4- La visite

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" - Le repas de madame est servi !

Mon ravisseur me tend un plateau sur lequel est posé une assiette de pâtes fumante et une bouteille d'eau. Il a l'air fier de son oeuvre et je ne comprends définitivement pas comment un type aussi idiot peut kidnapper une jeune fille si facilement. 

- Merci, je lâche du bout des lèvres.

L'odeur de nourriture a réveillé mon estomac que je m'efforce de faire taire. Je n'ai pas envie que cet abruti me prenne pour une morfale, aussi je fais diversion en lui parlant de mon idée de génie:

- Je sais que vous ne croyez pas que je suis la sœur jumelle de Camélia mais j'ai une preuve irréfutable. Vous n'avez qu'à fouiller dans mon portefeuille qui est dans mon sac à main, et vous verrez que j'ai raison.

Le type fronce les sourcils et sa réflexion semble durer une éternité. Je visualise très bien ses trois uniques neurones se battre en duel dans son cerveau. Cette image me fait beaucoup rire intérieurement mais je me contiens. 

J'ai beau n'avoir plus peur depuis que j'ai découvert l'intellect fascinant de mon ravisseur, je me méfie quand même. Pour en arriver là c'est qu'il a dû faire des trucs louches dans sa vie et je ne voudrais pas qu'il ne m'arrive malheur avant de sortir de cet endroit.

- Je ne sais pas où j'ai mis votre sac à main malheureusement, alors il va falloir trouver une autre histoire si vous voulez sortir d'ici, princesse.

J'ai envie de lui coller des baffes. Déjà que je ne supporte pas les surnoms idiots qu'il me donne. Et si en plus il a perdu mon sac, je ne réponds plus de moi !

- Mais enfin, je n'avais que ça avec moi ! Vous l'avez forcément emporté avec vous en me kidnappant ! J'ai toute ma vie dedans, comment je vais faire sans ?

Le quadragénaire hausse les épaules. Visiblement ce drame ne le concerne pas et il n'en a rien à cirer. 

- Bon, je vais vous laisser manger pendant que c'est encore chaud, je viendrai récupérer le plateau tout à l'heure.

Oh tiens, maintenant il se soucie de mon bien-être. Abruti ! Ce type me sort par les yeux. 

Il tourne les talons, son crâne chauve luisant sous la lampe. Alors qu'il pose le pied sur la première marche, une idée me passe par la tête. Je lance :

- J'aimerais aller aux toilettes.

- Je vous ai descendu un seau tout à l'heure, il est déjà plein ?

Il incline légèrement la tête, ce qui lui donne un air de chien battu. Je m'énerve un peu plus que nécessaire :

- Il est hors de question que je fasse mes besoins là-dedans ! Je mérite quand même d'utiliser des vrais WC, non ?

Mon ravisseur semble tiraillé mais finalement il accepte.

- C'est d'accord, je vous y emmènerais après manger. Bon appétit.

Sur ce, il gravit rapidement l'escalier et claque la porte derrière lui. Je n'y crois pas, le type m'enlève sans sourciller mais a le culot de me souhaiter un bon appétit ! Décidément, on aura tout vu !

Cependant, je suis vite distraite par mon estomac qui hurle à la mort. Je me jette donc sur l'assiette de pâtes sans aucune grâce et l'engloutit plus vite que l'éclair.

J'ai toujours adoré manger, je pourrais passer mes journées à ne faire que ça. Malheureusement, comme toute personne normalement constituée, je prends du poids lorsque je fais des excès. Du coup, j'ai appris à faire des compromis. Je mange raisonnablement la semaine et m'autorise de gros craquages le week-end. Et jusque là cette technique a bien fonctionné puisque je garde la ligne sans jamais me frustrer.

CAPTIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant