« Je suis né il y a deux cent trois ans, en mille huit cent quinze. Mes parents étaient des bourgeois, ils roulaient sur l'or. Quand je suis venu au monde, ils m'ont considéré comme un cadeau du ciel car ils étaient déjà vieux, à l'époque, pour avoir un enfant.
J'ai été le cinquième "essai". Mes potentiels frères et sœurs étaient morts très jeunes ou en couche. J'ai très faible physiquement et mes défenses immunitaires l'étaient également. Je devais faire attention à tout ce que je touchais et tout ce que je mangeais.
Durant toute mon enfance, j'ai été coupé du monde à cause de ma santé fragile. Je ne connaissais rien de l'extérieur, je n'avais pas les notions d'amitié et d'amour, excepté à l'égard de mes géniteurs. Je ne savais pas ce qu'étais la pauvreté, je n'avais jamais vu que la richesse. Une nourrice, Sun-Hi, s'occupait de moi, elle m' appris à marcher et à parler, elle était comme ma deuxième mère. Je ne suis jamais allé à l'école, un précepteur venait à la maison afin que j'évite les contacts avec le monde extérieur.
Mes parents voulaient absolument que je vive, comme tout bon parent le voulait et le veut encore. Ma mère m'aimait plus que tout mais mon père souhaitait surtout avoir un héritier. Il avait amassé tant d'argent qu'il n'aurait pas supporté le fait qu'il ne revienne pas à son descendant quand il mourrait. C'était un homme assoiffé de richesse et de pouvoir, mais en enfant aveugle que j'étais, je ne m'en était jamais rendu compte. Je l'aimais comme un enfant aime son père. Il était un modèle pour moi, une figure de sagesse, la représentation de l'adulte. »
Jimin adressa un regard empli de larmes à Hoseok et laissa échapper un reniflement. Yoongi était sur le point d'aller vers lui pour le prendre dans ses bras mais Jin l'en empêcha en attrapant sa manche. Il secoua la tête et fit signe au Démon de se rassoir. Taehyung, Namjoon, Jin et Jungkook écoutaient l'histoire de l'Ange roux, comme s'ils ne l'avaient jamais entendue. Cela étonna fortement Hoseok qui pensait que les Anges et les Démons connaissaient tout les uns des autres.
« En février mille huit cent vingt-cinq, mon père mourut, assassiné dans une ruelle. Nous avions découvert qu'il trompait ma mère avec des filles de joie et qu'il revenait après avoir couché avec l'une d'entre elles. Je ne suis même pas allé à son enterrement, d'abord à cause de ma santé mais aussi car je lui en voulais. Je lui en vouais affreusement pour avoir délaissé ma mère pour des jeunes femmes qu'il ne connaissaient pas mais aussi pour m'avoir délaissé moi, préférant me laisser m'élever seul. Mais à cette époque, comment pouvait-on devenir un homme si l'on avait pas de figure paternelle ? On ne le pouvait pas, tout simplement.
Ma mère s'est peu à peu renfermée sur elle-même, elle ne parlait presque plus, se contentant de déjeuner et de dîner avec moi, laissant à ma nourrice le soin de s'occuper de moi. Mais quelques fois, elle venait me voir le soir, pensant que je dormais et elle me prenait dans ses bras en pleurant toutes les larmes de son corps. Elle prenait mon visage entre ses mains et murmurait que je ressemblait à mon père, que j'étais magnifique, comme lui. Elle n'était pas très objective. Nous restâmes dans cette situation pendant plus d'un an et le jour de mes onze ans, elle m'annonça que notre vie allait changer, qu'elle allait se reprendre en main, qu'elle allait engager un meilleur professeur, qu'elle allait s'occuper personnellement de mon éducation, qu'elle ne laisserait plus l'entière tache à Sun-Hi. Elle m'a promis que tout irait mieux, que ce n'était que le début, nous tournions une page de notre histoire pour commencer à écrire un nouveau chapitre, empli de bonheur et de prospérité.
Mes problèmes de santé s'étaient résolus au fil du temps.
Alors je l'ai cru, bien sûr.
