4. absence et déchéance

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— IL EST PARTI ! hurle Pansy, folle de désespoir et d'incompréhension. PAS UN MOT, PAS UNE LETTRE, PAS UN ADIEU, RIEN !!!

Sous les yeux impuissants de Daphné, un nouveau lustre vole en éclats et des morceaux de verre s'éparpillent par terre.

— COMMENT EST-CE QU'IL A OSÉ, HEIN ? COMMENT ?!

Face au mutisme de son interlocutrice, Pansy passe sa rage sur les coussins du petit salon et les plumes ne tardent pas à venir s'emmêler dans ses cheveux mal coiffés.

— J'TE JURE, SI JE METS LA MAIN SUR CE FILS DE PUTE, J'LUI ARRACHE LES ENTRAILLES !

Sa fureur est telle que, un instant, elle déstabilise Daphné. Son amie a toujours été expansive, mais la lâcheté de Blaise semble avoir fait s'effondrer toutes les limites de bienséance qu'elle s'imposait jusqu'à présent. Quand elle se laisse tomber au sol, les joues maculées de traînées noires et les lèvres luisantes de morve, Daphné se demande même s'il s'agit de la même Pansy qui se pavanait avec arrogance et classe dans les couloirs de Poudlard.

— Il reviendra, lâche-t-elle en tentant de paraître convaincante.

Tout en s'approchant, elle sort sa baguette et répare les torts faits au mobilier en quelques mouvements souples du poignet. Puis, avec une douceur qui n'appartient qu'à elle, elle s'agenouille auprès de l'ancienne Serpentard et murmure :

— Il va revenir. Il va se rendre compte de son erreur et revenir.

— Tu sais très bien que non, renifle Pansy.

Sa voix n'est plus qu'un filet qu'un rien suffirait à briser.

— On meurt tous d'envie de partir, alors je ne vois pas pourquoi il se donnerait la peine de revenir. Il va rester planqué, la queue entre les jambes, et nous laisser crever pour se gausser de nous quand les journaux vendront la photo de nos cadavres.

S'interrompre pour essuyer son nez ne lui prend qu'une poignée de secondes, mais quand elle reprend la parole, sa vigueur lui est revenue.

— Eh bien tu sais quoi, Daphné ? Il est hors de question que les choses se passent comme ça ! Je vais lui faire regretter d'avoir fichu le camp !

Alors qu'elle esquisse un geste pour se relever, Pansy chancelle et Daphné ne la rattrape que juste à temps.

— On va peut-être attendre un petit peu pour ça, non ? propose-t-elle de ce même ton maternel qu'elle adopte avec Gregory.

À la façon dont les muscles de Pansy se liquéfient contre elle, Daphné comprend que son amie a temporairement baissé les armes et se sent sourire.

Elle ira mieux, oui. Mais pas tout de suite.

Pas déjà.

***

Comme la dernière fois qu'ils se sont retrouvés au bar, Blaise manque à l'appel. Sauf que cette fois, tous savent qu'il ne reviendra plus. Il n'était pas plus bavard qu'eux, mais son absence perturbe Daphné. C'est comme si un vide s'était imposé en elle. Un vide créé par la certitude qu'elle n'attrapera plus jamais le bras du métis pour l'empêcher de casser la gueule d'un moldu. Un vide créé par un rôle qu'elle n'assumera plus.

— Tu comptes faire quelque chose ?

Daphné relève les yeux de son jus de pomme pour les poser sur Theodore qui, la mine dure, l'observe depuis visiblement quelques temps.

— À propos de ?

L'index de Nott se tend vers le comptoir où, plus bourrée que jamais, Pansy se ridiculise auprès d'un groupe d'hommes.

— Pansy est suffisamment grande pour savoir ce qu'elle fait.

— Pansy est bourrée. Et quand elle l'est, elle fait des choses qu'elle passe la journée du lendemain à regretter en pleurant dans tes jupes.

Daphné sait qu'il a raison mais son discours ressemble trop à celui d'Astoria pour qu'elle daigne le lui avouer.

— Depuis quand ça t'intéresse, Nott ? Tu ne m'as jamais aidée avec Gregory et encore moins avec Blaise, et maintenant tu veux me faire croire que l'attitude de Pansy t'inquiète ? Laisse-moi rire !

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