XVI. Intrusion

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chapitre réecrit (et long!)

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chapitre réecrit (et long!)

𝑿𝑽𝑰. 𝑰𝑵𝑻𝑹𝑼𝑺𝑰𝑶𝑵

𝚖𝚊𝚛𝚍𝚒 𝟷𝚎𝚛 𝚗𝚘𝚟𝚎𝚖𝚋𝚛𝚎.

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« Merde », souffla Elinor, étendue sur son lit, contemplant la dizaine de notification de sa mère sur l'écran de son téléphone qu'elle tenait à bout de bras. La veille elle était rentrée énervée, épuisée et découragée par la gente masculine et n'avait pas pensé à rappeler sa mère ou même lui envoyer un message. Erreur majeure puisque Erika Gardner était de nature anxieuse, trait de caractère décuplé quand il s'agissait de sa fille. Elinor avait d'ailleurs dû faire preuve d'une grande diplomatie il y a quelques mois en lui glissant qu'il n'était pas nécessaire qu'elle appelle tous les jours pour s'assurer qu'elle soit encore en vie.

Si elle savait ce qu'il se passait en ce moment.

Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle composait lentement le numéro de sa mère qu'elle connaissait par cœur, une façon de gagner quelques secondes. Erika ne travaillait pas le mardi, elle répondrait sans doute à la première sonnerie. Elinor s'était préparée à recevoir ses foudres à cause de son silence mais fut accueillie par un ton empreint de bonne humeur.

Étrange. Elinor se leva, prête à arpenter l'appartement en attendant que sa mère crache le morceau. L'attente ne fut pas languissante, puisqu'après un bref silence précédent des banalités, la révélation qu'Elinor avait anticipée fut lâchée.

« Thomas et Carrie viennent manger demain soir... tu sais, ce serait bien que tu viennes. Je suis sûre que ça leur ferait plaisir de te revoir. »

Thomas et Carrie Denis étaient des amis de longue date des Gardner. Elinor les connaissait depuis l'enfance et les considéraient comme des membres de la famille, une tante et un oncle qui n'appartenaient pas à leur arbre généalogique. Elle s'entendait particulièrement bien avec Carrie qui avait toujours été douce et à l'écoute. Elinor avait eu plus de facilité à se confier à elle qu'à sa propre mère durant son adolescence. Un sentiment amer qui demeurait lorsqu'elle repensait à cette période, il aurait pu s'estomper avec les années mais le fait est que les choses n'avaient pas tellement changé entre elles.

Erika était toujours guidée par ce besoin irrésistible de répandre son avis sur tout ce qui gravitait autour d'Elinor. Quand Elinor habitait encore sous son toit, elle remarquait les passages peu discrets de dans sa chambre en son absence, à la recherche des secrets que sa fille ne lui confiait pas. Elle avait toujours eu du mal à comprendre pourquoi, mais Elinor était docile et ne s'était jamais vraiment révoltée.

En revanche, elle s'était peu à peu éloignée de sa mère et par extension de son père, qui, n'étant pas le plus fin des observateurs, n'avait pas semblé remarquer cette distance. Elinor se rappelait que chaque interaction était devenue un terrain miné où il était plus simple de fuir ou de mentir que d'encaisser des réflexions malvenues. Une sorte d'abdication de la relation mère-fille qui venait de la postérité elle-même, faisant de Lorelai et Rory Gilmore des figures utopistes.

La liste d'infortunes d'Elinor GardnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant