Chapitre II

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*Le reflet trompeur d'une image embelissante*

La vie parut plus douce, ensuite. Rosaë osait sortir la journée. Le comportement des Asgardiens n'avaient pas changés à son égard, mais elle ignorait. Elle croisait parfois Thor, Sif et Volstagg, mais seulement au crépuscule. Ils avaient toujours un mot gentil pour elle. Le jour, elle le passait à s'occuper d'elle-même et de son habitation avant d'aller rejoindre Loki  dans les bibliothèques. Le soir, ils allaient s'entraîner ensemble.

Ils avaient passé ce marché, le jour dans les bibliothèques, le soir à l'entraînement. Loki avait accepté parce qu'elle lui faisait pitié à se battre contre un pauvre mannequin en paille. Et puis, une guerre se préparait, elle ne devait pas mourir, ce n'était pas le moment pour elle de se ramolir. Si bien qu'ils passaient un temps fou ensemble. C'était toujours le même schéma. Loki utilisait sa magie en combattant Rosaë pour la rendre toujours plus alerte au danger. Le jour, ils lisaient, ou plutôt, il la forçait à lire. Au début, elle rechignait un peu, alors il lui avait fait lire de la poésie.

- La poésie c'est toujours plus beau quand c'est quelqu'un d'autre qui nous la lit. Quand c'est toi qui la lit, avait-elle dit nonchalamment.

Loki l'avait devisagé mais elle ne le regardait pas. Elle avait toujours cette habitude de dire les choses sans pudeur comme si ce n'était rien.

- Je la lirai, alors, avait-il simplement répondu.

Elle lui avait souri de son sourire éclatant, comme elle le faisait autrefois. Loki lui faisait oublié les malheurs des temps, la raison même du comment elle s'était retrouvée à aller avec lui à la bibliothèque.

Et puis, ils avaient appris à mieux se connaître. Bien sûr, ils se connaissaient déjà, mais le temps change les gens. En fait, seule Rosaë apprenait à connaître Loki. Elle, elle n'avait pas tellement changé, mais surtout, elle n'avait rien à cacher. Elle était tout ce qu'elle montrait, aucune partie d'elle n'était dans l'ombre. Contrairement à Loki.

Le soir était toujours plus doux que la journée. Parfois, entre deux combats, ils se parlaient. Il la laissait s'aventurer vers lui. Il la laissait découvrir sa part d'ombre pour voir si elle fuirait ou si elle resterait piégée à l'intérieur. Comme un petit piège qui lui tendait. Mais elle avait écouté attentivement ses paroles, son ressentiment envers son frère, son père, la colère qui grandissait en lui. C'était un soir, et les tambours de la guerre ne sonnaient plus aux oreilles de Rosaë.

- Alors, c'est ça, pourquoi tu me paraît si lointain, souffla t-elle en guise de réponse.

Loki lui lança un regard interloqué et elle se sentit obligé de développer.

- Enfin, tu es là, mais tu parais si loin de moi parfois. Je pensais que c'était parce qu'il me manquait le langage pour appartenir à ton monde.

Le prince la dévisagea. Elle avait remarqué qu'il y avait quelque chose de lointain chez lui, rare était les personnes qui le remarquaient. Malgré son air naïf, ses yeux étaient avisés. Elle s'était retenue de faire la remarque à Loki pour son air distant. Parce qu'elle se disait que ça ne la concernait pas, qu'il prendrait peut-être ça pour un reproche. Elle savait quoi dire, et quoi ne pas dire. Elle était simplement intelligente et naïve. Mais être naïf par rapport à Loki, qu'était-ce ? Après tout ce qui s'était passé, ce serait être aveugle de dire qu'elle l'était encore. Elle voyait chaque jour dans son reflet, gravé sur sa joue, sa malédiction.

Ça énervait Loki. Elle restait planté là, à l'écouter, sans s'indigner, sans se mettre en colère, sans le mépriser. Il aurait voulu qu'elle se révolte, horrifié par la noirceur de son âme. Qu'elle réagisse face au danger qu'il représentait. Mais non, elle restait silencieuse, ses yeux fixant les siens. Il voulait la faire réagir.

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