Un monde en fleur

Bouton d'or

Il y avait des gens qui adoraient collectionner des objets jusqu'à que leurs habitats y soient submergés, couverts, encombrés.

Bernie était matérialiste.

C'était le genre de personnes qui accumulait les objets jusqu'à n'en plus finir, jusqu'à que sa chambre soit débordée d'affaires, jusqu'à qu'il ne sache plus où les ranger.

Bien qu'au yeux d'autres personnes, ce n'était que des objets, des outils inutiles. Il les choisissait méticuleusement.

Chaque appareil, accessoire, photo, meuble, carte, bougie, lampe, sac, tout avait une valeur inestimable à ses yeux. Ils avaient tous une histoire, un long chemin parcouru. Ils avaient tous quelque chose de différent, de particulier.

Il trouvait que les objets vivaient, eux aussi.

Il s'entourait d'eux pour combler son esprit vide, pour se sentir à la maison. En collectionnant toutes ces affaires, ça lui ramenait un nuage de comfort, de familiarité. Il s'entourait d'eux pour se donner un caractère, pour le décrire, pour raconter sa propre trajectoire, sa propre vie.

Bernie disait qu'il était radieux.

Grâce au reflet des miroirs, des pierres précieuses, des glaces transparentes, il criait qu'il brillait, qu'il produisait des arc-en-ciels de ses mains pales. Il était un garçon étincelant, et dès qu'on le regardait, on pouvait difficilement le quitter des yeux. Son jaune vivant éblouissait à travers les champs des personnes assemblées autour de sa fine silhouette.

Il chantait qu'il avait un esprit sauvage.

Ses objets avaient quelque chose de provocateur, d'exotique, de différent. Des dessins d'animaux chassant, des teintes pourpres, des danses de forces, des formes imposantes, des coins tranchants. Comme la fleur poussant partout au milieu des grands prés, au bord des chemins de randonnée; il montrait qu'il n'avait pas peur d'exhiber son côté audacieux.

Mais, le jeune homme affirmait qu'il était aussi charmant.

Il attirait la foule grâce à ses sacs, ses vêtements, ses bougies, ses paroles. Le monde était curieux, et en le connaissant, il satisfaisait une partie de cette curiosité. Il était une personne intéressante, remplie de ressources, d'aventures, de personnalité.

Bernie était comme un bouton d'or, remplissant les prairies de couleurs vives, permettant à l'univers de s'arrêter et de l'admirer. De sentir son délicieux parfum, de regarder sa gracieuse forme, d'enchanter les passants, de les séduire et de s'exprimer devant leurs têtes ébahies.

Bernie était matérialiste pour pouvoir représenter qui il était, pour symboliser sa vivacité. Grace à ses objets, il réussissait à externaliser sa beauté, sa richesse, sa poésie, sa fleur intérieure.