Dévotion

Chapitre II

* La tendresse n'est qu'un mensonge*

Le bruit des lames des épées étaient assourdissant. Les cris d'agonies des Soyork caressaient l'oreille de Rosaë quand elle les transpercaient de sa fine épée. Ces créatures rondes et répugnantes avaient l'avantage d'avoir un sang particulièrement léger et volatile, qui éclaboussaient les alentours. Thor, Sif, Fandral, Volstagg, Hogun, Loki, ainsi qu'une poignée d'autres soldats livraient bataille avec acharnement.

Plus jeune qu'eux, Rosaë était entrée dans leur bande de fières guerriers depuis quelques mois et c'était seulement la deuxième fois qu'elle combattait à leur côté. Elle avait fait ses preuves rapidement, elle était une jeune prodige et on pouvait assurément dire que le sang de son père coulait dans ses veines. Elle était cependant plus agile et maligne que lui, elle avait hérité de sa force et de son côté bourrin. C'était devenue une belle jeune femme qui ne se considérait pas comme tel, oubliant souvent qu'un corps s'entretient correctement en se laissant bichonner.

Cette bataille n'était pas un jeu pour Rosaë, mais elle y prenait plaisirs. Trancher si facilement le corps mou des Soyork était plaisant. Cependant, le sourire disparut de son visage quand elle vit au loin Loki dans une position difficile. En effet, il faisait face à deux ennemis alors qu'un autre pointait sa massue vers son dos. La jeune femme se précipita comme jamais elle ne l'avait fait, s'appuya sur ses jambes pour sauter et ainsi se propulser plus rapidement vers le Soyork pour lui planter sa lame dans le dos. Elle et le Soyork s'ecrasèrent sur Loki. Rosaë se releva et débarassa Loki du cadavre au dessus de lui en lui tendant la main.

- Je t'avais dit, qu'un jour je te sauverai la vie, sourit-elle.

Un instant, Loki fut replongé dans ses souvenirs. Il la voyait, enfant, lui dire une telle chose. Il souria en pensant qu'elle n'avait pas oublié et prit sa main pour se relever.

- Je t'en suis reconnaissant, Rosaë.

Il ne mentait pas. Loki était le mouton noir de la bande. Mais il l'était moins depuis l'arrivé de Rosaë. Ils n'étaient pas redevenus amis, non, mais c'était celle qui faisait le plus attention à lui. Elle lui jetait des regards sur le champs de bataille pour assurer ses arrières, elle le remarquait quand il quittait prématurément la table du dîner et elle avait toujours deux-trois mots pour lui. Tout cela même si elle était bien différente de lui. Elle ne montrait pas explicitement l'intérêt qu'elle lui portait, c'était dans des petits gestes discrets que Loki, futé, remarquait.

-Battons-nous côte à côte, proposa Rosaë.

Loki ne fut pas surpris par sa proposition. Rosaë était aussi ouverte avec tout le monde. Dos à dos, ils tranchaient les ennemis, on aurait dit une seule et même personne. Loki qui  jouait solitaire n'avait pas l'habitude de combattre avec quelqu'un, mais avec elle, ça se faisait naturellement. Il faut dire qu'il l'avait observé, pendant toutes ces années. Ils étaient beaux, comme ça, on aurait dit une danse macabre.

Enfin, tous les ennemis furent vaincus. L'épuisement était mêlée à la joie tandis qu'Heimdall les ramenait par le Bifrôst.

- Tu t'es bien battue aujourd'hui encore, on sent que tu tiens de ton père, lança Thor à Rosaë.

- Merci, souria-t-elle d'un sourire éclatant.

C'était dans ces moments de camaraderie où Loki était à l'écart et que Rosaë faisait vraiment partie de leur bande. Elle ressemblait plus à Thor qu'à Loki, il en était conscient.

Ils riaient tous ensemble, dans l'euphorie de la victoire. Enivrés par la vanité, ils pensaient trouver une fanfare à leur retour, ou même des applaudissements. Mais il régnait un calme si plat dans la cité que c'en était presque inquiétant. Petit à petit, un bruit sourd parvint à leurs oreilles et l'armée d'Asgard se retrouva bientôt face à eux, sur le pont arc-en-ciel. En avant de cette armée se trouvait leur commandant, Titius.

Ils avaient le visage sombre, ce qui fit disparaître toute trace d'euphorie sur la joyeuse bande.

- Que se passe t-il ? demanda Thor d'une voix grave.

- Ce sont les Jotüns, prince, il y a un problème, nous devons aller tout de suite sur le terrain.

Le fait que Titius manquait de précision tiqua à l'oreille de Rosaë qui s'avança pour lui faire face.

- Laissez-nous venir avec vous, proposa t-elle.

- Je regrette mais vous ne pouvez pas, vous venez de rentrer d'une bataille, ce serait bien déraisonnable.

- Mais père, nous vous serions d'une grande aide !

- Ma fille, repondit-il d'une voix très douce, n'as-tu pas confiance en l'armée d'Asgard ? Allons, repose-toi, tu as bien mérité un peu de repos.

Il replaca une mèche des cheveux de Rosaë derrière son oreille et caressa sa joue. Geste très tendre, mais dont elle n'avait pas l'habitude. Son père avait toujours été très strict et droit, ce n'était pas le genre à lui caresser la joue et à lui dire qu'elle pouvait se reposer. Il la regarda avec des yeux plein d'amour mais aussi d'une infinie tristesse, comme si il lui avouait tout son amour paternel en un instant. Puis, il la laissa plantée là, déconcertée par cet excès de tendresse, elle ne pouvait plus bouger. C'était ce genre de femme, pouvait répondre à la violence avec grande facilité mais restant paralysé par de la tendresse. Elle pouvait encore sentir sa main effleurer sa joue et elle ne pu s'empêcher d'y voir quelque chose de dramatique.

Ça n'avait rien d'une prémonition. C'était juste que son père n'avait jamais été aussi doux, n'avait jamais paru aussi faible aux yeux de Rosaë. Oui, ce n'était pas de la tendresse pour de la tendresse, c'était de la tendresse qui venait de la faiblesse. Il était triste alors qu'il n'éprouvait ou ne montrait aucun sentiment.

La main sur sa joue, Rosaë resta figée alors que les autres continuèrent leur chemin. Seul Loki qui avait été un peu en retrait lui demanda :

- Tout va bien ?

La jeune se retira de sa rêverie et afficha un grand sourire à Loki en acquieçant.

- Je pensait simplement à ce qui te serais arrivé si je ne t'avais pas sauvé la mise, plaisanta t-elle.

C'était un moyen de détourner  l'attention, de montrer son arrogance. Elle pouvait bien lui faire croire qu'elle était aussi arrogante que son frère, mais il la connaissait bien. Rosaë c'était le genre à vouloir toujours s'améliorer, mais jamais s'en vanter. Loki ne pu s'empêcher de sourir en la voyant s'éloigner pour rejoindre les autres d'un pas pressé.

Quelque chose n'allait pas, sur Asgard, Rosaë le sentait, Loki le savait.

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Salut ! L'intrigue commence à se lancer, j'espère que ça va vous plaire. Si vous avez des commentaires à faire, n'hésitez pas !
Je vous embrasse !