son assiette et me regarde en haussant les sourcils, moqueur.

- Tu veux déjà te débarrasser de moi ?

Je lâche un petit rire.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, expliquais-je.

- Je sais, t'inquiète, je rigolais. Mais pour répondre à ta question, je n'en sais trop rien. Peut-être ce soir, si ça ne te dérange pas...

- Aucun problème, dis-je en souriant.

- Cool, répond-il en me rendant mon sourire.

L'atmosphère n'est plus tendue ou empreinte de malaise. Un poids est enlevé de sur mes épaules.

Après avoir rangé notre vaisselle, nous montons à ma chambre. Le reste de la journée se déroule comme n'importe quelle autre journée de congé, à l'exception près que j'ai un invité. Nous passons la journée ensemble, pour la majeure partie du temps dans ma chambre à jouer des jeux vidéo et à nous raconter des trucs amusants du temps où nous étions plus jeunes. Nous rigolons bien et j'en apprends davantage sur Chris, ce qui me fait grandement plaisir. J'apprends entre autres qu'il a un frère à peu près du même âge que le mien. Je me demande tout de suite s'ils s'entendraient bien. J'apprends aussi qu'en dehors du sport, Chris est passionné de science-fiction et de récits historiques. Il adore particulièrement les films qui mélangent les deux, bien que les films de guerre restent ses préférés. En effet, Dunkerque, Fury et Il faut sauver le soldat Ryan sont ses films de prédilection. De mon côté, je lui parle de ma passion pour la lecture et le fantastique. Je lui parle brièvement de toutes ces créatures mystiques qu'il est possible de rencontrer dans ce genre de récit et il semble très intéressé par ce nouvel univers que je suis en train de lui présenter, ce qui me fait très plaisir.

Puis, nous nous racontons quelques souvenirs, chacun d'entre eux menant à un suivant. Étendus sur mon lit, ma tête repose sur son ventre pour une raison que j'ignore. J'étais pris dans mon récit de mes dernières vacances avec ma famille à la plage, qui remontent à il y a trois ans, et sans m'en rendre compte, je me suis mis à l'aise sur mon « copain ». Ce n'est qu'une fois mon récit terminé que je remarque sa main se promenant dans mes cheveux. Je ne dis rien. J'apprécie quelques secondes. Puis quelques minutes. Je pince ensuite les lèvres et risque un regard vers lui, vers son visage. Il a l'air si concentré dans le mouvement qu'il effectue, ces petits cercles me massant le crâne. Ses yeux glissent enfin à mon visage tourné vers lui. Un doux sourire apparaît. Sur lequel de nos visages ? Les deux.

Avant que cela ne devienne gênant, je me réinstalle confortablement, et le laisse continuer, sans un mot. J'en viens même à fermer les yeux, laissant ses doigts jouer avec mes cheveux comme personne ne l'a fait avant lui. C'est si agréable.

C'est ainsi que nous ne nous dîmes rien de plus de tout l'après-midi, savourant simplement la présence de l'autre à nos côtes.