Je te choisis.

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Guillaume regarda Aurélien qui était assis sur le canapé de son petit appartement et qui n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'ils étaient partis de chez Julien. Il ne savait pas bien pourquoi il l'avait amené ici, chez lui, mais c'est ce qu'il avait fait sans meme y réfléchir. C'était la première fois qu'il l'amenait ici, la première fois qu'il y amenait n'importe qui d'ailleurs. Il avança une main hésitante pour la poser sur son avant-bras et le sentit frissonner au contact.

« Orel, regarde-moi s'il-te-plaît. »

Ce dernier releva le visage et il vit qu'il avait les larmes aux yeux. De peur ? De peine ? Il ne savait pas. Mais son regard terrorisé lui retourna l'estomac et il posa ses mains avec douceur sur son visage, avant de l'attirer à lui et de déposer un tendre baiser sur ses lèvres.

« Oh, Orel... Ne fais pas cette tête... Tout va bien, maintenant. Julien est loin. »

Aurélien plongea ses yeux dans les siens et secoua la tête avant de plonger cette dernière dans le creux de son cou. Il le sentit agripper de toutes ses forces son tee-shirt dans son dos et il fronça les sourcils avant de poser une main rassurante sur ses cheveux.

« J'ai peur, l'entendit-il murmurer contre sa peau.

— Peur de quoi, Orel ? C'est fini. Tout est fini.

— J'ai peur qu'il ait raison, l'entendit-il dire d'une voix étouffée.

— Raison ? De quoi tu parles ? »

Il força Aurélien à se redresser contre lui et caressa sa joue pour l'apaiser.

« Et si... je n'étais pas assez ? Je sais que ce n'était sûrement pas ce que tu voulais au départ, mais... je suis tombé amoureux de toi. Je ne veux pas être un simple plan cul d'une soirée ou deux ou même de quelques mois pour toi. Je ne veux pas qu'un jour tu disparaisses de ma vie. Je ne veux pas que tu me laisses. Je me suis trop... attaché... »

Guillaume le dévisagea, un fin sourire aux lèvres. Il n'avait donc rien écouté ? Ou peut-être qu'il se l'était dit intérieurement et n'avait rien dit de tout cela à voix haute chez Julien.

« Orel, c'est fini. Je ne suis pas Arthur, je ne suis pas Julien, et surtout, c'est terminé. Je te choisis toi.

— Q-Quoi ? balbutia Aurélien, confus, et il sentit sous ses doigts ses joues mouillées.

— Je ne l'ai peut-être pas dit à voix haute, je sais plus, mais je te choisis toi. J'arrête tout. La drogue, ce boulot minable, les prostituées bon marché... J'arrête de me cacher. Parce que c'est toi que je veux. Je ne disparaîtrais pas de ta vie. »

Il vit Aurélien plonger un regard implorant dans le sien et essayer de le sonder avant de tomber dans ses bras, à bout de force.

« Tu ne me quitteras plus ? Plus jamais ?

— Non. Mais avant ça... j'aimerai une chose.

— Quoi ? murmura Aurélien, exténué. Tout ce que tu veux.

— Je veux qu'on déménage ailleurs. Qu'on recommence notre vie hors de Cergy. Je veux t'emmener loin de ce Julien et de mes anciens problèmes. Je veux pouvoir me concentrer seulement sur toi.

— Ah oui ? rit doucement Aurélien dans son cou. Et si tu regrettes ?

— Ça, ça n'arrivera pas. Pas tant que tu es près de moi, Orel. »

Il déposa un baiser sur son cuir chevelu et l'amena à se redresser afin de mieux le voir.

« C'est d'accord, mon amour ?

Mon amour... répéta Aurélien, un fin sourire sur les lèvres. Je pourrai m'y habituer.

— Tu as une idée de ville ?

— J'ai grandi à Caen. C'est une petite ville plutôt sympa, sourit Aurélien. Si ça te va comme proposition.

— Ça me va parfaitement. On commence à chercher demain ?

— Mamie pourra nous héberger en attendant. Elle m'aime bien. »

Guillaume sourit. Oui, c'était une bonne idée. Comme ça ils pourraient partir le plus tôt possible, dans quelques jours à peine. Il se leva et prit Aurélien par la main, l'entraînant jusqu'à sa chambre. Il s'allongea et l'attira à lui, le serrant contre son torse. Aurélien était bien parti pour s'endormir dans les cinq prochaines minutes et il le sentit se blottir contre lui, profitant de sa chaleur. Lui, il respira son parfum fruité et sourit contre ses cheveux.

« Tu l'as compris que je t'aime, Orel...? Malgré le fait que tu sois un garçon, ce que je n'aurai jamais pu imaginer il y a encore quelques mois. Tu l'as compris hein, mon amour ? »

Aurélien huma simplement pour toute réponse et il vit un petit sourire s'afficher sur ses lèvres. Oui, il l'avait compris. Guillaume sourit en pensant au fait qu'ils allaient recommencer leur vie, ensemble, ailleurs, loin de Cergy. Il allait pouvoir recommencer sa vie. Cette dernière lui donnait une deuxième chance. Avec un garçon. Et loin de lui faire peur, cette pensée lui réchauffa le cœur. Parce que c'était Orel. Et qu'il l'avait choisi. Lui et personne d'autre.

Mini Fiction OrelxGringe - Tout nous sépare 3.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant