Coquelicot

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Il y a des gens qui on besoin de bouger leur corps pour pouvoir se sentir vivre, libre.

Naya était une de ces personnes.

Depuis son plus jeune age, elle avait besoin de faire quelque chose, de se défouler, d'utiliser toute l'énergie qui se renfermait dans son corps. Elle avait testé un nombre incroyable de sports, de l'escalade au volley-ball, de l'équitation au karaté, de la natation à la dance, de badminton au rugby.

Mais, la course à pied était le sport qui était resté avec elle, c'était celui qui la fascinait le plus et qui marchait le mieux pour elle.

Elle attentait avec impatience le moment de la journée où elle pouvait enfiler ses baskets et s'en aller jusqu'à qu'elle n'ait plus de souffle, jusqu'à que ses jambes soient prêtes à lâcher.

Ce qu'elle appréciait avec la course à pied, c'était que son corps suivait une trajectoire tandis que son esprit s'évadait. D'une certaine façon, elle pouvait penser et imaginer des centaines et centaines de scénarios différents comme elle pouvait se laisser emporter au rythme des battements de son coeur.

Naya n'aimait pas courir avec de la musique dans ses oreilles. Bien qu'elle appréciait grandement l'écouter, elle trouvait que ça ne devenait que des bourdonnements la coupant du monde extérieur.

Elle aimait la nature. Alors, c'était important d'avoir tous ses sens éveillés. C'était l'une des raisons pour laquelle elle n'appréciait pas entendre des sons et paroles dans ses tympans. Elle avait besoin d'écouter la forêt, les animaux et insectes qui chantent, les arbres qui dansent. Elle se devait de garder les yeux ouverts pour voir un tableau de couleurs, de vie.

Sa saison préférée pour courir était l'été, plus besoin de se renfermer sous des dizaines de couches ou de se prendre une douche quand elle posait un pied à l'extérieur.

Elle préférait courir dans les champs secs, quand l'herbe avait une couleur jaune, séchée par le soleil. Quand les animaux étaient sortis dans les prés. Quand les cigales chantaient.

Elle attentait le soir, juste avant que le soleil ne se couche. Elle attentait la brise fraiche qui faisait voler ses cheveux écarlates. Elle attendait de voir les différentes nuances de couleurs de la tombée de la nuit.

Mais ce qui l'émerveillait le plus, c'était les coquelicots qui dansaient sur le bords des chemins. Rouge écarlate, un peu comme ses cheveux, avec des pétales veloutés soutenues par un centre noir bleuté. Ses couleurs si vives étaient ce qu'elle recherchait à partager au monde, elle voulait montrer sa personnalité éclatante.

Sauvage, fragile, friable dès qu'on la récoltait, la fleur tachait, laissant une trace de sa vie sur ses prédateurs. Naya les admirait, à chaque fois qu'elle sortait au crépuscule du soir, elle ne pouvait s'empêcher de poser son regard sur elles.

Pendant quelques mois, elle se contentait de courir à ses côtés, heureuse de pouvoir côtoyer cette végétation qui lui rappelait l'éclat éphémère de l'été. Pendant quelques mois, la jeune fille resplendissait et son coeur d'adolescente était apaisé. Et c'était peut-être parce qu'elle avait enfin trouvé quelqu'un qui lui ressemblait, quelqu'un qui la comprenait.

Un monde en fleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant