Un monde en fleur

Tournesol

Thi ne vivait que pour le soleil pénétrant sa peau, l'air étouffé de la chaleur baignant dans ses poumons, l'odeur des prés dansant à l'unisson.

La jeune fille ne supportait pas le mauvais temps, les nuages couvrant l'atmosphère, les pleurs du ciel. Ça lui donnait un goût amer dans sa bouche et soudainement, elle n'avait plus envie de rien faire. Elle passait ses journées au lit, se cachant, hibernant; comme si le monde arrêtait de bouger quand il ne faisait pas beau. Comme si il n'y avait plus d'espoir, de désir, de possibilités. Comme si il n'y avait plus aucune raison de se lever, de manger, d'exister.

Elle était affectée par le temps, les saisons.

Plus il faisait beau, chaud, plus elle grandissait, elle riait, elle vivait. Et à l'inverse, plus il faisait sombre, froid, plus elle perdait gout à la vie, à sa propre existence.

Quelques gens l'appelaient depression saisonnière mais, pour Thi, ce n'était pas qu'un manque de lumière qui la rendait morose, qui l'empêchait de survivre. C'était la canicule chantant dans son dos, au dessus de sa tête et sur tout son corps; c'était le soleil s'imprégnant dans ses os, dans son sang qui étaient absolument nécessaires.

Elle en avait désespérément besoin.

Et ce n'était pas que son coeur qui en avait besoin, son corps aussi. Durant la majorité de l'année, surtout les mois froids, ses cheveux blonds arrêtaient de pousser. Ils se détérioraient, peu à peu. Ses membres devenaient fatigués et courbaturés jusqu'à qu'elle ne puisse plus faire un pas en avant sans recevoir des spasmes de douleur à travers toute son âme.

Alors quand, finalement, les mois les plus durs étaient passés, ceux qui l'avaient suffoquée au plus profond de son coeur, enfoncée dans un trou noir sans fin. Elle poussait à nouveau à une vitesse surprenante, chaque jour, elle changeait, elle fleurissait.

Thi c'était un tournesol.

Elle se levait chaque matin, se tournant vers le soleil à chaque instant, le suivant de si près, absorbant chacune de ses vitamines. Elle se sentait en paix avec elle-même.

Durant ces quelques mois, la jeune fille était tellement belle, elle resplendissait de bonheur. C'était beau à voir, ses bras et jambes courant dans les feuilles d'un vert éclatant, ses cheveux brillant de pétales jaunes, ses yeux bruns pétillant de passion, d'adoration, d'ivresse.

Son sourire s'élargissait et occupait son visage enfantin.

Excitée, elle partageait ses émotions au monde, lançant des graines dans chaque champs, sautant toujours un peu plus haut, riant toujours un peu plus fort.

Quand son ami le soleil se couchait, son éternel sourire semblait aller dormir, lui aussi. Mais, elle savait qu'elle avait encore du temps en sa présence, elle avait quelques mois. C'était court, bref et, elle aurait voulu que le soleil d'été resplendisse toute l'année pourtant elle était heureuse de l'avoir, près d'elle, près de son cœur.

C'était tellement simple, et pourtant, ça faisait son bonheur.