𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎

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Il était une fois, dans un petit village d'Allemagne, un jeune garçon du nom d'Eren Jaeger. Eren venait de fêter ses dix sept ans et était d'une grande beauté. Mais sa beauté n'était pas sa seule qualité, non. Il savait parler plusieurs langues, savait jouer de nombreux instruments et, surtout, avait une voix exceptionnelle. Quand il se mettait à chanter c'était comme si tout autour de lui prenait vie. Le vent se mettait à siffler, l'herbe se mettait à danser, et les oiseaux venaient l'accompagner dans un chant mélodieux. C'était cette voix qui faisait la fierté du royaume tout entier. Il était convié aux fêtes organisées par le roi et la reine et se chargeait d'animer leur soirée, en chantant ou jouant du piano. Tout le monde admirait ce garçon.

Mais un jour un homme du nom de Jean Kirstein — qui était un puissant sorcier — arriva dans la contrée et rendit visite à Eren. Celui-ci qui était d'une nature très polie le salua et lui demanda ce qui l'avait mené jusqu'à lui. La politesse dont fit preuve le garçon ne fit que renforcer la haine que le sorcier éprouvait pour lui. Il le regarda de haut en bas et lui dit :

— Toi, l'enfant dont tout le monde parle. Celui qui a gâché ma vie. Celui que l'on qualifie comme parfait. Oui, toi Eren Jaeger, je te maudis et je vais montrer au monde entier ton vrai visage.

Eren n'eut pas le temps de répliquer. Jean leva ses mains en l'air et commença à réciter une formule dans une langue qu'Eren ne reconnaissait pas. Au bout d'un certain temps, une lumière rouge en jaillit et vint entourer Eren. Ce dernier essayait de se débattre, mais en vain. Il ne pouvait rien faire. À travers les rayons lumineux nous pouvions voir le corps d'Eren changer du tout au tout. Son nez s'agrandissait, ses lèvres se gonflèrent, sa bouche s'élargit, son menton doubla de taille, ses oreilles s'agrandirent, et sur sa peau se formait de petites tâches rousses ainsi que des pustules. Concernant son corps, ses épaules s'élargirent, ses pieds s'allongèrent d'au moins quatre centimètres, et tout ce qui faisait de lui un être beau et désirable était maintenant réduit à néant. Seuls ses grands yeux verts demeuraient intacts.

Quand sa transformation fut terminée, le garçon mit ses mains sur son visage et alors ce qu'il sentit l'horrifia. Il se rendit devant un miroir pour être sûr de ce qu'il redoutait tant et il eut envie de hurler. Il eut envie de hurler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il se tourna vers le sorcier. Celui-ci jubilait devant ce qu'il considérait comme un chef-d'œuvre.

— Ha ha ha !! Toi qui étais si beau, qui avais tant de talents, et qui étais si parfait ! Et ta voix, oui, que vas-tu faire maintenant que tu n'as plus ta voix ? Plus personne ne voudra de toi ! Car personne ne veut d'un monstre ! Tu trouves ça affreux, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas le pire ! Non, le pire c'est que tu resteras ainsi éternellement. Jamais tu ne mourras. Ni de faim, ni de fatigue, non jamais ! Bien sûr, tu devras te nourrir comme les autres hommes, mais si tu ne le fais pas cela ne te causera pas la mort. Seulement une douleur insupportable.

Eren voulut pleurer. Le soir même il était convenu qu'il se rende chez sa majesté pour animer la soirée, mais sous cette apparence et sans voix cela lui était impossible. Il partit en courant vers la demeure de ses parents, s'il y avait bien un endroit où il pourrait trouver de l'aide ça serait à leurs côtés. Mais quand il arriva chez lui et qu'il croisa son père, celui-ci prit peur. Il attrapa une fourche et tenta de transpercer Eren avec. Le garçon, blessé d'être rejeté ainsi, partit se réfugier dans un endroit où il n'effraierait personne. Il se rendit dans une forêt se trouvant à des kilomètres de son village. Il y résida là-bas durant de longues années, se nourrissant des animaux qu'ils croisaient et dormant dans les arbres. Cela faisait quatre-vingt-six ans qu'il était sous cette forme, et la compagnie des hommes lui manquait. Alors un jour il se rendit à ce qui était autrefois son village. Il voulait y voir des gens normaux, des gens autres que les animaux qui peuplaient la forêt.

