Méli-Mélo

3: MÉLI

— YO mon vieux, comment ça va? demande Mélissandre au chat roux qui se frotte contre ses chevilles.

La jeune fille est assise sur les marches du perron devant la maison et regarde les quelques voitures qui passent dans la rue avec Platon qui joue avec un lézard séché qu'il a dû tuer il y a quelques jours. Il fait très chaud et Méli n'a toujours rien à faire. Elle s'est réveillée à treize heures et n'a rien fait depuis. Elle a juste vu que sa meilleure amie lui avait proposé d'aller boire un verre avec se amis qui avaient leur épreuve de bac. Elle s'est décidée à y aller mais elle se pose la question d'y aller en voiture ou en vélo parce que si elle conduit, elle ne pourra pas boire de mojito, sa boisson préférée de tous les temps. Ou alors elle devra prendre un virgin mais cette idée ne l'emballe pas tellement. 

Mélissandre n'est pas une fille solitaire et depuis que Mélo n'est pas là, elle s'emmerde ferme. Elle attend avec impatience qu'il soit cinq heures de l'après-midi pour aller retrouver ses amis qu'elle n'a pas vu depuis sa dernière épreuve de bac. En attendant, elle a essayé de regarder un documentaire animalier comme Mélodie fait tout le temps mais elle n'a pas réussi à tenir plus de dix minutes parce qu'elle s'ennuyait encore plus alors elle est sortie jouer avec Philibert. Seulement, le vieux chat s'est vite lassé et est retourné faire une sieste sur le carrelage de la salle de bain, laissant Mélissandre seule sur le perron de la maison.

Fatiguée de ne rien avoir à faire, Méli se lève et sort le vélo du garage: elle a deux heures à tuer avant de rejoindre ses amis, alors autant l'utiliser pour faire un peu de sport. Elle s'élance dans la rue, en direction du chemin de promenade qui borde la falaise. C'est son endroit préféré de la ville car de là, elle domine l'océan. Et Mélissandre aime bien se sentir en position de puissance. Il fait tellement chaud que des gouttes de sueur se mettent rapidement à perler sur son front mais elle s'en fiche car même si elle déteste transpirer, la vue est si incroyable qu'elle veut bien rester encore un peu avant d'aller prendre une douche.

Elle pédale pendant une demi-heure, et c'est déjà beaucoup puisqu'elle a eu le temps d'aller jusqu'à l'autre bout du chemin, autrement dit à l'autre bout de la ville. Du coup, Mel fait demi-tour et arrive devant le portillon en bois qui grince de l'arrière de sa maison essoufflée et la queue de cheval collée dans la nuque. Elle a très soif et trop chaud, même après trois verres d'eau fraîche, elle n'est toujours pas hydratée.

Après avoir pris une douche bien fraîche et avoir revêtu son tee-shirt noir fétiche, Mélissandre est fin prête à aller retrouver ses amis. Elle s'est décidée à y aller en voiture parce qu'elle a la flemme de marcher, tant pis pour le rhum dans le mojito. Au volant de sa petite voiture, Méli est excitée comme une puce, elle attend ce moment depuis le début de la journée. Elle se prépare mentalement à entendre ses amis se plaindre de l'épreuve atroce qu'ils viennent de passer, parce qu'elle connaît bien ses amis et elle sait de source sûre qu'ils vont se plaindre que c'était trop difficile.

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Quand elle arrive devant le lycée qui fait office de centre d'examen - ce n'est pas le sien -, l'épreuve n'est pas encore officiellement terminée mais elle reconnaît quelques têtes adossées au portail de l'établissement. Il y a quelques uns de ses camarades de classe de terminale et même de première. Méli ne les connaît pas tous très bien mais elle les aime bien alors elle va à leur rencontre:

 — Alors ça y est? C'est fini fini le bac?

 — C'est pas trop tôt, rit un blond qui fait au moins une tête de plus de Mel. 

Elle rit avec lui alors qu'il poursuit:

 — Si il y avait bien une épreuve que j'avais hâte de passer, c'était celle-là. C'était vraiment la mort.