8- Revirement de situation

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Le soleil décline petit à petit et mon estomac commence à me faire souffrir. J'ai passé l'après-midi à lire et j'ai dévoré le roman d'amour ainsi qu'un des deux romans policier que m'a apporté Franck ce matin.

Mes yeux me piquent mais le suspens est tel que je ne peux pas m'arrêter de parcourir les lignes sous mes yeux. Je suis comme ça, quand un bouquin me plaît ça me prend aux tripes et je suis incapable de m'en décrocher jusqu'à ce qu'il soit terminé.

Je suis persuadé que c'est la vendeuse qui est coupable du meurtre mais mon instinct d'apprentie détective est probablement mis en berne par mon estomac qui fait des siennes. Elle s'apprête à faire une révélation, sûrement du fait que c'est elle qui a tué le facteur. 

Mais malheureusement pour moi, mon enquête est interrompue par un raclement de gorge:

" - C'est l'heure du dîner.

Je sursaute en apercevant mon ravisseur me tendre un plateau fumant. Je ne l'avais même pas entendu descendre tant j'étais plongée dans l'intrigue du roman. Je marmonne un vague merci et attrape mon repas, pressée de retourner à ma lecture.

Mais Franck n'est pas de cet avis et continu de me fixer avec un regard étrange. Je l'observe se dandiner d'un pied sur l'autre, visiblement mal à l'aise.

- Tout va bien ? je demande finalement, curieuse de son attitude plus que bizarre.

Il frotte son crâne dégarni et finit par prendre la parole:

- Je vous dois des excuses.

Son ton est grave et je reste interdite. Mais qu'est-ce qu'il me chante tout d'un coup ? Il a l'air complètement chamboulé et moi je ne capte pas un mot de ce qu'il raconte.

- Je... Votre sœur est passée dans une émission télé cet après-midi. En direct.

L'information met quelques secondes à remonter à mon cerveau engourdi. Puis ça fait tilt. Ca y est, il a enfin compris ! Il sait que je ne suis pas Camélia ! Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi ! 

La fanfare démarre dans ma tête et un immense sourire éclot sur mes lèvres. J'aurai bien serré dans mes bras mon ravisseur s'il n'y avait pas cette maudite chaîne à mon pied. 

Je suis tellement soulagée que ce cauchemar soit terminé. Il était temps !

- Je suis vraiment désolé, j'aurais dû comprendre plus tôt.

Mon ravisseur continue sa litanie d'excuses mais la fiesta dans mon cerveau m'empêche de tout entendre. Je suis sur un petit nuage et pour la première fois depuis ces deux derniers jours, ma vie reprend enfin ses couleurs.

Mais la fête est de courte durée car il me lance sans préambule:

- Par contre, je ne sais pas quoi faire de vous. Mon patron m'a interdit de vous relâcher.

Je tombe des nues.

- Quoi ? Mais comment ça ? Je n'ai aucune valeur pour mes parents, vous l'avez bien compris. Je ne vous rapporterai pas un seul centime alors à quoi cela peut-il vous servir de me garder captive ?

- Et bien, si ça ne tenait qu'à moi je vous laisserai partir, mais le boss a peur que vous ne parliez à quelqu'un ou pire, que vous ne racontiez tout ses plans à la police.

Je m'insurge.

- Mais enfin, je ne connais rien de votre patron ou de ses plans, je ne sais même pas où je me trouve actuellement ! Endormez-moi ou bandez-moi les yeux et ramenez-moi chez moi, s'il-vous-plaît !

Mon ravisseur se fait tout petit et semble vraiment prendre ma situation à cœur. J'ai un instant l'espoir de lui avoir fait entendre raison mais il m'explique finalement qu'il n'a pas le choix.

CAPTIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant