Allongée dans un fauteuil, tu contemples le plafond trop blanc du bureau de ta psychologue. Ariane est gentille et c'est la première chose qui t'as frappée chez elle. Pas compatissante ou emphatique, juste gentille. C'est pour ça que tu as accepté de la voir de temps en temps. Tu ne parles jamais de toi, c'est un peu contradictoire mais il ne se passe rien dans ta vie alors tu parles de tout le reste, des membres de ta famille, tu lui racontes quels repas ta mère a préparé en leur mettant des notes sur dix, quels morceaux sont sortis ces temps ci et à quel point ils peuvent te casser les oreilles. Tu ne parles que de choses superficielles, sans importance et lorsque tu sors de vos rendez-vous, tu es drôlement apaisée.
Mais aujourd'hui, tu as quelque chose à dire.
__ Un garçon est venu me parler.
La dame qui t'écoute se redresse sur son siège pour ne pas perdre une miette de ce qui va suivre.
__ Il a demandé s'il pouvait s'asseoir près de moi.
Tu t'arrêtes et retournes à ton observation du plafond mais Ariane n'a pas l'air de vouloir se contenter de si peu d'informations.
__ Et qu'est-ce que tu lui as répondu ?
Tu fronces les sourcils pour mieux réfléchir et joues avec les mèches blanches de tes cheveux pour occuper tes doigts à défaut d'un stylo à faire tourner.
__ Rien, je me suis retournée et je n'ai pas répondu.
__ Et lui ?
__ Il est partit.
La psychologue soupire avant de se laisser retomber contre le dossier de son siège. Tu remarques qu'elle est particulièrement fatiguée ces temps-ci et espères qu'elle ne tombera pas malade.
__ Tu me crois Ariane quand je te dis que je suis revenue de la mort ? Parce que je pense que je n'ai pas grandit depuis, enfin si, physiquement bien sûr mais je veux dire, dans ma tête.
La femme semble intriguée par ta soudaine loquacité. C'est qu'elle n'a pas l'habitude que tu parles autant de toi. Tu sais très bien qu'elle ne croit pas un mot de tes histoires paranormales, après tout c'est une adulte, mais ça te fait plaisir qu'elle essaie au moins de te rassurer en hochant la tête. Après tout, on t'as envoyée ici parce que tu prétendais être ressuscitée, ce n'est pas étonnant qu'elle te pense folle.
__ Tu sais Loredana, si c'est à cause de tes points...
__ Non, non, rien avoir avec mon bulletin, je parle de vraiment dans ma tête.
__ Je crois que si tu parviens à avoir des réflexions comme ça c'est que tu es bien plus grande « dans ta tête » qu'une enfant de douze ans.
__ Non, c'est parce que je suis morte ça, je suis comme une enfant de douze ans qu'on a forcée à grandir trop vite.
Ariane te fait un petit sourire, celui que tu n'aimes pas car il veut dire qu'elle ne te croit pas.
__ Dans ce cas, tout est rentré dans l'ordre non ?
__ La maturité d'un enfant de douze ans qui a subit un traumatisme n'a rien avoir avec celle d'une adolescente de seize ans !
__ Je comprends ce que tu veux dire...
Satisfaite de sa réponse tu te détends un petit peu.
__ Parle moi un peu du garçon.
Tu recommences à réfléchir en jouant avec tes longues mèches.
__ Il est totalement banal, ni laid, ni beau, il a les cheveux bruns et les yeux bruns. Je crois qu'il n'aime pas le chocolat car il a prit un fruit alors qu'il y avait de la mousse au chocolat à la cantine. Mais je ne suis pas sûre parce que moi je mange pas les plats de la cantine, j'aime pas faire la file avec mon fauteuil.
Ariane hoche la tête.
__ Tu n'essaierais pas de faire un peu connaissance avec ce garçon ?
__ Non.
__ Loredana, je pense que ça pourrait vraiment t'aider.
__ En quoi ?
__ Comme tu me le décris, ce garçon est parfaitement normal ?
__ Exact.
__ Alors il pourrait peut-être t'aider à revenir une fois pour toute dans le monde des vivants.
Tu baisses le regard.
__ C'est impossible Ariane, je suis morte, tu le sais bien.
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Voilà Loredana un peu plus loquace ! J'espère que ça vous aura plût ! Des bisouuus