Esprits contraires

Chapitre 21

Il devait sûrement en avoir marre de moi.
Il devait sûrement me trouver pathétique.
Il devait sûrement...

Une chaleur se propageait tout le long de mon corps.
Le garçon face à moi m'avait prise dans ses bras dans une vaine tentative de me consoler. Mais rien n'y fit et les sanglots continuèrent de secouer chaque muscle de mon corps.

Ce n'est probablement que de la pitié.
Oui, il était probablement en train de confondre ses sentiments.
De la pitié seulement.

Cette même chaleur se concentra cette fois sur mes lèvres.
Mes yeux s'écarquillèrent et effectivement Haruka-san n'était qu'à quelques millimètres de moi. Je sentais son doux souffle chaud sur mon visage. Je m'étais instantanément calmée sous l'effet du choc, le rouge me montant aux joues. Mais je finis tout de même par réagir en essayant de lui rendre son baiser.

Il me serra un peu plus fort une dernière fois avant de se détacher de moi et de fixer mes yeux. Au bout d'un moment, il détourna le regard.

-" Arrête de me regarder comme ça..." murmura-t-il.

Dommage pour lui que je l'entendis.

-" Comment ? Comme ça ?" dis-je en le fixant droit dans les yeux.

Il détourna de nouveau le regard. Ce petit jeu dura un bon moment avant que je n'éclate de rire et que je le prenne dans mes bras pour m'excuser.

Lui-même en profita pour me chuchoter quelques mots d'excuse tout près de mon oreille. Je rougis au contact de son souffle chaud sur ma peau. Encore une fois.

On se ressaisit et on fait comme si de rien n'était. Rien. Ne. S'est. Passé. Non, on n'aura pas quatre enfants.

Je respirai un bon coup, me raclai la gorge et remis la robe à sa place. J'en oubliais presque ma quête principale. Je continuais donc à fouiller le restant des boîtes et à ma surprise, mon yukata apparut bientôt face à mes yeux.

Je le sortis donc et le montrai, un large sourire aux lèvres, au garçon juste derrière moi. J'eus quand même droit à un pouce levé, malgré l'expression stoïque de Haruka-san.

Mission accomplie. J'allais donc déposer le bout de tissu dans la pièce centrale, Haruka-san toujours à mes côtés. Ma mère sait très bien s'y prendre pour préserver toutes sortes d'objets : mon yukata était im-pec-cable. Je n'avais donc pas besoin de le repasser ou quoi que ce soit. Je restais pensive tout en fixant mon yukata qui reposait désormais sur une chaise.

-" Envie de l'essayer ?" Entendis-je tout près de moi.

Je sursautai sur le coup.

Franchement, s'il continue de faire ça je vais probablement finir avec une crise cardiaque. 

Je me retournai vers le jeune garçon et le regardai droit dans les yeux.

C'est bon. J'ai compris.

Il veut me voir porter le dit yukata. Pas moi, non. Mais lui.

Je soupirai et m'emparai du bout de soie. Avant que je ne quitte la pièce, je me retournai une dernière fois en direction de Haruka-san.

Dans un dernier espoir de le supplier.

À ma grande surprise, un petit sourire se dessinait déjà sur ses lèvres. Les lèvres qui venaient tout juste de..

Je continuais donc mon chemin vers la salle de bain, les joues empourprées.

Quelques minutes plus tard, des cris se firent entendre. Oui bon, la source n'était autre que moi.
Je sortis de la salle de bain en furie, un long bout de tissu entre les mains qui retrouva très bientôt le plancher.