I. Le dîner

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chapitre réecrit

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chapitre réecrit

𝑰. 𝑳𝑬 𝑫𝑰̂𝑵𝑬𝑹

𝚜𝚊𝚖𝚎𝚍𝚒 𝟷𝟻 𝚘𝚌𝚝𝚘𝚋𝚛𝚎.

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Assise en face de ses parents, Elinor attendait le feu vert de sa mère pour entamer le copieux repas préparé à l'occasion de sa venue. C'était d'ailleurs, un des seuls points positifs qui demeurait quand elle leur rendait visite : le dîner toujours très soigné. Oh, elle aimait ses parents et était toujours contente de voir qu'ils se portaient bien mais leur rendre visite était devenu, au fil des années, une corvée. Lorsqu'elle annonçait sa venue, sa mère prenait les choses si à cœur que ça en devenait embarrassant, elle s'agitait comme si elle s'apprêtait à recevoir un membre de la famille royale. Son père, en apparence plus modéré, était tout aussi enjoué.

Benjamine de la famille et malgré ses vingt-trois années, Elinor restait aux yeux de ses parents, la fillette aux joues rouges et au visage potelé qu'elle avait été autrefois mais surtout la brillante élève à qui ils vouaient une admiration démesurée. En cercle restreint, toutes ces fioritures étaient déjà pénibles mais lorsqu'ils recevaient des invités, c'était pire encore. Qu'ils soient en famille ou entre amis, tous deux s'acharnaient - à ce stade, le terme acharnement était à peine exagéré - à couvrir leur fille de compliments et à vanter sa réussite dans la vie, récoltant au passage quelques compliments pour eux-mêmes, puisque après tout, elle était leur création. Ils pouvaient bien récolter les lauriers, c'était un peu eux qui l'avaient menée à être ce qu'elle était aujourd'hui, une jeune femme à qui tout réussissait.

Les questions concernant leurs deux fils étaient ainsi rapidement balayées pour en revenir au sujet de prédilection : la future grande avocate qui aiderait le monde et à qui ils avaient changé les couches. Elle se sentait parfois un peu honteuse d'attribuer un jugement aussi sévère à ses parents qui avaient un comportement que certains envieraient mais elle n'y pouvait rien, le malaise qu'elle ressentait était trop invasif pour sa constitution psychique. Leur entourage trouvait pourtant attendrissant de nourrir une telle fierté pour leur fille mais en ce qui la concernait, ça l'agaçait considérablement, elle qui était bien consciente qu'elle n'était pas exceptionnelle, elle était en vérité plutôt du genre banale et influençable. Elle n'était certainement pas plus méritante que ses frères qui avaient tous les deux fait de bonnes études et avaient désormais une vie stable, alors pourquoi restait-elle le centre d'attention ? Elle n'avait encore rien accompli de concret dans sa courte existence à part répondre aux attentes du modèle académique et aux envies de ses parents. Des personnes meilleures qu'elle, il y en avait des milliers à commencer par ses frères.

Paul, le plus âgé de la fratrie, était cadre dans une grande entreprise de robots ménagers et s'était marié il y a quatre ans. Il était gentil, intègre et intelligent, il représentait davantage l'archétype de l'enfant parfait qu'elle. En plus d'une carrière assurée et d'une personnalité aussi douce que ses polos en coton, il avait eu deux beaux garçons, de quoi combler les parents qui, en effet, étaient fous de leurs petits-fils aux visages d'anges mais qui n'avaient pas encore matière à les mettre en avant de façon excessive.

La liste d'infortunes d'Elinor GardnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant