Chapitre 7

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13 Décembre

Mes angoisses reviennent comme un putain de moustique qu'on tente de chasser dans le noir. J'ai beau essayer de m'occuper l'esprit sur mes cours, la cuisine ou même les âneries que regarde Christian à la télé, rien n'y fait : mes pensées ne cessent de revenir à mon téléphone, désespérément silencieux.

J'ai eu droit à quelques messages de Julian dimanche, rien de bien alarmant à ce moment-là. Mais depuis lundi ? Rien du tout. Le néant.

Je ne suis pas vraiment du genre à être collé à mon portable et à devoir parler H24 aux gens. Loin de là même. Chacun doit avoir son espace et ses moments de non-socialisation.

Ce qui m'inquiète le plus, c'est le silence de Julian à mes propres messages. Aucune réponse à mon petit salut amical du mardi. Encore moins à celui de bonne nuit du même jour.

Mercredi soir et toujours rien. Je ne peux pas faire taire la voix insidieuse que me murmure que c'est de ma faute. Que j'ai été trop collant. Ou que le rencard du samedi lui a ouvert les yeux sur ma banalité et qu'il a trouvé un moyen de se débarrasser de moi.

Ce ne serait malheureusement pas une première. C'est assez typique des mecs – en particulier des hommes gays – d'être particulièrement volatiles dans leurs flirts. Un type un peu plus canon peut arriver dans le champ de vision et ça y est, l'autre est relégué au rang de plan de secours ou plan fantôme.

La différence ici, c'est que je ne pensais pas Julian capable de me faire un coup pareil. Pas après samedi et ces nombreux sous-entendus.

Puis cette sorte de connexion entre nous... est-ce que je l'ai rêvée ? Ai-je plongé dans les marques d'affection du premier venu parce qu'il m'a dit quelques belles paroles ? Je ne sais pas qui je blâme le plus. Moi ou Julian. Ni même si j'ai le droit de rejeter la faute sur qui que ce soit.

La seule chose dont je suis sûr, c'est que le malaise qui m'habite est bien réel. Présence invisible sur mon coeur qui se répand telle une pandémie. Parce qu'il n'y a pas que moi qui subit cette pression.

Christian, lui aussi, subit le silence de Julian. S'il a été compréhensif et discret jusqu'à présent, mon meilleur ami finit par sortir de sa réserve.

—Bon, il se passe quoi avec ton crush là ? Tu tournes en rond et tu check ton tèl toutes les deux minutes.

Il a mis sa série en pause et est tourné vers moi. Vu son regard, il est inutile que je lui mente.

—Il ne me répond pas.

—Ça arrive.

—Ça je sais. Mais je n'ai plus de nouvelles depuis lundi. Et il a nié tous mes messages.

—Ah. Ouais. Ok. Je comprends mieux maintenant. Il t'as rien dit par rapport au boulot ou quoi ?

—Je ne crois pas.

Une rapide vérification me permet de constater que Julian ne m'a pad informé par rapport à une absence éventuelle ou une certaine charge de travail.

—Il me répondait encore le lendemain du date, je réponds. Et là, c'était encore normal comme conversations.

—Crois-moi, s'il voulait te ghoster, il l'aurait fait dès le dimanche.

Christian s'est déplacé du canapé à la chaise à côté de moi. Il remet ses lunettes correctement et son regard croise le mieux, avec beaucoup de sérieux.

—A ta place, je m'en ferais pas trop. Sauf si tu lui as envoyé dix messages par jour sans qu'il te réponde.

—Même pas. J'ai même rien envoyé lundi parce que... bah je voulais pas forcer non plus et j'avais rien d'intéressant à raconter.

Not Your Typical Christmas StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant