Tu sais ta vie précaire dans cette étrange immortalité ; tout semble s'effondrer autour de toi. Pourtant, tu gardes la tête haute et ça, c'est nouveau. Tu es combatives par nature, personne – tu pensais – n'aurait pu t'enlever ça. Mais ta mort à comme mis un terme à tout ce que tu chérissais. Aujourd'hui, tu n'es plus seule.
__ Jonas rentre bientôt ?
__La tournée a été quelque peu prolongée mais il devrait être à la maison dans maximum deux semaines.
Ton grand frère te manque, tu as besoin de le voir, d'entendre son rire, de le serrer dans tes bras et de l'écouter raconter toutes les aventures qu'il a vécues loin de toi. Peut-être que toi aussi, tu pourras lui parler cette fois, ne pas prétendre qu'il ne se passe rien et peut-être même évoquer Thomas.
Mais, tu comprends très bien qu'il n'ait pas envie de rentrer à lamaison. Même toi, tu suffoques entre ces quatre murs. Tu aimerais lui envoyer un message mais il n'a pas emporté son téléphone. Il a prétendu vouloir profiter à fond de chaque instant là bas et si tu sais que ce n'est qu'une excuse pour oublier un peu vos géniteurs, tu ne peux pas lui reprocher son choix.
Les parents ne semblent pas ravis de le savoir bientôt revenu. Jonas n'est pas comme toi, il ouvre sa bouche et dit tout haut ce qu'il pense. C'est le genre de personne qui dérange et c'est pour ça que tu l'aimes si fort. Tu voudrais souvent être à la hauteur de ton modèle.
Ton petit-déjeuner fini, tu déplaces ton fauteuil jusqu'à la porte d'entrée et ramasse ton cartable sur le passage. Tu as décidé d'aller à l'école seule à présent et tes parents n'ont pas l'air de beaucoup s'en inquiéter. Tu prétends vouloir être plus autonome mais la vrai raison c'est que cela fait une semaine que chaque matin,Thomas passe devant chez toi pour te conduire à l'école. Sa présence te fait du bien, elle vous enferme tous les deux dans une petite bulle de douceur qui te réchauffe le cœur. À ses côtés, tu as l'impression que le monde va un peu mieux.
__Salut !
Tu lui souris alors qu'il commence à te pousser dans la direction de l'école. C'est une belle journée de fin d'hiver. Une journée qui donne de l'espoir avec un soleil grand comme un cœur amoureux.
__Dis Thomas ?
__Hum...
__Il y a un truc super bizarre qui se passe ces temps ci ?
__Ah bon ?
Tu lui expliques rapidement tes aventures en chaise roulante avec cette étrange foule sortie de nul part pour venir t'aider sans raison apparente. Tu ne peux pas le voir mais devine presque sa mine intriguée et ses sourcils froncés.
__T'as raison, c'est peu commun comme situation. Ça ne fonctionne qu'avec les gens dans la rue ?
__Je ne sais pas, je n'ai jamais vu quoi que ce soit de ce genre avant.
__Bah, peut-être juste que t'as un certains charisme ou que tu dégages un truc particulier qui pousse inconsciemment les gens à t'aider. Tu sais, il y a tellement une part importante de psychologique qu'on ne peut pas définir dans le monde.
Tu souris en l'écoutant, on croirait entendre sa mère, ça doit être particulier les dîners chez eux. Tu n'oses pas vraiment lui parler de toute cette histoire paranormales qui t'es arrivée. Tu as parfois l'impression qu'il est trop rationnel à tout vouloir expliquer en permanence, c'est comme s'il avait la vision trop carrée que pour te mettre en confiance par rapport à ce presque univers parallèle.
__Tu devrais peut-être essayer à l'école à titre d'expérience, juste pour voir ce qu'il se passe.
__Comment ça ?
__Arrange toi pour avoir besoin d'aide et puis observe ce qu'il se passe.
Tu hoches la tête pas trop convaincue mais avec la drôle d'envie d'essayer. Thomas a souvent de bonnes idées.
__Au fait Lore, je sais pas trop comment te demander ça mais ma grand mère est à l'hôpital, en fait, il ne lui reste que quelques jours à vivre et je dois aller la voir mais tout seul j'arrive pas alors heu... tu veux bien venir avec moi ?
Comme rendez-vous, vous étiez loin du restaurant romantique mais tu acceptes sans répliquer. Si c'est important pour lui alors tu veux l'aider, tu as l'impression de lui devoir ça en quelque sorte. Peut-être un remerciement discret à sa présence qui te fait dubien.