Une fois là-bas, il se dissimula derrière un grand chêne et observa les gens qui déambulaient dans les rues. Eren se sentait bien de voir des gens heureux autour de lui. Tout était calme, paisible. Jusqu'au moment où un enfant qui avait découvert Eren se mit à hurler.

— UN MONSTRE ! UN MONSTRE !

En voyant la détresse du garçon, Eren voulut le calmer mais sa mère arriva et eut la même réaction que son fils.

— UN MONSTRE !! TUEZ-LE !

La garde royale qui était non loin de l'endroit où ils se trouvaient accourut vers la femme et son enfant. Ils ne tardèrent pas à voir Eren et de part sa laideur, l'attrapèrent et le traînèrent dans les rues du village où il fut exhibé aux yeux de tous. Il entendit les moqueries et les cris de peur des villageois. Lui, qui avant était tant aimé et tant admiré se trouvait maintenant être une bête de foire. Il fut mis en cage avec d'autres hommes, qui eux aussi l'évitaient, et fut mené à la capitale. Il ignorait ce qui l'attendait là-bas et craignait le pire.

Une fois à destination, on le fit sortir de sa cage, le marqua au fer rouge d'une marque dont Eren ignorait la signification, l'enchaîna et le traîna jusqu'à une estrade où plusieurs personnes le regardaient. Son bourreau arriva près de lui et commença à parler.

— Mesdames et Messieurs ! Pour aujourd'hui je vous propose un spécimen tout à fait unique ! Il désigna Eren de la main. Cette chose a été découverte dans le village de Trost par une femme alors qu'il s'apprêtait à attaquer son enfant. Et en plus de sa laideur il est muet !

De l'indignation se fit entendre de la part du "public". Ce que disait l'homme était bien évidemment faux, mais n'ayant plus de voix Eren ne pouvait contester.

— J'ignore s'il a des capacités spéciales mais vous pourrez toujours le tuer si il ne vous sert à rien. Bien, commençons les enchères avec dix livres.

Personne ne se manifesta.

— Personne ? Vous savez, je peux comprendre vu sa gueule.

Il savait ce qui allait lui arriver si personne ne l'achetait. Il serait exécuté. Car s'il ne pouvait mourir naturellement il le pouvait si c'était de la main de quelqu'un. Eren s'en était rendu compte cinquante ans plus tôt lorsqu'un ours l'avait attaqué. Il avait été blessé et cela avait mis plusieurs semaines avant de cicatriser.

— Toujours personne ?

— Si, moi !

Eren se tourna vers son sauveur et vit le garçon approcher.

Il devait avoir dans les dix neuf ans, était petit et brun. Ses yeux étaient gris et il avait la peau pâle.

— Prince, vous en êtes sûr ? Un spécimen aussi laid comme serviteur pourrait faire peur à vos autres domestiques. Sans compter qu'il pourrait vous attaquer.

— C'est vrai que sa beauté n'est pas là sa plus grande qualité mais chacun a ses défauts. Quant à sa possible agressivité, ne vous inquiétez pas. Je saurais me défendre. Maintenant amenez-le-moi.

L'homme tira sur ses chaines et l'amena jusqu'au prince. Celui-ci le remercia, le paya et emmena Eren jusqu'à son palais. Et ainsi l'histoire commença.

1250 mots

𝚁𝚒𝚛𝚎𝚗 - 𝙻𝚎 𝚙𝚛𝚒𝚗𝚌𝚎 𝚎𝚝 𝚕𝚎 𝚕𝚊𝚒𝚍𝚎𝚛𝚘𝚗 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant