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« Je suis né en mille huit cent quatre-vingt-quatorze. J'ai été placé dans un orphelinat à ma  naissance car ma mère est morte en couche et mon père ne voulait pas de moi. J'ai grandi en toute tranquillité là-bas mais à partir de mille huit cent quatre-vingt-dix-sept, l'influence du Japon sur le pays s'est fait plus forte. En mille neuf cent cinq, la colonisation débute. La liberté devient de plus en plus restreinte.

J'avais toujours été heureux à l'orphelinat, on s'occupait bien de moi, les autres enfants étaient gentils. Je n'ai jamais été adopté, mais je n'ai jamais compris pourquoi.

Quand j'ai eu quinze ans, j'ai découvert que l'orphelinat dans lequel j'avais grandi faisait du trafic d'enfant. En fonction de certaines conditions physiques et psychologiques, des enfants étaient sélectionnés et revendus à des réseaux de prostitutions.

Il s'avère que j'avais le profil parfait. Je n'avais jamais connu mes parents, j'avais toujours été sans famille et sans attaches. J'avais une gueule d'enfant à cet âge-là mais dû à de nombreuse escapades nocturnes, j'étais plutôt bien bâti. J'avais l'habitude de faire du sport, de courir et de me battre. Car, même si j'avais grandi dans une atmosphère chaleureuse, c'était la loi du plus fort qui régissait les dortoirs.

J'ai donc été vendu a un réseau de prostitution assez important de la capitale. Pendant les premières années, je n'ai pas eu besoin de travailler en tant que prostitué car ils me considéraient comme trop jeune, et heureusement. Je devais faire le ménage, les courses et je m'occupais du bar.

Ce furent des années bien sombres, j'étais entouré d'adultes dangereux qui baignaient dans tout ce qui était considéré comme illégal. La drogue, les putes, l'alcool à profusion... mais ce qui a suivi fut bien pire.

Lors de mes dix-huit ans, j'ai finalement été "mis sur le marché", une "vente aux enchères" avait été organisée dans le but de vendre ma virginité. C'est un homme d'une quarantaine d'année qui a gagné. J'ai passé une nuit infâme, il était tout sauf gentil, il était juste heureux d'avoir "gagné", alors qu'il avait juste dépensé une somme astronomique, juste pour une nuit, alors qu'il avait une femme et qu'il aurait pu se rendre auprès d'elle pour prendre du plaisir.

Pendant quatre ans, je couchais avec des inconnus tous les soirs, mon but était d'amasser le plus d'argent possible, afin d'être bien vu par la patron et mieux traiter. Je voyais arriver, chaque année, des jeunes garçons qui, comme moi, avaient grandis à l'orphelinat en pensant que leur vie s'améliorerait quand ils en sortiraient.

Je buvais de plus en plus, j'ai commencé à prendre de la drogue, la vie n'avait plus aucun sens pour moi, plus rien ne me retenait. Je ne savais même pas ce qui me retenait à la vie, peut-être l'espoir d'un sauveur qui viendrait me tirer de là.

Je m'étais fait un ami, il faisait le même travail que moi. Un soir, il a refusé une somme d'argent énorme, juste parce qu'il était fatigué et qu'il ne voulait plus, il était au bout du rouleau. Des cernes lui creusaient les yeux, ils prenait de quoi resté éveillé mais sombrait pendant des heures juste après. Il se droguait, couchait puis s'évanouissait. Et ça recommençait à l'infini.

Ça le détruisait petit à petit, il ressemblait plus à un zombie qu'autre chose, mais avant ça, il avait tellement de succès auprès des clients que le patron lui a supprimé son alcool et sa drogue, le forçant à se reprendre en main. D'un côté, ça m'a rassuré et soulagé, mais cette remise sur pieds n'était pas une si bonne chose. Il a commencé à réflechir au sens de la vie, la journée, alors qu'on était censés se reposer, il me parlait pendant des heures de ses plans pour sortir de là.

