La journée touche à sa fin et je n'ai toujours aucune nouvelle. Ce midi, Franck m'a apporté mon repas sans un mot. Je crois qu'il m'en veut encore pour l'épisode des menottes, il a dû croire que j'ai essayé de m'échapper.
Ce type est vraiment un idiot. Mais mine de rien, je préférais quand il m'adressait la parole. Je m'ennuie tellement à l'heure actuelle que je donnerais tout pour parler avec lui ne serait-ce que cinq minutes, et ce malgré le fait qu'il m'ait kidnappée. C'est pour dire mon degré d'ennui.
Je connais maintenant par cœur chaque recoin de cette remise poussiéreuse, chaque dalle au plafond. J'ai passé au moins trente minutes à observer une araignée se balader sur sa toile et j'ai amélioré mon record personnel d'apnée à 2'25''. Quelle journée enrichissante !
Par contre, malgré mes heures d'ennui, je n'ai toujours pas trouvé comment sortir d'ici sans attendre d'aide extérieure et cela m'angoisse. Il fait presque nuit dehors, ce qui veut dire que je ne risque pas d'être sauvée ce soir. je vais donc dormir une nuit de plus dans cette remise qui commence à m'oppresser sérieusement.
Je me promets de poser la question de la demande de rançon à mon ravisseur malgré son mutisme. J'en ai ras-le-bol d'être enfermée ici alors il a intérêt de se montrer plus avenant que tout à l'heure, sinon je vais lui montrer de quel bois je me chauffe !
Justement, quand on parle du loup. Un grincement, habituel maintenant, suivis de pas lourds se font entendre.
" - Ah enfin, je suis affamée ! je lance avec un regain de bonne humeur.
Il se tient devant moi, sa pizza fumante à la main qui me ferait presque baver. Voyant qu'il ne semble pas décidé à m'adresser la parole, j'attaque:
- Si c'est à cause de ce matin que vous êtes fâché, il faut que vous sachiez que je n'ai jamais cherché à m'enfuir. Mais ce n'était tout simplement pas possible d'aller aux toilettes avec les mains dans le dos, vous comprenez n'est-ce pas ?
Ses yeux brillent étrangement. Est-ce qu'il se moque de moi là ?
- Tout ne tourne pas autour de vous, princesse. Je suis désolé de vous l'apprendre.
Et bien oui, il se fout de moi ! Non mais j'hallucine, il se prend pour qui lui ? Je voulais juste faire la conversation, pas la peine de me rabaisser ! Quel imbécile ! Et encore, je pèse mes mots.
- A vrai dire, ajoute-t-il sans percevoir mon trouble, quelque chose vous concerne. Enfin, plutôt l'absence de quelque chose. Vos parents n'ont toujours pas donné signe de vie. Ils ont reçu la lettre, j'en ai eu la confirmation, mais n'ont toujours pris aucune disposition à votre sujet.
Mon visage se décompose.
Mais quelle poisse ! Comment se fait-il que mes parents n'aient pas encore agi ? Je sais bien que je compte peu à leurs yeux, mais je suis leur fille et j'ai quand même été kidnappée !
- Mais euh... Vous ne pouvez pas en renvoyer une? Juste histoire qu'ils se depêchent un peu.
Mon ravisseur éclate d'un rire tonitruant et tourne rapidement les talons, me laissant de nouveau seule.
Dépitée, je louche sur la pizza qui me faisait encore de l'oeil il y a deux minutes. Elle me paraît bien fade maintenant.
Mais j'ai quand même un estomac à combler aussi je finis tant bien que mal par me mettre à table.
Franck a pensé à découper les parts de pizza, j'imagine qu'il pouvait difficilement me laisser avec un couteau.
Le mélange exquis de la mozzarella et des tomates me déride instantanément. Une explosion de saveurs recouvre mes papilles et comme d'habitude, c'est la nourriture qui me remonte le moral.
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CAPTIVE
General FictionTout allait bien dans la vie Rose Delière, jeune étudiante en psychologie, jusqu'à ce fameux Vendredi 13. Le jour où elle a été enlevée. Mais son enlèvement n'a rien de banal puisqu'elle se rend vite compte qu'on l'a prise par erreur pour sa sœur...