chapitre cinq

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Le soir venu, il expliqua à Aëlys qu'il avait un entraînement le lendemain matin, et que c'était normal qu'il ne soit pas là. Elle sembla soulagée qu'il lui en parle, et même si elle avait très envie de lui demander à quelle heure il rentrerait précisément, elle trouva la question déplacée et la garda pour elle.

Le réveil de Houssem la réveilla, et il s'excusa avant de lui ordonner de retourner se coucher. Elle avait le sommeil lourd avant la prison, mais maintenant, elle semblait se réveiller au moindre bruit.

Lorsqu'il rentra à la maison, à presque treize heures, elle était en cuisine. Il resta quelques instants tapi dans l'ombre, profitant du fait qu'elle ne l'avait pas entendu arriver, pour l'observer. Elle était si belle, et c'était bien une chose qui n'avait pas changé.

-Bonjour, lança-t-il en entrant dans la pièce, et son visage s'illumina en le voyant.

-Houssem ! s'exclama-t-elle comme une enfant, et il la serra dans ses bras. J'ai fait des spaghettis. C'étaient tes pâtes préférés avant, jugea-t-elle bon de préciser, et il sourit.

-C'est toujours le cas.

Ils s'installèrent tous les deux autour de la table, mangeant silencieusement. Houssem savait que c'était le moment d'aborder une partie des sujets dont il fallait impérativement qu'ils parlent, même s'il ignorait comment elle allait réagir.

-Aëlys.

Elle releva la tête vers lui, le regard interrogateur. Cependant, dès qu'elle croisa celui de Houssem, elle fit un sourire en coin.

-Je t'écoute.

Il fronça les sourcils, surpris, et elle déposa doucement sa fourchette sur le bord de son assiette.

-Tu as des questions à me poser. On a fait semblant pendant vingt-quatre heures, mais maintenant, c'est l'heure.

Il acquiesça, presque surpris qu'elle comprenne et accepte aussi vite ce qu'il pensait tout bas.

-Je ne sais pas par où commencer, avoua-t-il. J'ai eu des questions si différentes qui me sont passées par la tête pendant deux ans, et je n'ai jamais jugé nécessaire de les écrire.

Aëlys hocha la tête, comme si elle comprenait.

-Très bien. Je commence. Je pensais ne jamais te revoir.

Le visage de Houssem se décomposa. Ça, c'était un aveu qu'il n'aurait jamais pu imaginer sortir de la bouche de Aëlys.

-Pourquoi ? demanda-t-il simplement, et elle souffla.

-Parce que pour moi, au moment même où ils m'ont arrêté, tu as cessé de m'aimer. Une petite voix dans ma tête avait toujours espoir et elle me dirait que tu viendrais me voir le samedi, pendant les heures de visite. Elle me disait aussi d'utiliser mes appels pour t'appeler toi, mais on m'a dit que tu ne voulais pas que je t'appelle. Je n'y croyais pas quand on m'a dit que c'était toi qui viendrais me chercher.

-Je suis désolé. C'était une décision...brutale mais je...j'étais tellement en colère contre toi, secoua-t-il la tête, que je ne voulais pas te voir. Pas te parler. Je ne voulais pas entrer en contact avec toi parce que je ne comprenais pas ce qui s'était passé, je ne comprenais pas pourquoi tu avais fait ça, et je ne voulais pas accepter que ma fiancée soit en prison.

-Pourquoi est-ce que tu n'es plus en colère ?

-Parce que la colère finit par s'estomper. Parce que l'amour finit par reprendre le dessus. J'allais pas t'en vouloir éternellement. Je ne t'en veux plus maintenant. Mais je ne veux pas que tu croies que j'ai arrêté de t'aimer. Jamais. Même quand la colère était au maximum, j'étais amoureux de toi.

Libre » AOUAR ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant