III. Cap sur l'Afrique

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Paris, 28 juin 1881

Je me réveille difficilement après une longue nuit de sommeil, m'étire et bâille. J'ouvre les rideaux de l'appartement et découvre un magnifique temps sur les Champs-Élysées. J'enfile une chemise blanche et un pantalon en toute hâte en dévalant les escaliers, puis je sors par ma boulangerie fermée ce lundi, dont François s'occupe lorsque je ne suis pas là, prenant au passage deux croissants préparés hier. Je vais profiter de ma permission pour le revoir. Je marche d'un pas enjoué sur la grande avenue, me dirigeant vers l'hôtel particulier de mon ami ; je ne l'ai pas vu depuis mon entrée dans l'Armée française, il y a presque quatre ans.

Je toque à sa porte, qui s'ouvre quelques instants plus tard sur lui, on ne peut plus heureux.

– Maximilien ! Quelle surprise !

Il me prend vigoureusement dans ses bras, me faisant presque suffoquer. Bien qu'il ait désormais quarante-six ans, François n'a absolument pas changé.

– Entre, je t'en prie ! me dit-il, me montrant le salon d'un geste de la main.

Nous nous asseyons dans le canapé du vaste salon qui m'est tant familier.

– Alors, Maximilien, qu'est-ce que tu deviens ?

– J'ai tellement de choses à te raconter ! Ces quatre dernières années ont été très agitées, je n'arrête presque jamais de partir en mission. J'ai monté les échelons jusqu'au grade de commandant et...

– QUOI ?! me coupe François, se levant d'un bond. Mais c'est fabuleux ! On va aller fêter ça, je t'invite au restaurant !

Je m'exclame, levant un sourcil.

– Si tôt ?

– Et bien, oui, tu n'as pas vu l'heure ?

Je consulte ma montre et m'aperçois qu'il est déjà midi passé.

– Je me suis réveillé si tard que ça ?

Il me regarde d'un air enfantin.

– Allez, viens !

Nous descendons côte à côte l'avenue des Champs-Élysées, puis marchons le long des quais de la Seine. Le temps est vraiment magnifique. Les bâtiments, les arbres, les passants, les quais séculaires se reflètent dans l'eau limpide du fleuve parisien. Nous entrons dans le restaurant, situé dans un grand immeuble haussmannien. Alors que nous nous installons, prenant commande presque immédiatement après, je prends conscience que je n'ai pas mangé dans un restaurant depuis fort longtemps. Les plats défilent aux tables adjacentes, et mon ventre gargouille déjà en signe d'approbation de la qualité remarquable de leur fabrication. Quelques interminables minutes plus tard, nos plats arrivent enfin.

– Mmmm... Délicieux rôti de porc... s'exclame François en face de moi, en mâchant consciencieusement.

Je lève alors la tête de mon assiette, la bouche pleine de riz basmati, mangeant mon plat tel un affamé, à une vitesse extraordinaire. Il pouffe de rire. J'avale difficilement, amusé, manquant de m'étouffer ; je prends la parole après une longue gorgée de sauternes, respirant un peu mieux.

– Alors, comment vas-tu, François ? La boulangerie tourne bien ?

– Oh, très bien. Tes employés suivent parfaitement les recettes que tu leur as laissé, donc tes produits, mais surtout tes viennoiseries et pâtisseries, restent délicieux et renommés à travers toute la capitale. Et toi, alors ? Dis-moi tout ! Comment as-tu pu devenir si rapidement commandant dans l'armée ?

J'hausse les épaules, me remémorant les discours de mes supérieurs.

– Lors de mes missions, les officiers m'ont épinglé en tant que « fin stratège et courageux combattant », ce qui a accéléré mon parcours... Je dois dire qu'au moins, en quatre ans, grâce à cette remarque, j'ai pu gravir les différents grades jusqu'au poste de commandant avec une rapidité qui m'étonne moi-même.

Les Méandres du Passé - RomanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant