Chapitre 4

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3 Décembre

Attendre mon meilleur ami sur le quai n'est pas la meilleure idée que j'ai pu avoir. Le froid s'installe jour après jour, et mes pulls les plus épais commencent à sortir des méandres de ma garde-robe.

Il ne fait pas encore glacial, loin de là, et je pourrais attendre dans le hall. Surtout qu'il est encore fréquenté à dix-neuf heures, malgré qu'on soit dimanche.

Sauf que j'ai besoin d'air frais et de marcher le long du quai, tel une âme en peine. De un, pour me réchauffer. De deux, pour éviter de regarder mon téléphone toutes les cinq minutes afin de vérifier si Julian ne m'a pas envoyé de message.

Un seul week-end. Un seul week-end à se texter et j'arrive déjà à être un peu accro. Je me désespère.

Difficile en même de ne pas craquer. Julian est drôle, intéressant et, pour s'être aussi échangés quelques photos un peu random de nos activités du week-end, franchement beau gosse. Il n'a de Kit Harington que les cheveux et la barbe, ses yeux sont bien plus ouverts et d'un bleu-gris assez envoutant.

Nos nombreux messages échangés ne sont pas que blagues et photos un peu délirantes. Ils m'ont permis aussi d'apprendre qu'il travaille comme agent immobilier et qu'il est passionné de dessin, surtout les portraits. J'ai eu droit à quelques photos de ses œuvres et j'ai été assez stupéfait de l'incroyable justesse avec laquelle il parvient à retranscrire les émotions sur un visage.

Mon téléphone vibre et, tel un addict, je plonge la main dans la poche de mon manteau et le dégaine. La déception de voir les noms de Marine et Christian se fait ressentir, mais bientôt effacée par ma propre logique : je n'ai qu'à envoyer un message une fois dans le train. Si ma mémoire est bonne, c'est à mon tour.

Oui, je sais, il n'y a pas de règles écrites dans qui envoie le premier message ou non. C'est une pression que le trois-quart des gens se met et qui, somme toute assez stupide, je l'admets.

Ma déception initiale passée, je me décide à ouvrir mes SMS :

Marine : Mon chat, n'oublie pas de mettre que tu participes à ma fête de Noël sur Facebook, c'est pour le compte des invités et pour le Secret Santa ! Toujours dispo aussi si ça va pas, take care <3

Un sourire étire mes lèvres. Ma plus vieille amie organise chaque année la fête de Noël chez ses parents, ma tante et moi-même y sommes toujours conviés. Christian et sa famille aussi depuis que je les ai présentés l'un à l'autre. Sans compter quelques autres proches. Au final, on finit facilement à une vingtaine autour de l'assemblage des tables.

Elle sait que je vais accepter l'invitation, ce n'est qu'un rappel rhétorique. Ainsi que m'envoyer du soutien, vu que je l'ai enfin mise au courant de ma rupture. Marine étant aussi peu douée en interaction sociale que moi, elle ne m'a pas tenu rigueur de mon retard.

Je réponds par l'affirmative avant de passer au message de Christian :

Chris : JPP DES GENS QUI VONT A 2 A L'HEURE PTN DE SA MERE.

ET MA SOEUR ET SES PUTAINS D'HORMONE DE FEMME ENCEINTE LA QUI ME CASSE LES BURNES, JPP NON PLUS

Moi :ARRETE AVEC LES CAPS-LOCK ET CALME-TOI

VTF JE RALE ET JE METS DES MAJ SI JE VEUX

(Prends une place dans le 2e wagon si je suis pas à l'heure stp, bises jtm)

Je secoue la tête face à l'impétuosité de mon meilleur ami, même si j'ai le sourire aux lèvres. Il ne changera pas et je l'aime comme ça, dans toute sa fougue et son entièreté. Sa future nièce ne va pas s'ennuyer avec un oncle pareil.

Not Your Typical Christmas StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant