Dévotion

Chapitre IV

*This will end in tears*

Ses yeux traînaient sur le décor qui défilait, sa bouche était ouverte, ses mains menottés et son corps entraîné par les soldats. Rosaë pensait que c'était une erreur, jamais elle n'aurait trahie Asgard, elle se battait pour la cité au péril de sa vie, tout comme son père. Loki suivait le petit cortège d'un pas pressé, il semblait inquiet, préoccupé. Son ancienne amie venait de se faire arrêter et la sentence pour trahison était la plus grande.

Les soldats trainèrent la jeune femme jusqu'au trône sur lequel reposait Odin. La nuit était si avancé que pointait le jour. Il y avait une petite foule autour d'eux, des mères et des enfants épleurés, Frigga, et bien sûr Odin. Elle remarqua aussi son ami Ahmet qui paraissait completement perdu. Seule sa bande manquait, probablement encore trop endormie et saoule par la soirée de la veille. Rosaë fut mise au pied du trône d'Odin, à genoux. L'aube éclairait un peu son visage effrayé. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait rien. Parmi la foule, il y avait cette atmosphère chaotique. Elle avait peur.

- Mon roi, balbutia t-elle, je ne comprends...

- Silence ! exigea t-il.

Elle frissona. Jamais il ne lui avait parlé comme ça, elle était la fille du grand Titius ! Loki s'immisça à travers la foule pour mieux observer le spectacle. D'un geste de main, Odin fit entré un guerrier qui se mit en évidence, se dégageant de la foule. Ce guerrier tremblait, le sang sur son visage n'avait pas encore séché et ses habits étaient déchirés. Il était tétanisé. Rosaë reconnut tout de suite que c'était un guerrier d'Asgard, et donc un guerrier aux ordres de son père. Où était-il alors ? Où était son père ? Où était l'armée ? Étaient-ils tous morts ? Rosaë sentit que les choses n'allait pas lui plaire et elle aurait voulu se boucher les oreilles quand Odin ordonna au guerrier de se mettre à parler.

-Nous sommes arrivés sur Jötunheim, comme prévu. Mais une fois là-bas, il n'y avait personne. Le commandant Titius nous a alors demander de le suivre pour examiner les lieux. Il nous a mener jusqu'à une crevasse où les Jötuns nous avaient tendu un piège... et nous avons... nous avons été tous décimés... sauf le commandant Titius... Il avait passé un accord avec eux... Il nous a mené dans ce piège...

Rosaë eut presque envie de rire à un tel récit. Son père trahir Asgard ? Non mais quelle bonne blague ! Il l'avait servi pendant tant d'années. Seulement, personne ne riait. Des pleurs eclatèrent parmi la foule. Les familles de ceux qui sont morts sur le champ de bataille. Ce n'était pas une blague, c'était une tragédie. Mais Rosaë ne pouvait pas y croire. Alors elle prit un air colérique et s'adrressa au roi :

- Vous ne le croyez pas, n'est-ce pas ? Ce guerrier est un lâche et il cherche à justifier sa survie en bafouant l'honneur de mon père !

Odin, sûr de lui, ordonna au guerrier de continuer son histoire. Ce qu'il fit :

- Ils m'ont laissé en vie. Titius m'a laissé en vie pour transmettre un message à sa fille. Il m'a dit : "Prévint ma fille que la fin d'Asgard est proche, mais que par le sacrifice de ces vies je nous ai assuré une place dans le prochain royaume. Demande-lui de ne pas m'en vouloir. Une guerre se prépare contre Asgard qu'on ne peut pas emporter, et je ne pouvais pas la perdre comme j'ai perdu sa mère. Dis-lui qu'elle n'a rien à craindre. "

Le sang montait à la tête de Rosaë. C'en était trop, personne ne pouvait parler ainsi de son père sans en subir les conséquences. Elle se leva pour se précipiter sur le guerrier mais les soldats l'en empêcherent. Elle se débattait comme un diable et franchement, elle faisait peine à voir. C'était comme si elle se débattait contre les filets de la fatalité qui s'abattaient sur elle, mais qu'elle ne pouvait pas y échapper.