Not Your Typical Christmas Story

Chapitre 11

25 Décembre

Christian scrute le message de Julian, pensif, depuis quelques instants. Nous nous sommes retirés dans la cuisine de Marine entre l'entrée et le plat, sachant que, comme d'habitude, cela va s'éterniser.

Mon amie a invité les habitués et un petit nouveau et tous ont répondus présents. Entre ses parents et ceux de Christian, les frères et sœurs de chacun, ma tante, moi et un collègue de Marine – Stéphane si je ne me trompe pas – nous formons une bande assez festive.

Il a d'ailleurs été compliqué de m'éclipser avec mon meilleur ami pour lui montrer ce message, Marine et ses sœurs nous ayant mis le grappin dessus assez vite pour rattraper cette année pleine d'absences.

Elle a commencé à travailler dans une nouvelle entreprise à Liège et a, du coup, déménagé là-bas. Deux heures de route jusque Charleroi, c'est assez loin et nous empêche de se voir aussi souvent qu'avant, c'est un fait.

Toutefois, le message de Julian m'a mis dans un drôle d'état depuis la veille. Je n'y ai pas répondu, mais je peux juste affirmer qu'il me trotte dans la tête comme une entêtante mélodie.

Sur ce coup, j'ai besoin des lumières de Christian. Sauf qu'il paraît aussi perplexe que moi.

—Alors ? je demande, un peu inquiet en le voyant froncer des sourcils.

—Quoi alors ? C'est à toi de te dépêtrer de cette toile gluante.

—Mais tu as toujours de bons conseils d'habitude.

—Je t'ai déjà dit qu'il avait l'air sincère. Mais la décision finale ? Ça n'appartient qu'à toi.

Je soupire et Christian me passe un bras autour des épaules.

—Ça va aller, me dit-il avec un baiser sur la tempe.

—Tu parles, je suis complètement perdu.

—Pour ne pas changer.

Mon regard inquisiteur doit être suffisamment éloquent pour que Christian se mette à rire.

—Mais c'est pas drôle, je proteste. Toi t'as cette confiance que je n'ai pas. La plupart du temps.

—Crois-moi, ça ne suffit pas toujours.

Il prend une gorgée de son verre de vin avant de se tourner vers moi, l'air sérieux.

—Genre, j'aimerais tellement pouvoir prendre mes couilles et dire à ma famille « Hey, je suis bi, donc je pourrais vous ramener un mec à un moment. Bisous ».

Sa mine se fait plus sombre et c'est à mon tour de le réconforter. Je ne peux pas faire grand-chose, si ce n'est lui montrer ma présence et lui dire les mots que j'aurais voulu entendre.

—C'est compliqué pour toi parce que ton environnement n'est pas tout à fait safe, je dis en lui pressant sa main deux fois.

—Vrai, soupire-t-il. Mais ça me tue que mon père lâche ses vieilles idées homophobes de merde.

—Au moins, il ne les lâche pas devant moi. Dis-toi que c'est déjà ça.

Christian roule des yeux.

—C'est parce que t'es pas son fils. Crois-moi que sinon, ce serait bien plus compliqué.

Il finit par secouer la tête et balancer sa main, comme pour écarter la conversation d'un geste.

—Parlons d'un truc un peu plus joyeux...

Il lève les sourcils plusieurs fois derrière ses lunettes et je sens venir une discussion sur ma vie amoureuse.