Chapitre 3

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1er Décembre

Ding !

Je jette un regard de dépit au téléphone que j'ai tout juste déposé sur mon bureau. Rien que de voir la notification s'afficher et de voir d'où elle provient me fatigue un peu plus.

Comme chaque semaine, je suis de retour dans ma chambre chez ma tante pour le week-end. Comme à chaque fois, le trajet de train bondé m'a épuisé. Entre la foule d'étudiants, l'heure entière presque étouffé par le monde et la brusquerie des gens, je tiens à peine debout.

Pour tout dire, j'ai tellement la tête dans le cul que j'ai failli oublier de dire au revoir à Christian arrivé à la gare de Charleroi. Chose qui n'arrive jamais, c'est un autre de nos rituels avant de nous retrouver le dimanche soir sur le quai pour retourner à Bruxelles.

C'est donc un soulagement que d'être enfin de retour, au chaud, à vingt heures. Sauf que les petits gars de Grindr en ont profité pour s'engouffrer dans mes notifs sur les cinq minutes où je l'ai allumé.

Ding !

Ding !

Ding !

Mon téléphone ne cesse de vibrer au rythme des notifications de l'appli. Pareil qu'hier soir. A peine ai-je refait un profil et mis une photo où je me trouvais mignon que le déluge a commencé.

Ne croyez pas que c'est une façon de dire que je suis incroyablement irrésistible, ce n'est pas le cas. C'est tout le temps comme ça sur les applications de rencontre gay par localisation aux alentours. Dès qu'il y a une nouvelle tête, nombre de rapaces foncent dessus.

Ding !

Ding !

Je commence doucement à m'énerver et je regrette presque de m'être laissé convaincre d'y retourner. Déjà que je n'ai répondu ni parlé à aucun mec hier, submergé par l'incompréhension du pourquoi j'étais là et le vide des conversations.

Sans oublier le tri préventif anti-relou qui consistait à scruter des profils pour y éliminer différents types de mecs : les « sava », « pas de noir, pas de chinois, pas d'arabe », « masc4masc », « pas de folle et d'efféminés », et j'en passe. J'ai un mal de chien avec les humains en terme général, alors si je dois me coltiner un con intolérant... merci mais non merci.

Je n'ai pas le temps de voir qui sont ceux qui ont jeté leur dévolu sur moi que ma tante m'appelle :

—Clément, j'ai fait de la soupe, tu en veux ?

Rien qu'à l'évocation de la nourriture, le vide de mon estomac se rappelle à moi. En plus, il est impossible de résister à la recette de ma tante.

—J'arrive !

Je délaisse complètement mon téléphone alors qu'une nouvelle notification vient de débarquer. L'envie de tout désinstaller s'insinue à nouveau en moi, vu que je sais d'avance que je vais à nouveau ne brasser que des conversations vides.

Enfin, à nouveau... qu'ai-je à perdre si ce n'est un peu de temps ?

Je descends les escaliers en sautant la dernière marche, comme je le fais depuis que je me suis installé chez ma tante et débarque dans la salle à manger. Ma tante dépose un bol à ma place habituelle, ainsi qu'un sachet contenant du pain frais.

—Installe-toi, je vais chercher la charcuterie, me dit-elle avec le doux sourire que je lui ai toujours connu.

—Mais non, c'est bon ! Je ne suis plus un petit garçon, je vais la prendre moi-même.

Not Your Typical Christmas StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant