Une fleur de cerisier

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Constant était ce que les gens appelaient, un garçon « étrange ».

Il n'avait aucune expression faciale. Personne ne pouvait jamais savoir à quoi il pensait, personne ne pouvait deviner ses sentiments, ce qui le faisait sortir de l'ordinaire. Les gens assumaient qu'il n'avait pas de cœur, pas d'émotions. C'était pour cette même raison qu'ils n'osaient pas vraiment se rapprocher de lui ou même, lui parler. Son manque d'expression les faisait fuir, il leurs faisait peur.

Constant s'était alors habitué à vivre, seul, dans son coin, attendant patiemment la fin de ces années scolaires pour pouvoir enfin, partir, s'évader. Car, au fond, il souhaitait trouver quelqu'un qui voudrait bien apprendre à le connaître, quelqu'un qui passerait outre le fait qu'il ne souriait, riait, pleurait pas. Il cherchait, quelqu'un qui l'accepterait tel qu'il était. Car, même si le garçon n'avait pas d'expression, cela ne voulait pas dire pour autant qu'il ne connaissait pas la tristesse, l'amertume, la douleur, le bonheur, l'espoir, la peur. Le monde oubliait, que lui aussi, il était humain.

Il était incompris, une âme solitaire vagabondant sur Terre. C'était un garçon fragile, facile à piétiner, à écraser. Il était un rêveur éperdu, un adolescent complètement égaré, recherchant juste de l'affection, de l'amour.

Et, pourtant, même si personne ne voulait l'accepter, même si tout le monde ne voyait que la surface du jeune homme, comme pour un ice-berg tout était caché en dessous, dans les profondeurs de son cœur ; même si il ne montrait que des regards vides, le jeune homme brillait.

Il brillait tellement fort, on aurait dit qu'une partie de soleil était enfermé dans son petit être. Il avait une aura attirante, fascinante, exceptionnelle, le genre qui emportait, qui enivrait tous les sens. Il était si harmonieux, si simple, si gracieux, si mélodieux qu'on aurait cru se retrouver face à une oeuvre d'art.

Il était comme un bout de nature qui commençait à se réveiller, curieux, doux. Il était l'une des premières fleurs à bourgeonner, agréable, délicat. Il était loin d'avoir un coeur fait de glace, de pierre;  trop de bonté, de beauté étaient renfermées en lui.

Et, une fois, qu'on l'avait découvert, réellement vu, on ne pouvait s'arrêter de l'admirer, nos yeux étaient éblouis par tant de poésie dans un corps ne montrant normalement aucun signe, à travers un visage ne mimant aucun sentiments.

Constant n'avait peut-être pas d'expression faciale, il ne savait pas étirer ses lèvres jusqu'à ses oreilles, il ne connaissait pas l'existence des larmes, il n'avait pas l'aptitude de froncer ses sourcils, il ne comprenait pas comment faire des grimaces, il n'avait pas acquis le mouvement de ses traits faciaux, il ne contrôlait pas sa figure.

Mais, caché presque toute l'année, toutes les saisons, il ressortait quelques temps, remontait à la surface et dévoilait sa vraie nature. Pendant un court instant, il montrait qu'il était tendre, serein, plaisant, séduisant, docile, légèrement sucré, magnifique. Pendant un court instant, Constant révélait qu'il était comme une fleur de cerisier.

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