2- La remise

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Un concert se joue dans ma tête et j'ai le corps tout engourdi. J'ai l'impression d'émerger d'une terrible gueule de bois alors même que je n'ai jamais bu une goutte d'alcool.

 J'ouvre difficilement un œil, tentant de récupérer mes derniers souvenirs. La pièce est sombre et je ne reconnais pas l'endroit où je me trouve. Mon palpitant s'emballe et la panique commence à me gagner.

Je ne comprends pas. Où suis-je ?

Je me souviens être rentrée chez moi en bus et avoir fini le trajet à pied. Je me rappelle avoir passé le portail mais pas la porte d'entrée. J'ai sûrement fait un malaise, vu la faim qui me tiraille l'estomac à l'heure actuelle ça ne m'étonnerait pas. Je savais que ça finirait par arriver, quand je vous dis que c'est important de grignoter !

Mais alors pourquoi est-ce que cette pièce ne me dit rien du tout. Je ne suis clairement pas chez moi et cela m'inquiète. 

Je scrute l'espace autour de moi. Je suis assise dans une sorte de garage, où sont entreposés des dizaines de cartons et d'outils en tout genre. On dirait une remise.

Mais qu'est-ce que je fous là ? 

On est chez qui ?

Je prends enfin conscience d'une chose. On m'a transportée ici, je ne suis donc peut-être pas seule dans ce garage.

"- Hey, il y a quelqu'un ? je demande d'abord à voix basse, puis plus fort.

Pas un bruit. J'entends mon cœur s'agiter dans ma cage thoracique.

J'ai enfin l'idée géniale de quitter cet endroit sordide au plus vite. Oui, je réfléchis vite quand je veux. Je me lève difficilement. Mes jambes sont encore ankylosées et je fais quelques pas pour les dégourdir. Mais là je m'aperçois avec horreur que ma cheville est attachée par un anneau de métal et reliée au mur du fond par une chaîne.

C'en est trop pour mon petit cœur qui menace de lâcher sous la pression. Je ne peux empêcher un cri de terreur de sortir du plus profond de mes entrailles.

- Au secours !

C'est plus fort que moi, la panique prend le dessus. Mes membres se mettent à trembler et il ne me faut pas longtemps pour tomber à genoux. Les larmes font rapidement leur apparition et je me transforme rapidement en fontaine.

Il me faut un long moment pour reprendre un semblant d'aspect humain. Mon palpitant s'acharne toujours autant dans ma poitrine mais j'ai réussi à calmer mon souffle et mes pleurs se sont taris.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Pourquoi Diable quelqu'un chercherait à me kidnapper ? Je sais bien que j'ai un talent certain pour imiter les cris d'animaux et que je suis plutôt bonne cuisinière mais à part ça je n'ai rien d'extraordinaire.

Complètement paumée, je me  redresse sur mes pieds dans l'espoir de découvrir un indice sur le lieu où je me trouve.
L'escalier qui permet de descendre dans la remise se trouve sur ma gauche et sur le mur qui me fait face se trouve une fenêtre barricadée, seule source de lumière, mais la chaîne qui me retient prisonnière n'est pas assez longue pour que je m'en approche.

Avec cette fichue laisse au pied j'ai un rayon de déplacement d'à peine un mètre et j'ai vite terminé ma mission de reconnaissance.

Pas plus avancée qu'avant, je me prends la tête entre les mains et soupire. Quelle poisse ! Décidément, le vendredi 13 est vraiment mon jour préféré ! 

Je finis par me rasseoir car mes pieds sont toujours traumatisés par cette folle matinée. 

Les minutes s'étirent à l'infini et à part les hurlements déchaînés de mon estomac, rien ne vient troubler le silence.

CAPTIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant