Chapitre VI

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*L'ennemi imbattable est invisible*

Les trois gardes ne savaient pas comment réagir, ni où poser le regard. Ce n'était pas un spectacle plaisant du tout à voir. Ils devaient surveiller leur reine en train de s'entraîner en restant à ses côtés. Mais voilà qu'elle restait au milieu du terrain d'entraînement, la tête baissée vers son épée, sans bouger.

C'était la quatrième fois en un mois que ce triste spectacle se produisait.

Elle lâchait ensuite l'épée par terre, regardant ses mains d'un air terrifié et retournait à ses appartements pour se laver les mains, toute paniquée. Elle se lavait tout le temps les mains. Loki fut informé de cette situation. Il pensa qu'il lui faudrai du temps, rien ne pressait après tout. Ça l'inquiétait tout de même. Alors un jour, il alla trouver Ahmet.

Rosaë se tenait à la même place, avec l'épée dans sa main. Elle s'efforçait de la faire bouger, de frapper le mannequins en paille. Mais elle n'y arrivait pas, elle voyait le sang de son père sur son épée, les cadavres de ses amis. Comme si c'était une maladie contagieuse, le sang arrivait jusqu'à ses mains. Ses mains étaient tâchées de sang, encore une fois. Alors elle se retourna pour aller se laver les mains en courant, mais à peine sa course commencée, elle se heurta à quelqu'un. Quand elle releva le regard et vit Ahmet. Elle lui sauta aussitôt au cou.

- Oh Amhet ! Je te croyais mort !

Il enroula ses bras autour de sa taille.

- Désolé, je n'ai pas eu le temps de te voir avec la mort de ma mère...

Ce n'était qu'à moitié vrai. Le marchand ne pouvait pas voir Rosaë par rapport à ce qu'elle était devenue. Du jour au lendemain elle était devenue l'épouse d'un roi regicide qui était responsable de la mort de sa mère et de bien d'autres encore. Elle était cloîtrée dans son palais et n'était pas venu le voir. Elle était resté silencieuse tout ce temps comme si elle tolerait ce qui c'était passé. Ça l'avait rendu furieux. Mais quand Loki était venu le voir pour lui demander de parler à Rosaë, il sut qu'elle n'allait pas bien. Que si Loki en était venu à lui demander de l'aide, c'était qu'elle n'était vraiment pas bien. Alors il se sentit un peu coupable de n'être pas venu la voir plus tôt.

La guerrière se rappela du cadavre de sa mère dans la maisonnette et se detacha aussitôt pour regarder à nouveau ses mains tâchees de sang. Ahmet se rendit compte que quelque chose n'allait pas.

- Qu'est-ce que tu as ?

- Mes mains, Ahmet, mes mains sont tâchés de sang, ça ne veut pas partir.

Il regarda sa main. Il n'y avait aucune trace de sang. Rosaë semblait désespérée. Ce n'était que la matérialisation de sa culpabilité. D'un geste doux, il posa ses mains sur les siennes.

- Il n'y a aucune trace de sang, Rosaë.

Il serra ses mains délicatement. Il était réellement plein de tendresse pour elle. Loki lui avait expliqué son état, et il était réellement attristé. Quand il enleva ses mains des siennes, Rosaë ne vit plus les tâches de sang. Elle le remercia alors du regard. Il l'avait apaisé.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda t-il.

- J'essaye de m'entraîner, mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus.

- Ce n'est pas grave, il n'y a plus de guerre.

- Mais Thor... Thor veut que je le libère et que je tue Loki... Et honnêtement, je n'y arriverai pas, je ne peux pas... Je l'aime et j'ai si peur d'aller à Heilhem..

Elle semblait s'en vouloir. S'en vouloir de ne pas réussir la tâche que lui avait confié Thor ou d'avoir penser rien qu'une seconde à tuer son bien aimé. Il faut dire qu'avoir le choix lui donnait encore du pouvoir sur son destin. Mais il n'y avait aucun choix à faire. Elle ne pouvait pas tuer Loki. Le fait que la dévotion lui demande de se donner la mort ensuite lui importait peu, c'était le fait qu'elle l'aimait. Et aussi irrationnel que ça puisse être, elle avait si peur d'aller à Heilhem, l'enfer. De devoir payer pour toujours, alors qu'elle n'avait rien fait.

Dévotion Où les histoires vivent. Découvrez maintenant