Chapitre 8

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14 Décembre

—Alors Clément... t'es bien gentil et je t'aime, mais si tu pouvais juste arrêter de faire le grand nettoyage cinq minutes, ça m'arrangerait.

Une pile de livres dans la main gauche et une loque à poussière dans la droite, je me tourne vers Christian avec un regard agacé.

—J'ai pas vraiment envie que Julian débarque ici et croit qu'on vit dans une porcherie.

Mon colloc croise les bras sur sa poitrine, les sourcils levés avec son plus bel air indigné. Même pas feint pour une fois, ce qui est presque inquiétant.

—Parce que tu insinues que l'appart est crade ?

—Euh... peut-être pas à ce point.

—C'est la définition même d'une porcherie, mec. Alors, ouais, il y a un peu de bordel... mais comme dans n'importe quel appart.

Je baisse la tête, un peu honteux. Je réalise qu'effectivement, à part le désordre habituel et normal, on a pas vraiment de quoi rougir. Même notre vaisselle est faite et on a pas de déchets qui trainent. A part de la poussière parce qu'on a la flemme de passer sur les meubles, pas de quoi fouetter un chat.

Ce rendez-vous avec Julian me stresse encore plus que le premier. Sans doute le changement de cadre, plus intimiste. Ou le fait que nous serons vraiment seul.

—Je suis désolé, je soupire en reposant les livres sur la table du salon. Je suis un peu sous pression.

—J'vois ça ouais, mais je comprends pas pourquoi.

Je hausse les épaules. Ne le sachant pas moi-même, je ne m'hasarde même pas à répondre.

Christian me prend la loque des mains et me fait signe de m'asseoir dans le canapé. Je m'exécute et il s'installe à côté de moi.

—Ça va bien se passer, me dit-il avec une double-pression de la main.

—Je m'en doute mais...

Les mots ne viennent pas. Ma peur est irrationnelle, je le sais, et je n'arrive pas à m'en défaire. L'impression de ne pas être à la hauteur se fait sentir, épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

—Allez Clément, m'encourage-t-il. T'es beau et fabuleux, il va encore plus tomber sous ton charme.

—Tu dis ça pour...

—Tutututut. Tu vas encore te déprécier en te disant que je dis ça parce qu'on est amis et blablabla. Non. Tu sais que je le pense.

Il arrange le col de ma chemise et m'époussète les épaules avant d'hocher la tête d'un air appréciateur.

—Là, on est bon. S'il te suce pas la bite, je ne comprends plus rien.

—Christian bordel ! je réplique, outré

Il roule des yeux.

—Quoi ? Tu vas me faire croire que vous allez jouer à Tétris peut-être ?

Il s'arrête et ses yeux s'écarquillent, comme s'il venait de trouver la réponse à l'un des mystères de l'univers.

—Ce serait une parfaite métaphore pour parler de sexe. Genre, les pièces qui s'emboitent et tout.

Je tente de lui donner un coup avec un coussin du canapé mais il se relève juste avant, hilare.

—T'es vraiment con putain. On a juste prévu une soirée tranquille.

—On ne sait jamais ! D'ailleurs, oublie pas que je t'ai déposé des capotes aux endroits stratégiques.

Not Your Typical Christmas StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant