Une parole et tout bascule [Originale]

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Le réveil sonna, fort et strident, sortant Chelsa de son profond sommeil. Papillonnant encore des paupières, elle éteignit l'engin maléfique et laissa retomber son bras sur le bord du lit. Il était six heures du matin et il fallait qu'elle se lève pour aller travailler. Prenant son courage à deux mains, elle retira doucement la couette pour ne pas réveiller Lucie, sa compagne. Chelsa se leva et alla discrètement dans la salle de bain pour prendre une douche, elle lava ses cheveux noirs corbeaux et passa le savon partout sur son corps. Laissant l'eau chaude la détendre et dénouer ses muscles encore engourdis de sommeil. Puis, elle sortit et enfila son uniforme rouge et blanc un peu trop serré à son goût, ce qui lui valait des regards en coin des puceaux du quartier. Elle coiffa ses longs cheveux en regardant son reflet dans la glace. Elle était fatiguée, des rides s'étiraient sous ses yeux noisette et sa peau était blanche comme neige. Elle noua sa tignasse en un chignon serré et prit un rapide petit déjeuner fait de lait et de céréales. Le frigo et les placards étaient de plus en plus vide chaque jour, vivement la fin du mois pour avoir son salaire. Discrètement, elle quitta l'appartement sur la pointe des pieds pour se diriger à son lieu de travail.Après avoir marché plusieurs minutes dans les rues encore sombre et fraîche de la matinée. Finalement, elle arriva devant le grand magasin ou elle passait ses journées. Sortant son badge, elle passa par l'entrée des employés et bipa sa carte pour signaler qu'elle était arrivée. Plusieurs personnes étaient déjà présentes et s'affairer aux travaux, préparant des commandes pour les clients commandant par Internet. Aujourd'hui, Chelsa commencerait par de la mise en rayon, elle soupira et se mit à l'œuvre.Trois heures plus tard, ouverture du magasin, les premiers clients commençaient à affluer avec leur liste de course et leur caddie. Chelsa regarda les clients, toujours les mêmes. Leur village était petit et tout le monde connaissait tout le monde. Dès qu'il y avait un évènement cela faisait le tour du village, la dernière fois une nouvelle famille avait emménagé, ils avaient eu du mal à s'intégrer. Cela pesait sur la jeune femme, elle n'aimait plus cette routine quotidienne et la morosité de sa vie. Elle passait ses journées à travailler dur pour un salaire de misère, pendant que Lucie restait les fesses dans le canapé. En y repensant, elle se crispa et se vida la tête pour penser à autre chose, elle l'aimait. De toute façon, les hommes étaient tous des rustres et des pervers accro au sexe.Les gamins du quartier commencèrent à la regarder et à parler d'elle, son pantalon moulant mettait bien trop en valeurs ses courbes féminines, cela la dérangeait. Elle serra les dents et se concentra sur son travail, non sans entendre les remarques sexuelles faites à son sujet. Son poing se serra en prenant une brique de soupe pour la ranger.

- Excusez moi ? demanda alors une voix masculine.

- Quoi ! s'exclama-t-elle en se retournant avec violence vers...un parfait inconnu.

La surprise la laissa sans voix, cet homme ne lui disait rien du tout. Pourtant, elle connaissait tout le monde. Il avait des cheveux en bataille châtains juste sortit du lit, mais des yeux verts pétillant plein de malice et d'intelligence. Il faisait une tête de plus qu'elle et semblait assez surpris de sa réaction brutale et inattendu.

- Pa, pardon, balbutia-t-elle toute gêné en rangeant sa brique dans son rayon, je suis mal réveillé.

- Ce n'est rien, l'excusa-t-il en esquissant un petit sourire qui aurait fait craquer n'importe qu'elle femme.

Chelsa resta de marbre, ignorant la légère accélération de son petit cœur. Cela faisait bien longtemps que les garçons la laissaient indifférente.

 - Pouvez vous me dire ou se trouve le rayon des produits laitiers ? demanda-t-il calmement.

- Oui bien sur, tout au fond à droite, il est assez bien caché.

- Merci beaucoup, remercia-t-il en partant sans demander son reste.

Chelsa brûlait d'envie de lui poser des questions. Cela faisait très longtemps que personne de nouveau n'était venu s'installer en ville, il allait sûrement faire parler de lui, surtout par les filles. Même si elle ne s'intéressait pas aux garçons, la brune savait reconnaître un bel homme. Retenant sa curiosité, elle se replongea dans son travail du mieux qu'elle pu.Plus tard, on la transféra à la caisse ou elle pu enfin s'asseoir, mais pas se poser pour autant. Elle ne s'arrêtait pas, passant tous les articles à la chaîne. Enfin, il y eu un moment d'accalmie et elle s'étira sur son siège. De court durée, car un nouveau client venait de poser son panier sur le tapis roulant, prenant les articles, elle les passa mécaniquement sans réfléchir. Une fois terminé, elle annonça le prix et faillit s'étrangler en se trouvant de nouveau face au jeune homme. Il n'y prêta pas attention et sortit une carte bancaire de son portefeuille pour taper son code. Elle lui donna son ticket de caisse et le laissa remplir son panier qui était plein à craquer. Normal s'il venait juste d'arriver. Sa gorge se noua, elle se demandait ce qu'elle mangerait ce soir, tout était vide. Elle remarqua alors qu'elle n'était pas la seule à prêter attention au jeune homme, les vieilles dames lui jetaient des regards en maugréant des choses inaudibles. L'une d'entre elle, Véronique, tapa le sol de sa canne et interpella le nouveau de sa voie râpeuse et usé par le temps.

Recueil One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant