Chapitre V

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*Préférer le silence plutôt que promettre l'éternité sur un coup de tête*

Les regards se braquèrent sur les deux amis qui couraient presque à travers le royaume, puis à travers le palais. En réalité, Loki n'avait pas grand chose à montrer à son amie, il avait surtout quelque chose à lui dire. Il la mena alors sur son balcon, là où ils s'étaient vu pour la première fois. Et là où plus jeunes, ils se retrouvaient. Sans un mot, ils s'y installèrent calmement. 

Oh, Loki n'était pas le prince de la Malice pour rien. Il avait fait exprès de choisir cet endroit, parce qu'il représentait quelque chose pour eux, parce qu'il mettait Rosaë en confiance. Il savait qu'ici, son amie se sentirait bien, en sécurité, comme dans un cocon de nostalgie. La jeune femme ne savait pas pourquoi son ami l'avait emmené ici, et elle n'avait pas vraiment envie de savoir. Elle voulait laissé flotter ce silence où rien n'était encore dit, rien n'était encore joué. Seulement, ce ne pouvait pas durer éternellement.

Alors que Rosaë s'était appuyée sur la rambarde du balcon, il vint s'appuyer aussi à ses côtés. Elle était belle comme ça, les cheveux qui se mouvait dans le vent, ses yeux dans le vague, ses tâches de rousseurs, et cette marque sur sa joue.

- Je ne m'excuserai pas Rosaë, commença Loki, alors ne me le demande pas, ne perdons pas de temps.

Rosaë se rappela les paroles d'Ahmet Quand il disait que Loki était écrasé sous le poids de leur deux vies, qu'il se sentait coupable. Et puis, elle savait que le prince ne s'excusait jamais.

- Je sais, et je ne te le demanderai pas. Je veux juste que tu comprennes. Tu me balances des atrocités sur toi, tu me rejettes. Mais moi, qu'est-ce que je suis censé faire ? Je te rappelle que je ne peux pas te craindre, ni te haïr, je  dois donner ma vie pour la tienne.

Le poing de Loki se serra, il pensait que Rosaë jouait la carte de la pitié, et ça ne lui ressemblait pas. Il devint alors furieux et répondit d'une voix hargneuse :

- Ne joue pas à ça Rosaë, tu perdras. C'est toi qui ne comprends pas, tu continues à te balader nonchalamment le sourire aux lèvres, comme si tu étais fière de ta marque, comme si tu ne comprenait pas ce que ça signifie. C'est insupportable ! Je te rapelle que ma vie à le poids de la tienne désormais. Tu es mon amie, tu crois que ça me fait plaisirs de voir ta vie réduis en dessous de la mienne ?

Ahmet avait raison, comme toujours. Rosaë aurait pu répondre quelque chose d'encore plus stupide, elle aurait pu envenimer encore plus la  situation. Force est de constater qu'elle était devenue plus sage. Ou était-ce de l'épuisement ? Parce que oui, elle était épuisée. Épuisée émotionnellement, toute sa vie elle avait été préservée des émotions négatives et voilà qu'elle prenait tout d'un coup. Elle ne pouvait s'en prendre à Loki à cause de ça, ce serait injuste. Elle n'avait pas envie de se battre ailleurs qu'à la guerre.

Alors elle prit sur elle, se mordit légèrement la lèvre, se tourna vers Loki et lui dit d'une voix douce :

- Mais tout cela n'a pas d'importance, Loki. Je serai avec toi pour tout, je resterai à tes côtés quoiqu'il m'en coûte.

Le prince fut d'abord déstabilisé par ces paroles douces, et puis il crut comprendre pourquoi elle disait cela.

- Oui, c'est ce dont la cérémonie t'obliges, répondit-il.

Il n'avait pas compris que les paroles de son amie étaient sincères, que Rosaë ne repondait que d'elle-même. C'était ce dont elle avait envie, resté avec lui pour toujours. De l'amitié d'enfant, de l'amitié morte en grandissant était né un amour profond. Ou peut-être avait-il toujours été là. Peut-être était-ce parce que les événements l'avaient forcé à arrêter de se focaliser sur l'entrainement et à sa rendre compte de ce qui l'entourait. Comme un phare qui s'éteint, révélant aussi dans l'obscurité les étoiles. Son étoile.

Dévotion Où les histoires vivent. Découvrez maintenant