QUAND Méli se réveille, sa sœur n'est plus à côté d'elle dans le lit. Pourtant, elle est certaine qu'elles se sont endormies ensemble à quatre heures du matin. Elle se retourne sur elle-même et tend le bras pour attraper son portable normalement posé sur la table de nuit système D en boîtes à chaussures et vieux magazines people empilés. Seulement, elle a beau tapoter partout – et faire tomber quelques magazines au passage – il n'y a rien au bout de son chargeur. Elle se redresse d'un coup pour retrouver son portable dont la batterie devait probablement être vide désormais. Pour une fois, elle n'a ni mal au crâne ni l'estomac retourné par l'alcool qu'elle a bu la veille, signe qu'elle n'a pas dû beaucoup boire, et elle s'en réjouit. Cependant, après un coup d'oeil sur son bureau, sa commode et dans ses habits de la veille qui jonchent le sol, Mélissandre constate que son téléphone n'est nulle part.
Elle sort finalement de sa chambre, pieds nus, vêtue d'un simple tee-shirt trois fois trop grand pour elle et descend au rez-de chaussée.
— Le prince a enfin réveillé la belle au bois dormant ? lui demande son père dès qu'il la voit.
Méli fronce les sourcils sans comprendre, et pendant quelques secondes elle se demande même si Mélo n'a pas balancé le fait que Victor l'aie raccompagné la veille. Pour mettre les choses au clair, il n'y a rien entre le brun et elle, ils s'entendent bien un point c'est tout. Et il a refusé qu'elle rentre seule chez elle à quatre heures du matin après avoir bu. C'est tout.
— Quoi ? finit-elle par dire en s'asseyant sur une des tabourets de la cuisine.
— Il est quatorze heures Méli... répond son père en montrant l'horloge du four du bout du doigt.
Quatorze heures. Méli pose sa tête directement sur la pierre du plan de travail et soupire. Elle a l'impression de ne pas avoir dormi aussi longtemps depuis une éternité alors qu'elle le fait tout le temps.
— Papa t'aurais pas vu mon portable ici ? demande-t-elle, la tête toujours collée contre la pierre froide. Je crois que je l'ai laissé ici en rentrant mais je sais pas où.
Son père lève les yeux au ciel, l'air de réfléchir avant de secouer la tête :
— Non, mais tu demanderas à Mélo quand elle rentrera.
— Elle est où ?
— Partie courir avec Brice en attendant que tu te réveilles pour qu'on puisse manger.
Méli n'en revient pas : personne n'a jamais attendu qu'elle se réveille pour faire quoi que ce soit, et soudain on l'attend pour manger. C'est l'effet Brice, elle en est persuadée. S'il n'avait pas été là, son père n'aurait probablement pas mangé et Mélo se serait fait une salade toute seule qu'elle aurait mangé devant un documentaire animalier. C'est ce qu'ils font toujours depuis la séparation. Avant, la mère des filles réveillait Mélissandre à vingt minutes avant le repas, peu importe l'état de fatigue de sa fille.
— T'as passé une bonne soirée hier à ce que je vois, sourit le père de Méli en la voyant à moitié couchée sur le plan de travail pendant qu'il termine une salade de pâtes.
— C'était chouette.
La porte d'entrée claque brutalement et la voix de Mélo résonne dans la maison :
— On est là ! J'espère que Mel est là parce qu'on crève la dalle !
Mélo et Brice arrivent dans la cuisine et Méli lève la main :
— Je suis là et j'ai la dalle aussi.
Elle se redresse et suit son père qui apporte le saladier sur la table à l'extérieur pendant que Mélo et Brice se servent un verre d'eau.
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Méli-Mélo
Ficção AdolescenteMéli-Mélo c'est un binôme de jumelles que tout oppose. Méli-Mélo c'est l'amour de soeurs l'une envers l'autre. Méli-Mélo ce sont des doutes d'adolescents. Méli-Mélo c'est le dernier été avant la vie d'adulte.