Désireuse d'avoir une figure d'homme à la maison, mais ne voulant pas se remarier pour autant, ma mère engagea une famille de roturiers à notre service. Le père s'occupait du jardin, la mère de la cuisine et leur fils... il ne faisait pas grand-chose à vrai dire, sauf aider son père de temps à autre. Ils mangeait avec nous, dormaient dans les chambres voisines, le garçon assistait aux mêmes cours que moi. Nous les avions en quelque sorte sorti de la pauvreté dans laquelle ils baignaient pour leur offrir une vie meilleure. C'est ce que ma mère m'a toujours répété. »
Taehyung prit Jimin dans ses bras et lui caressa les cheveux, sous les regards noirs de Yoongi et Jungkook. Hoseok les regardait, désireux de connaitre la suite de l'histoire. Il avait l'impression d'être petit à nouveau, cela lui rappelait les histoires du soir.
« Qu'est-ce qui s'est passé, après ?
- Après... la famille vivait donc avec nous. Au début, je ne les approchais pas. Mais au bout d'un moment, je n'ai plus vraiment eu le choix. Ma mère m'avait annoncé que nous passerions Noël avec eux. J'avais l'habitude de passer Noël avec ma famille et ma nourrice, pas avec des inconnus. Ma mère m'a vite rassuré en me disant que Sun-Hi passerait le réveillon avec nous, comme chaque année.
Sun-Hi vivait seule, elle avait perdu son mari à cause de la maladie et elle n'avait plus que nous, elle m'appelait "lil sunshine" et me considérait comme le fils qu'elle n'avait jamais eu. Elle était tout le contraire de ma mère, plutôt petite avec des cheveux bouclés coupés au carré. Et elle était incroyablement gentille. Quand ma mère était froide, elle était chaleureuse, quand j'étais triste ou que j'avais un problème, c'est elle que j'allais voir.
J'étais donc rassuré à l'idée qu'elle soit là. Mais je me suis décidé à sociabiliser avec la famille que nous avions embauché. Ma mère était vraiment heureuse que j'ai pris cette résolution, elle m'avait souvent répété que si je le faisais, je ferais d'elle une femme comblée. J'avais trouvé ça étrange. Elle voulait que je m'attaches à des inconnus alors que le reste de ma vie elle m'avait coupé du monde. J'ai d'abord parlé à la mère ; je suis allé la voir alors qu'elle cuisinait et j'ai longuement parlé avec elle. Nous avions cuisiner tout l'après-midi, elle m'avait dit que je pouvais la considérer comme sa tante. Elle était gentille et me rappelait un peu Sun-Hi, je me suis dit que son mari et son fils devaient forcément être gentils car une femme comme elle ne pouvait que vivre avec de bonnes personnes. J'avais raison, je suis allé au jardin, une après-midi d'automne, au début du mois de décembre. Il était en train de déblayer l'allée et je lui ai apporté des biscuits. Il m'a raconté qu'il était content de finalement me connaître et m'a remercié pour son embauche ainsi que celle de sa femme. Il m'avait appris à faire des roses en papier, à faire du feu et à couper du bois à la hache. Mon père n'avait jamais fait quelque chose comme ça, il ne m'avait jamais rien appris et c'est avec cet inconnu que j'ai appris ce que c'était d'avoir un père.
Il ne restait plus que le fils. Il avait deux ans de plus que moi et vraiment intimidant, il ne souriait jamais, sauf quand il était seul avec ses parents. Enfin, c'est ce qu'ils m'avaient tout les deux dit. C'est à la fin d'un cours que je suis allé le voir pour la première fois.
Il m'avait sourit. Et ce sourire, c'était une bénédiction du Ciel, la plus belle chose que j'ai jamais vu. »
Jimin se tourna vers Yoongi qui lui sourit, les joues du petit Ange rosirent d'un coup et il sourit en retour.
« J'avais onze ans quand j'ai rencontré mon âme sœur. Ça ressemblait aux romans de l'époque que les femmes adoraient lire, et ma mère ne faisait pas exception, il n'y avait que ça dans sa bibliothèque. Un bourgeois et une roturière, une bourgeoise et un roturier. Sauf que là, les deux héros étaient des hommes, et c'était incroyablement mal vu.
- Mon tour. »
VOUS LISEZ
𝙰𝚗𝚐𝚎𝚕𝚜 𝚘𝚛 𝙳𝚎𝚖𝚘𝚗𝚜 ✔️
ParanormalUne route verglacée. Un lac à la température glaciale. Et un jeune homme qui ne sait pas nager. Il en a fallut peu pour que Hoseok ne cesse de respirer. Mais lui qui s'attendait à mourir verra que même dans la mort, la vie ne le lâches pas. h o s e...