Hibiscus

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Idil aimait la musique qui arrachait les oreilles, les attractions qui faisaient retourner l'estomac, les répliques qui clouaient le bec et les films d'horreurs. Elle voulait toujours avoir le dernier mot, se faire respecter, gagner. Elle adorait provoquer les gens, jouer, avoir le contrôle, les faire tourner en bourrique.

Derrière ce caractère, on aurait pu croire qu'il se cachait une fille un peu moins sure d'elle-même. Pourtant, Idil était tout le contraire. Elle était brave, forte, redoutable.

C'était après la mort d'un de ses amis proches, d'un être cher, qu'elle était devenue comme ça, qu'elle avait changé. Après tout, un événement comme celui là ne pouvait pas la laisser de marbre. Et, après cet incident, une partie de la personne qu'elle avait été avant avait disparu avec lui.

Sa famille croyait qu'elle avait choisit ces nouvelles passions, ces nouvelles manières, qu'elle n'était plus pareille pour combler le vide qui transperçait son âme depuis l'accident, depuis le décès. Et, d'une certaine façon, ils n'avaient pas tord.

Elle se mordait les lèvres jusqu'au sang, jusqu'à que le liquide rouge pourpre ne coule et que sa bouche ne se remplisse d'un goût de fer, d'amertume. Elle écoutait en boucle des mélodies qui criaient, qui pleuraient, pour se débarrasser de ses pensées malsaines. Elle montait sur des manèges un peu trop hauts, un peu trop dangereux pour ressentir le vent caresser sa peau. Elle s'était teint ses longs et soyeux cheveux en de nuance vermeil pour attirer l'attention, pour provoquer les gens. Elle se baladait dans des endroits sombres, suspects, louches pour sentir son coeur trembler.

Idil allait jusqu'à l'extrême, elle était l'extrême.

Elle recherchait juste des émotions plus fortes que la tristesse, la douleur, le choc, le trauma qu'elle avait ressenti lorsqu'on lui avait annoncé que son ami, avait été écrasé par un véhicule. Elle désirait se débarrasser des cauchemars, de ses attaques de panique, de ses troubles.

Elle voulait juste se sentir vivante.

Alors, elle était devenue, cet éclatant et splendide hibiscus.

Cet incident, l'avait rendue dangereuse, monstrueuse, dominante. Il lui avait permis d'éclore.

Elle était une fille vive, puissante, vibrante.

Idil était d'une couleur sans pareille, elle faisait mal aux yeux, elle aveuglait. Elle était d'un rouge pétant, perturbant. Elle chantait, elle hurlait, elle aboyait. Elle dansait, bougeait jusqu'à ne plus tenir debout. Elle s'infiltrait, cherchait les risques, jusqu'à avoir le souffle coupé.

À sa manière, elle était un joyaux, un rubis, une espèce rare. Elle peut-être un peu plus courageuse que la normale, plus entreprenante, plus honnête, et c'était ce qui la rendait fabuleuse. Et une fois qu'elle avait fleuri, sa couleur perçante, sa personnalité, son âme restait et resterait pour un long moment, audacieuse.

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