Et, finalement, il est arrivé, ce jour où il a refusé un client qui lui offrait beaucoup pour une seule et unique nuit. A sa place, je sais que j'aurais accepté, car je n'étais presque plus humain, je n'étais qu'une coquille sans vie que l'on avait jeté à l'océan et qui n'arrivait pas à faire autre chose que couler. Mais il a dit non, il a insulté le client et est sortit en courant de la maison.

Le lendemain, des hommes sont partis à sa recherche. Il n'ont eu besoin que de quelques heures pour le retrouver et le ramener.

Il était en sang, ça se voyait qu'ils l'avaient frappés, inlassablement, pendant des heures.

Le patron nous a tous fait descendre dans la salle du bar.. Il y avait une grande scène au fond où certains employés devaient danser afin d'attirer les clients et de les pousser à bout, de les faire désirer quelque chose avec une vulgaire pute.

Ils l'ont fait monté sur la scène et l'ont poussés jusqu'à ce qu'il tombe à genoux. Il était dans la même posture que celle des condamnés, ceux qu'on tuait d'une belle dans la tête.

Il nous a dit que ce qui allait lui arriver serait un avertissement et que tout ceux qui essaieraient de se rebeller, comme il l'avait fait, seraient punis.

Et il lui a collé une balle entre les deux yeux.

Il savait qu'il était mon ami alors il m'a chargé de me débarrasser du corps puis de nettoyer la salle. Il m'a promis une dose de drogue astronomique et deux jours de pause. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça, je n'avais pas le choix de toute façon, alors pourquoi me promettre tout ça ?

- Tu t'es débarrassé su corps ?

- Le soir-même. »

Jin poussa un soupir et Namjoon lui sourit, faisant apparaitre ses fossettes. Hoseok attendait. Il se rendait compte, peu à peu, que tout ce qu'il trouvait horrible lors de son vivant, ce n'était rien à côté de leurs souffrances, à tous. Il n'avait pas encore entendu l'histoire de Namjoon, Jungkook et Taehyung, mais il savait que tout ne serait qu'horreur et tristesse. Comme si on lui avait envoyé les pires.

« Il... il m'a donné une machette et des indications. J'ai du découper le corps avant de le mettre dans des sacs. Ensuite, un chauffeur m'attendait, je suis montée dans la voitures avec mes "bagages" et on s'est rendu dans la forêt. Il y avait une rivière.

J'ai lesté les sacs avec des pierres puis j'ai tout jeté à l'eau. L'eau était très claire, presque transparente, mais au bout d'un moment, les sacs avaient coulés tellement loin que nous ne les voyions plus.

Le chauffeur m'a fait remonté dans la voiture et nous sommes rentrés à Séoul. Comme promis, il y avait plusieurs sacs d'herbes et de cocaïne qui m'attendait dans ma chambre. Le patron est venu me voir pour me rappeler que je ne travaillais pas pour au moins deux jours. Je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit que je vivais un drame, car la personne qu'il avait tué était mon ami et qu'il le comprenait. Il a dit qu'il comprenait ma peine. Cette ordure a osé me dire qu'il me comprenait et qu'il m'offrait des jours de repos pour que je puisse me remettre du drame.

J'ai rapidement épuisé la dose qu'il m'avait donné. J'avais besoin de plus.

Encore plus.

Ça faisait déjà un an que j'augmentais considérablement ma consommation, et ce, de manière régulière. Et le pire, c'est que j'en avais conscience.

Je tombais un peu plus bas chaque jour. L'idée du suicide est revenue. Elle hantait mes nuits, j'ai même fait l'erreur d'en parler. Je... je pensais que je pouvais faire confiance à la personne à qui je l'ai dit. Mais ce n'était pas le cas. Il a tout répété.

J'ai été convoqué chez le patron, on a beaucoup parlé, il a tenté de tenir un discours émotionnel, comme quoi il tenait à moi... il a voulu m'attendrir avec des faux sentiments, des fausses promesses. Puis il m'a violé.

Ce n'était qu'un viol de plus, je n'ai pas relevé.

Je me suis contenté de boire un peu plus.

Un peu plus ou un peu moins, je n'étais pas à ça prêt. »

𝙰𝚗𝚐𝚎𝚕𝚜 𝚘𝚛 𝙳𝚎𝚖𝚘𝚗𝚜 ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant