Kalmie

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«Tu veux étudier quoi après le lycée? » lui demandaient ses proches à chaque fois qu'il la voyait.

« Tu veux faire quoi plus tard? »lui répétaient ses professeurs.

Calystée les regardait, perdue, avant de répondre toujours par la même réponse. Elle ne savait pas.

Questions après questions, elle se sentait enfoncer dans le sol.

Le futur, c'était quelque chose qui l'avait toujours effrayée. Elle vivait dans le présent, au jour le jour, prenant le moment quand il venait. Elle n'aimait pas prévoir, penser aux instants qui allaient venir. Elle voulait profiter du maintenant.

Mais, au fond, elle savait qu'elle devait penser à ce qui allait ce passer, parce que tout le monde le faisait. Et rester en arrière, ça l'effrayait encore plus.

Habitant dans les montagnes, Calystée s'y sentait en paix, autour du délicat chant de la nature. Elle passait beaucoup de temps dans ses prairies, réfléchissant à ses questions.

Il n'y avait rien qui la passionnait vraiment, elle aimait plusieurs choses, mais rien de concret ne venait à son esprit. Elle n'était pas particulièrement douée pour quelque chose, comme elle n'était pas particulièrement nulle dans certains sujets.

La jeune fille sentait ses longs cheveux s'emmêler au rythme du tendre vent, le regard oublié dans le paysage pittoresque. Ses cheveux étaient un peu comme des feuilles la protégeant des insectes curieux, des moments inconfortables.

Même si le printemps venait à sa fin, il faisait encore froid dans les altitudes. Pourtant, Calystée y restait, y vivait, elle trouvait que le froid était rassurant. Malgré toutes ses craintes, le froid la prenait dans ses bras et lui disait que tout allait bien se passer.

Quelques fois, elle trouvait ça injuste. Elle était si jeune, et pourtant, le monde en attendait tellement d'elle.

Elle se sentait violette, sombre, toxique envers elle même. Si elle ne savait pas et qu'elle ne pouvait même pas faire ce choix qui devait changer toute sa vie. Qu'est ce qu'elle allait bien pouvoir faire?

Trop de pourquoi sans réponses, laissés et accumulés au fil des années.

Mais, au fond d'elle, Calysée savait qu'elle avait tellement de graines, de possibilités. Et c'était ça qui l'effrayait. Elle avait tellement de choix, qu'elle ne savait pas. Elle aurait préféré avoir une passion, quelque chose de stable pour qu'elle puisse ce concentrer sur ce sujet, en faire des études, un métier. Elle aurait voulu un seul chemin, une seule voie.

Après des heures, des semaines de contemplation et reflexion, elle se rendit compte qu'elle n'était pas si mécontente d'avoir tous ses différentes opportunités, toutes ses portes ouvertes devant elle.

La jeune fille savait. Elle savait qu'elle voulait tout essayer. Elle était comme le laurier montagnard, la kalmie, au milieu de plaines, résistante, ouverte, attendant patiemment de bourgeonner.

«Je veux tout faire», décida-t-elle de répondre à chaque fois que les interrogations s'approchaient vers le creux de ses oreilles.

Peut-être que ça n'allait pas marcher, qu'elle allait dévier dans de différentes carrières, changer après un jour, après une semaine, après des mois, après des années. Mais, il y avait tellement de ressources qui l'intéressait que ça ne l'effrayait plus autant qu'avant. Elle avait tellement de choix dansant devant ses yeux doux.

Elle était toujours un peu peureuse mais, elle était consciente qu'elle n'avait pas rien. Au contraire, elle avait tellement.

Calystée c'était un arbuste rempli d'aventure, d'inspiration, d'espoir, de potentiel.

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