Je suis encore une fois réveillée par le soleil qui filtre à travers la fenêtre barricadée. Je grommelle, les cheveux écrasés sur la moitié de mon visage.
J'ai rêvé que Zoé venait me chercher sur un cheval blanc et me sortait des griffes de son père qui avait pris la forme d'un dragon cracheur de feu.
Malheureusement ma réalité est bien moins joyeuse. Ca fait maintenant plus de quarante heures que je suis captive et je suis au trente-sixième dessous. Je ne suis pas sûre de survivre à une journée supplémentaire sans devenir folle.
Je ne comprends pas l'absence de réaction de mes parents. Et je me demande bien ce que ferait mon ravisseur s'il n'avait pas de réponse à sa demande de rançon. Est-ce qu'il serait capable de me garder prisonnière toute ma vie ? Est-ce qu'il me tuerait ?
Je frisonne et me roule en boule sous la couverture. Ces pensées sont beaucoup trop morbides, pour un réveil en douceur c'est raté.
Je somnole encore un long moment avant d'entendre un pas lourd dans l'escalier. La lumière s'allume sans crier gare et la voix forte de mon ravisseur me fait sursauter.
" - Debout princesse, c'est l'heure du petit déjeuner.
Il me tend un plateau au contenu identique à celui d'hier. Je le remercie d'un hochement de tête. Mes mornes réflexions m'ont coupées l'appétit et la vue du café infect me donne mal au cœur.
- Vous voudrez prendre une douche aujourd'hui ?
Je relève la tête, surprise par son ton conciliant. Je perçois même une once de pitié dans ses yeux. A croire que mon humeur de chien se lit sur mon visage.
Je n'ai qu'une envie, c'est de me rouler en boule et de déprimer toute la journée avec des pop corns et mes deux chats. Mais comme ça ne sera pas possible tant que je ne sors pas de ce trou, je lui répond qu'en effet, j'aimerais prendre une douche.
Il me laisse donc déjeuner en paix. Les croissants sont bons mais je mange du bout des lèvres.
Je suis perdue au milieu d'un tourbillon de sentiments négatifs. J'ai peur de ce qu'il risque de m'arriver, je hais mes parents de ne rien faire pour me sortir de là, j'ai honte d'être si insignifiante à leurs yeux qu'ils ne me calculent même pas et je suis dévastée par cette situation aussi improbable que pesante.
Le café a refroidi et je n'ai aucune envie d'y toucher. A la place, je bois un peu d'eau que m'avait apporté Franck hier soir.
Puis je me recouche en chien de fusil sur le matelas en attendant le retour de mon gardien. Il ne tarde pas et me passe les menottes sans un mot. Je n'ai pas osé lui demandé s'il avait des nouvelles de mes parents mais je suppose que le cas échéant, j'aurais été mise au courant tout de suite.
Il m'autorise un passage par les toilettes, en prenant bien soin de me détacher les mains. Je ne traîne même pas sous la douche, même si ce sont mes seules minutes de liberté de la journée. J'ai juste envie de me mettre au lit et de prier pour que l'on vienne me chercher au plus vite.
Lorsque je suis de nouveau enchaînée dans la remise, aucune parole n'a été échangée. Mon ravisseur m'abandonne à mon propre sort et je suis à deux doigts d'éclater en sanglots.
Pourtant, je pleure rarement. Non pas que je sois insensible, mais j'ai beaucoup de difficultés à extérioriser mes sentiments et ce même lorsque je suis seule. Je ressent énormément de choses mais elles me retournent le cerveau sans jamais sortir de mon subconscient. Et ça a l'inconvénient de mes donner des migraines atroces.
Un grincement interrompt mes tribulations. Franck est déjà de retour, mais pourquoi ?
- Je vous ai apporté de la lecture, j'ai pensé que ça vous ferait passer le temps.
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CAPTIVE
General FictionTout allait bien dans la vie Rose Delière, jeune étudiante en psychologie, jusqu'à ce fameux Vendredi 13. Le jour où elle a été enlevée. Mais son enlèvement n'a rien de banal puisqu'elle se rend vite compte qu'on l'a prise par erreur pour sa sœur...